Ce petit cirque commence à vraiment me taper sur le système. Alice qui écrit des messages à mon père… Un comportement d’adolescente et ça m’insupporte de voir papa la dorloter comme une princesse alors que nous n’avons même pas eux un droit à ce type de geste tendre de sa part. La situation globale me faire perdre pied et je refuse de voir souffrir une nouvelle dois Laura par leur idiotie. Mais avec du temps et un peu de mal les mots de mon père finissent par tomber… Mes yeux se perdent dans le vide… Alice est une androïde… toutes ces années… Je n’ai rien vu, je n’ai rien compris. Je suis… il n’y a pas de mot. Je viens d’apprendre que ma meilleure amie d’enfance est… un androïde, qu’elle est morte depuis des années. C’est… un choc. En plus de savoir qu’elle était altérée… il risquait la prison pour ça. Comment ? Comment a-t-il pu nous mettre autant en danger, notre famille, la société.

Je ne sais pas quoi penser, pas quoi dire. Je suis en colère c’est certain, mais je garde tout en dedans. Laissant extérioriser Laura, elle en a besoin. Elle déballe tout, et finalement je n’ai pas plus à ajouter que ce qu’elle dit, je n’aurais pas dit mieux. Mais soudain, le bruit de Laura tombant au sol me sort de mes pensées. Je me précipite du lit vers ma moitié, l’entourant de mes bras protecteurs, elle est en sanglot. Et il n’y a rien de pire pour me faire mettre hors de moi, de la voir anéantie, comme ça ! « …chuuut Laura, calme toi… » murmurais-je, près de son oreille tout en caressant ses cheveux.

Il faut que j’essaye de rester calme le plus longtemps possible, zen, parce que si j’explose maintenant ça va faire de gros dégâts. « J’ai rien de plus à dire papa… Comme d’habitude tu fais les choses de travers » Je ne dis rien spécialement à Alice, si elle me connait un minimum, elle connait mon amour pour les androïdes et sait que je ne lui ferai jamais de mal, et que je ne lui en voudrais jamais d’être ce qu’elle est. On n’a jamais le choix de ce que l’on est et encore moins dans son cas.  Mais je ne peux m’empêcher de me demander si elle est vraiment avec mon père par amour où si une petite ligne de code lui souffle l’idée. Le souci désormais c’est que tout me dégoute… les mensonges de mon père, quand on pense qu’il n’y en a plus, il y en a encore. De savoir que finalement il a quitté notre mère pour une enfant androide, que depuis toutes ces années il nous a caché la vérité sur Alice…qu’il imagine, juste qu’il pense que Laura et moi puissions faire du mal à Alice. Je me rends compte que mon père ne nous connait vraiment, mais vraiment pas ! « A y être tu as d’autre secret à nous révéler ? À nous briser, envoie tout d’un coup comme ça on y revient plus. » Mon regard est noir, est c’est assez rare. Soutenant toujours Laura, je fais de mon mieux pour la calmer, parce que s’est la goute d’eau qui a fait déborder le vase. Est-ce que j’ai envie de lui pardonner… je ne sais pas. Lui trouver des excuses ? Pour une fois je n’en ai pas sous la main, mais peut-être que maman en aura toujours une petite louche à nous donner à boire. Quand il m’a parlé des altérés, je voyais une façon magique de réinventer la vie, la vie tous ensemble. Des projets, de pouvoir faire quelque chose… mais je n’imaginais pas de les utiliser comme ça… comme Alice. En pantin pour combler des chagrins ou s’en servir comme petite-amie.

La situation est incontrôlable. Je me sens totalement perdu, tout un tas de sentiment se mélange et je ne sais plus quoi dire, quoi faire et je pense que ça se vois sur mon visage. Je garde, j’emmagasine le plus possible mais a quand la fuite de gaz ? C’est comme si on m’envoyait des… je ne sais quoi en plein visage de toute part sans que je puisse les éviter, ni à gauche, ni devant, encore moins à droite et ne parlons pas de derrière la tête… wow ! Comment ? Mais comment cette journée a pu finir dans un tel état sans que je ne puisse le prévoir ou le voir venir. Après avoir lu le message d’Alice griffonné sur un bout de papier je me sens affreusement mal. Tout comme Laura j’ai porté ma colère sur papa. Il faut dire qu’on a été habitué ainsi. À chaque fois que quelque chose explose dans notre famille ça vient de papa… Et pas de chance pour lui, c’est lui qui nous apprend la vérité. Mais je me sens mal, vraiment… j’ai une boule dans l’estomac et j’ai la nausée car j’ai honte de mon comportement. Mes yeux rougissent et tant bien que mal j’essaye de retenir des larmes… Je ne voulais pas qu’Alice pense ça…

Il faut dire que les mots de papa sont … profond. Quand il parle je le regarde et je sens dans son regard qu’il est mal et quand même temps il est sincère. Ouvertement il admet ses erreurs, son comportement avec nous ses propres enfants, tout ce qu’il a raté en tant que perd mais que pour une fois… Alice lui apporte quelque chose et l’aide à avancer, à être meilleure. C’est gentil mais vis-à-vis de maman, c’est un peu chaud pour moi de l’accepter à bras ouvert. C’est délicat comme situation, oui je suis heureuse que mes parents soient heureux chacun de leur côté mais c’est toujours difficile à entendre quand quelqu’un à mieux faire que sa propre mère. Mes yeux se baissent, sur le sol, mes pieds et de tant en tant Laura… Cherchant une réponse, un peu de lumière dans ses ténèbres. Et visiblement ma moitié était dans le même état d’esprit que moi… comme un miroir, elle et moi. On se lève ensemble, main dans la main. Elle ne veut plus se battre, elle ne veut plus souffrir pour rien, pour papa. Est-ce que ça vaut le coup finalement ? Autant vivre, c’est la preuve que l’on devient des adultes. Notre famille est bancale est elle le sera toujours… À nous d’être plus fort que les problèmes.

Je laisse Laura aller vers Alice, je reste planté au sol. Cherchant mes mots, cherchant comment exprimer la honte que j’ai d’avoir été si égoïste face à mon amie. Car clairement ce n’est pas moi et ce n’est pas l’imagine que j’aime avoir de moi. « il n’y a pas de mot pour te dire à quel point je suis sincèrement désolé, Alice. Du comportement que j’ai eu… Tu es une personne superbe et je suis ravis que tu fasses parties de ma vie. » Je ne la rejette pas, bien au contraire. Plus je l’observe, plus je n’arrive pas à réaliser qu’elle est un androïde, la ressemblance est parfaite… Un travail de génie et je n’en attendais pas moins de papa. C’est la première fois que je vois enfin un altéré et c’est un spectacle qui me laisse sans voix. Je m’approche d’Alice, elle connait mon affection pour les androïdes mais aussi pour elle. Je la prends doucement dans mes bras, et lui murmure à l’oreille. « Qu’importe ce que tu es, le plus important c’est qui tu es, et on sera toujours là pour toi et te protéger. » Oui, quoi qu’il arrive.

Que dire désormais à mon paternel ? Lui qui ma si souvent déçus, oublier, rendu invisible et j’en passe… Pour une fois il m’a appris quelque chose qui ne relève pas du domaine de l’ingénierie. Alors oui, ça fait un p’tit choc à l’égo mais ça fait aussi du bien de savoir que de nouvelle base peuvent encore se créer entre les gens que l’on aime malgré les difficultés. Je viens me placer près de papa, en face de Laura pour embrasser son autre joue tendrement, essuyant au passage mes quelques petites larmes qui sont venus s’échouer sur ma joue. « Tu seras toujours aussi surprenant… papa. » J’ouvre un de mes bras pour faire une place à Alice, elle aussi à droit à un câlin de groupe. Elle fait partie de la famille, quoi qu’il arrive. « J’aime bien les Happy End comme dans les vieilles Sitcom… » murmurais-je doucement. « On essaye… de repartir sur de bonne base ? » Ca ne sera qu’une énième fois avec papa mais… ça vaux toujours le coup d’essayer.