« Je t'ai dit de dégager, androïde de merde ! »

L'androïde en question, qui n'était qu'autre que Kara, se fit bousculer violemment en arrière. N'étant nullement préparé à une chute éventuelle, elle ne pue empêcher son corps de basculer en arrière et donc finir par rencontrer un cadi qui accentua sa chute. Résultat, Kara se retrouva allongé par terre, recouvert de farine, de jus de tomate et ainsi que quelques boites de conserves. Quelques personnes s'étaient arrêté pour observer la scène, la jugeant de loin par de faibles murmures, avant de continuer leur chemin comme ci de rien n'était. L'homme qui l'avait justement bousculé eut un petit rieur moquer, avant de continuer sa route. Enfin, juste avant son départ, il leva son regard vers l'homme avait qui appartenait le cadi, à présent renversé.

« Fais gaffe, la prochaine fois, blanc-bec ! »

Kara mis quelques secondes avant de réagir. Son programme du analyser la scène, comprendre ce qu'il venait de se passer, vérifier si son corps n'avait pas été endommagé par la chute, avant de commencer à justement bouger. La scène n'était vraiment pas belle à voir. Un paquet de farine avait explosé. Des tomates c'étaient écrabouillés sur le sol, venant juter un peu partout. Et les quelques affaires, qui c'étaient trouvés dans le cadi, sur lequel elle était tombée, se trouvait à présent un peu partout sur le sol, créant un véritable champ de mine de boite de conserve. Pourtant, est-ce quelqu'un allait bouger le petit doigt pour aider l'androïde ? Bien sûr que non. Elle n'est qu'une machine.

Elle se redresse donc d'elle-même, n'ayant pas froncé les sourcils un seul instant. Non, elle avait gardé une expression neutre du début à la fin. Son expression ne se transforma même pas quand elle posa ses yeux sur l'homme à qui appartenait le cadi renversé. Elle se contenta simplement d'un :

« Veuillez m'excuser, monsieur. Je n'aurais dû me mettre en travers de votre chemin. »

Tout en parlant, elle se pencha pour prendre le cadi et le relever sans mal. En se redressant, son programme lui indiqua quelque chose sur l'homme qui était presque face à elle. Son regard. Son regard était étrange. Il ne la regardait pas dans les yeux, mais il ne regardait pas dans le vide non plus. Il ne regardait pas non plus quelque chose de précis des yeux, et ne cherchait pas non plus du regard. Son programme réfléchi quelques secondes très bref, avant de conclure une chose. L'homme ne voyait pas.

Kara fit quelques pas vers l'homme, pris ses mains et les posa sur le cadi.

« Durant ma chute, j'ai fait tomber beaucoup de vos produits. Veuillez m'excuser. Je vais ramasser cela. » Dit-elle avant de s'exécuter sans ajouter quoi ce soit.

Kara se baissa rapidement pour récupérer les premiers articles tombés au sol, en même que le cadi de l'homme. C'était son travail t'aider et de servir les êtres humains. C'était donc naturellement qu'elle s'occupait d'aider cet homme, même si il n'était pas son propriétaire et même si il ne lui avait pas donné d'ordre. Après tout, tout cela était de sa faute. Le cadi renversé, les courses tombés. Il était donc de son rôle de s'occuper tout ça. Cependant, l'homme arrêta l'androïde en posant ses bras sur cette dernière. Enfin, ce n'était pas vraiment de lui-même, car l'homme ne voyait rien et c'était donc son androïde personnel qui l'avait aidé à faire cela.

Kara posa son regard sur l'être humain, essayant d'évaluer les sentiments qui laissaient paraître sur son visage. Il semblait inquiet, à première vue et après quelques réflexions de ses programmes. Il lui avait demandé si elle était blessée. Blessé ? Il avait dû se tromper de mot. Il avait sans doute voulu dire cassé ou encore abimé. Mais bon, on ne pouvait pas lui en vouloir. L'homme ne voyait pas après tout, mais peut-être que son androïde personnel aurait pu lui en faire part.

« Après analyse de mon système, rien n'a été endommagé pendant ma chute. » Dit-elle calmement.

Kara ne bougea d'un centimètre quand l'homme posa ses mains sur son visage. Son expression resta tout à fait neutre, alors qu'il l'inspectait du bout des doigts. L'homme disait vouloir l'aider. L'aider ? Cela est presque ironique. Un humain qui aide un androïde. On dirait le monde à l'envers. Si Kara était dotée d'humour, elle aurait surement rigolé, mais comme ce n'était pas le cas, elle prit simplement la main de l'homme. Elle tenait son poignet. Son regard se posa sur cette main qu'elle tenait. Elle l'avait sali, sans le vouloir. Sans réfléchir plus longtemps, elle vient essuyer les doigts de l'homme avec les pans de son tee-shirt.

« Je n'ai pas besoin d'aide, monsieur. Je suis une androïde, c'est mon rôle de vous aider et non l'inverse. »

Doucement, une fois la main de l'homme nettoyé, même si cela l'avait encore plus sali, elle la garda en main. L'homme ne voyait pas du tout et son programme ne l'avait pas préparé à ce genre d'éventualité. Après réflexion de son programme, elle avait conclu qu'elle ne pouvait pas le lâcher sans sa permission.

« Voulez-vous que je repositionne vos mains sur le cadi, avant de continuer à ramasser vos courses ? »

Agresser ? Cela signifie commettre une agression contre quelqu'un. Quelqu'un ? Quelqu'un veut dire personne, et Kara n'est pas une personne. Kara est une androïde. Donc est ce que le mot agresser était le bon mot employé pour parler de ce qu'il venait de se passer ? On pourrait surement en débattre pendant des heures, mais l'androïde n'avait pas vraiment le temps pour cela. En réalité, elle pourrait, mais son propriétaire ne lui permettrait pas. Monsieur Lewis soupirerait profondément si il voyait son androïde donner son avis sur quoi ce soit devant qui se soit, avant de lui rappeler sa place, comme il se doit, en la fracassant sur le sol avec une batte de baseball. D'ailleurs... Est-ce que ce que faisait Lewis pouvait être jugé d'agression ?

« Vous n'avez pas à vous en faire. Je suis habitué à tout cela. Et puis, je suis une androïde. Je ne ressent pas d'émotion, contrairement à vous. » Dit-elle calmement.

Kara proposa à l'humain de l'aider pour qu'il retrouve son caddie. Bien entendu, elle aurait pu laisser son propre androïde le faire, mais son programme lui ordonnait de servir cet humain, qui semblait avoir besoin d'aide plus que n'importe quel autre humain présent dans ce magasin. L'humain en question accepta son aide, demandant, toute fois, son nom. Quel drôle d'interrogation. Kara n'était pas habituée à cela. D'habitude, on l'appelait naturellement machine ou truc, mais jamais on lui avait demandé son nom.

« Mon prénom ? » Répéta-t-elle avec une légère pointe de surprise. « Kara. Kara EC0401, à votre service, monsieur. »

Tout en parlant, elle guida lentement l'humain jusqu'à son caddie, posant délicatement les mains qu'elle tenait sur le chariot. À peine, avait-elle accompli cette tâche, que l'humain lui demanda, à présent, si elle était seule. Bien entendu que c'était le cas. Personne ne pourrait imaginer Monsieur Lewis faire ses courses comme n'importe qui d'autre. Monsieur Lewis n'était pas n'importe qui, après tout. C'est pour cela qu'il avait acheté Kara, pour qu'elle s'occupe de toutes ses tâches dites ingrates.

« Je suis seule et je fais les courses pour Monsieur Lewis. J'ai un temps précis donné pour faire les courses. Je ne peux pas trop me permettre de dépasser ce temps, car Monsieur Lewis serait très en colère, mais je peux continuer à vous aider, si vous le souhaitez. Je sais que vous avez votre propre androïde, mais peut être que je puisse quand même vous donner un coup de main. »

Alexander ? Voilà donc le nom que l'homme portait. Cependant, il n'avait pas donné son nom de famille, et Kara était habituée à appeler tout humain par son nom de famille accompagné d'un monsieur ou d'une madame. De plus, Alexander, venait d'ajouter qu'il aimerait être tutoyé. Cette information entra bien dans le programme de l'androïde, mais fut automatiquement arrêté. Son propriétaire lui avait ordonné de ne jamais tutoyer un humain. Et cet ordre ne pouvait être contraint que le propriétaire lui-même, soit Monsieur Lewis. Vous n'imaginez pas la tête qu'il ferait si il tombait sur Alexander en train de tenir de tel propos à Kara. Il serait surement énervé et l'insulterait de tous les noms d'oiseau possibles.

« Je ne peux vous tutoyer, monsieur. Monsieur Lewis dit qu'il est incorrect pour un androïde de tutoyer ainsi un être humain. Nous sommes vos androïdes et non vos égaux. Nous devons donc rester à notre place, en vous vouvoyant et en vous appelant par vos noms de famille, par exemple. Je suis, donc, navré de pouvoir répondre à votre demande. »

Bien que le temps lui était compté, et qu'elle avait encore beaucoup de produit à aller chercher dans le magasin, Kara se devait de proposer son aide à cet être humain aveugle, qui semblait en avoir grandement besoin. Elle n'aurait qu'à courir plus vite dans les allées pour finir ses propres courses, pour Monsieur Lewis, le plus rapidement possible. De plus, elle avait la chance, si on pouvait dire cela, elle connaissait les allées et l'emplacement de chaque produit dont elle devait acheter, par cœur. Cependant, Alexander refusa son aide, lui rappelant la présence de son propre androïde.

Il lui demande, ensuite, si Monsieur Lewis était violent. Certains diraient oui, sans hésiter, en le connaissant, d'autre, par contre, répondrait simplement que Monsieur Lewis avait souvent besoin d'extérioriser le fait que son travail lui demandait beaucoup de temps et d'attention. Alors oui, de par ce fait, Kara avait été très souvent envoyée en réparation de par ces coups qui lui infligeait. Mais cela, elle avait l'habitude.

« Vous n'avez pas à vous inquiéter. Monsieur Lewis est quelqu'un qui a souvent besoin de se défouler, après une longue journée de travail. Cependant, il prend toujours soin de m'envoyer en réparation dès que je suis trop abimé et que je ne puisse plus l'aider correctement dans la tâche qui m'ai donnée. J'ai l'habitude, donc vous n'avez à vous en faire. »

Kara resta silencieusement devant la scène qui se déroulait sous ses yeux. Elle ne dit pas un mot, alors que cet homme, cet humain, semblait paniquer puis s'énerver. Tandis que son androïde tenta de le rassurer et le calmer. Tout ce que ce dernier disait était totalement vrai. Rien ne pouvait empêcher un propriétaire de frapper son androïde. Tout comme rien n'empêche un conducteur de casser sa voiture, sauf si il cherche à faire marcher son assurance, là, il s'agit d'un délit. Enfin, Kara aurait très bien pu partir durant tout cet échange, afin de faire enfin les courses que son propre propriétaire lui avait demandé, mais cela était totalement impoli de partir sans dire au-revoir ou sans s'assurer, au préalable, que l'humain, qui n'était pourtant pas son propriétaire, n'est plus besoin d'elle.

Pardon. L'humain venait de s'excuser auprès de sa machine ? Cela était bien étrange et vraiment pas habituel à voir. Surtout pour quelqu'un comme Kara. Cette dernière, cligna pendant une fraction de secondes les yeux. Sa tête se pencha légèrement sur le côté. Et... Rien. Ce moment ne dura vraiment que quelques dizaines de secondes. Il était presque impossible que quelqu'un est remarqué quoi ce soit. À part, peut être, Jayden, mais ce dernier était beaucoup préoccupé par le comportement actuel de son propriétaire.

Cela aurait pu en rester là, tout simplement, mais voilà que l'humain voulait que Kara vienne avec lui. Abandonner monsieur Lewis ? Voilà, une chose qui était totalement impossible. Son programme l'empêcherait totalement. De plus, comme le disait l'androïde, cela était du vol.

« Jayden a raison. J'appartiens à Monsieur Lewis. Je dois et je le servirais jusqu'à ce qu'il ne veuille plus de moi. »

Après quelques minutes de silences, l'humain ordonna, sans vraiment le vouloir, à Kara, de faire ses courses et de rentrer au plus vite chez elle. L'ordre monta directement au programme de Kara et même si il venait pas directement de son propriétaire, elle accepta de l'exécuter.

« Bien, Monsieur. J'y vais de ce pas. »

Sans dire un mot de plus, l'androïde fit demi-tour sur elle-même et alla continuer ses courses. Elle effectua, plus rapidement que d'habitude, cette tâche avant de rentrer chez son propriétaire. Est-ce que cela l'empêcha de se faire taper dessus ? Pas du tout. Monsieur Lewis s'en prit à elle dès qu'elle passa le seuil de la maison. Il faut croire que se faire refuser les bras d'une femme vous donne envie de vous défouler.