J’ai du mal à rester debout. Je me sens fiévreux, j’ai mal comme jamais je n’ai eu auparavant. Et pourtant je supporte bien la douleur.
Au début, ce n’était pas grand-chose.
Je sentais que j’avais un peu mal, mais pas grand-chose de plus.
Puis j’ai eu des problèmes d’urines… puis ça c’est aggravé.
J’ai tenu un moment sans trop rien dire. Parce que je pensais sincèrement que ça allait passer, parce qu’on avait des problèmes plus pressants mais aussi par peur je dois l’avouer.
Enfin peur je ne sais pas, mais je n’ai jamais été à l’aise avec le monde médical et… les dépenses qui vont avec.
Mais au bout d’un moment, je n’ai plus eu le choix et je suis allé passer des examens.
Le verdict est tombé il y a quelques jours. Tumeur métastasée des reins. Ça veut dire que les deux sont touchés. Ça veut dire que les deux doivent être enlevés et donc il me faut une greffe.
J’ai été mis sur la liste d’attente mais honnêtement je ne m’attends à rien. Les médecins nous ont bien dit qu’elle est très longue et que même si un donneur se présente, il faut encore qu’il soit compatible. Alors ils ont parlé de famille mais… je n’ai jamais vraiment connu la mienne et je n’ai jamais eu le désir de la connaitre.
Et surtout pour avoir ce genre d’informations, il faudrait retourner les demander au couvents et… j’en suis incapable. Je ne peux pas y remettre les pieds c’est au-dessus de mes forces.
J’étais prêt à laisser tomber, espérant juste l’arrivée d’un donneur compatible mais…
David l’a fait pour moi.
Il y est retourné et il a récupéré les informations.
Même plus, il a appelé ma mère biologique et lui a demandé son aide.
Je ne savais rien d’elle. Ma grand-mère ne m’a jamais parlé d’elle ou si elle l’a fait, je ne m’en souviens pas parce qu’elle est morte quand j’avais 5 ans.
Je me sentais un peu coupable de déranger cette femme qui n’est plus toute jeune et qui n’a pour une raison ou une autre jamais voulu de moi. Je n’aime pas m’imposer.
Mais David a été coriace n’a rien lâché. Il a fini par avoir le numéro de mon géniteur et même un rendez-vous avec lui.
Je suis toujours mal à l’aise à l’idée de demander de l’aide à cet homme que je ne connais pas, qui ne me connais pas et qui n’a même pas idée que j’existe.
Est-ce que ce n’est pas un peu égoïste d’apparaitre comme ça et de demander de l’aide ?
En plus on ne parle même pas « juste » d’argent ou de conseil, on parle quand même de me donner un morceau de lui…
David reste près de moi et je lui en suis infiniment reconnaissant. Je cherche à prendre sa main.
J’ai l’impression que la douleur me prend toutes mes forces. J’ai été obligé de fermer la librairie ce qui n’arrange pas mon état. Je me sens coupable, coupable d’imposer ça à David, à cet homme a qui je dois la vie…
_ Merci… merci infiniment, je ne sais pas ce que je ferais sans toi.
Je m’approche difficilement un peu plus de lui.
_ Je vais… je vais essayer de me reposer un peu avant qu’il arrive si ça ne te dérange pas.
Je pose ma tête sur son épaule et juste avant de m'endormir, je murmure.
_ Je t'aime.
Avec un peu de chances ça ira un peu mieux à mon réveil et je serais plus disponible pour… rencontrer mon père.

David me réveille 10 minutes avant que Monsieur Coleman n’arrive.
Je me sens un peu mieux.
Petit a petit, je commence à me rendre compte de tout ça. De ce que rencontrer cet homme va bien pouvoir faire, pour moi, pour lui.
Ma… mère semblait dire qu’il n’était au courant de rien… Et David lui a menti en disant qu’il avait besoin de ses services de détective…
Et s’il refusait tout net ? Et s’il ne me croyait pas ? Et s’il demandait de l’argent en échange ? Se ne serait pas étonnant, après tout l’opération est lourde et peux avoir des conséquences…
Je commence à stresser. Plus le moment approche et plus je me sens nerveux.
Lucifer le sens et viens de rouler en boule à côté de moi. Je le caresse doucement en attendant que l'heure arrive.
Enfin, on toque à la porte et David pars ouvrir.
Je me lève difficilement pour accueillir l’invité comme il se doit. Mais ce mouvement me fait un mal de chien.
Je reste tout de même debout, le visage surement plus pâle qu’une feuille blanche.
Je le salue de la tête lorsqu’il entre.
Il est bien habillé, propre sur lui mais on ne se ressemble pas du tout… Comment pourrait-il me croire ? Surtout qu’il semble plutôt incommodé de se retrouver ici. Je commence à vraiment regretter d’avoir laissé David faire. Je n’aurais pas dû le déranger.
Je suis surpris pas le discours de David qui explique tout d’un trait, sans même laisser le temps à Monsieur Coleman de digérer et surtout très brutalement.
_ Je… Je suis vraiment désolé de vous mettre dans une telle situation… Si ça n’avait pas été aussi grave je ne vous aurais pas dérangé… Excusez-moi il faut que je…
Je m’assois, n’y tenant plus. Même mes mains sont pâles et mes doigts tremblent légèrement. Impossible de savoir si c’est ma maladie ou l’anxiété qui fait ça.
_ Lorsque je… je suis tombé malade, on nous a dit que la seule solution était de trouver un membre de la famille compatible. Mais j’ai grandi dans un couvent et la seule personne de ma famille que j’ai connu était ma grand-mère… On a fait des recherches et selon les dire de ma mère, vous êtes mon père. Elle, elle a 86 ans et refuse d'avoir affaire à moi. On peut… faire des tests si vous voulez… après tout nous n’avons nous même que les dires de ma mère comme preuve…
Je ferme les yeux le temps que passe une fulgurance de la douleur, essayant de montrer le moins possible que j’ai mal avant de continuer.
_ Mais je comprendrais que vous ne vouliez pas être mêlé à ça… Il fallait qu’on essaye mais… Rien ne vous y oblige bien sûr. Avec un peu de chance je finirais bien par trouver un donneur compatible.
Je finis avec un faible sourire.

La douleur recommence à venir malgré la sieste qui m’a un peu soulagé.
Je suis infiniment reconnaissant à David d’être à mes côté, de m’aider, de me soutenir, de m’épauler. Je ferais pareil si c’était lui bien évidement mais… c’est la première fois qu’on le fait pour moi…
Monsieur Coleman semble encore hésitant, perturbé pas tout ce qu’il vient d’apprendre et c’est normal.
Je le vois me dévisager. Est-ce qu’il… reconnais des traits chez moi qu’il a pu voir chez ma mère ? Je ne sais même pas à quoi elle ressemble… Je sais que m’a grand-mère a pu me dire que je ressemblais à ma mère quand elle avait mon âge mais… j’avais 5 ans !
L’homme fini par me demander mon âge que je lui révèle sans problèmes.
_ 36 ans, je suis né un 13 aout.
Il ne semble vraiment pas rejeter l’idée que je sois son fils. Alors il se pourrait vraiment qu’il soit mon père ? Que j’existe grâce à lui ?
Je ne doutais pas que David ai vraiment réussi à le trouver mais… je ne me suis tellement jamais intéressé à qui pouvait être ma famille, d’où je pourrais venir que… sa m’effraie un peu soudain.
Monsieur Coleman fini par dire qu’il lui faut du temps et David réplique tout de suite que je n’ai pas de temps.
_ David…
Je souffle doucement en pausant ma main sur la sienne, pour le rassurer et essayer de le détendre. Je sens qu’il est stressé, qu’il a peur peut être, mais je vois bien à la réaction du détective que ça n’arrange rien.
_ Je suis désolé, mon compagnon est seulement stressé je crois…
Je prends doucement sa main et entrelace nos doigts.
_ Je… je comprends que ça peut vous paraitre précipité et si vous voulez réfléchir, ce n’est pas un problème, je ne suis pas encore totalement mourant ! Vous pouvez prendre le temps qu’il vous faudra, poser les questions que vous voulez…
Je souris faiblement pour lui donner confiance. Je n'ai pas non plus des mois devant moi je le sais, je le sens. J'ai tellement mal... Je sais que je suis sur la corde raide, mais je ne veux pas le mettre au pied du mur, se ne serait pas juste.
_ J’ai déjà fait quelques recherches et c’est une opération lourde c’est vrais mais les risques de problèmes sont de moins de 1% et le temps passé à l’hôpital pour le donneur est inférieur à une semaine si tout se passe bien. Après ça nous pourrons reprendre nos vies chacun de notre côté, comme si de rien était, si vous le souhaitez… Vous n'entendrez plus jamais parler de moi.

David…
Il est la seule chose qui me ferait regretter se monde si je le quittais.
Lui et Lucifer peut être, mon pauvre compagnon à quatre pattes qui m’a tant soutenu…
Mais David est tout pour moi. Il me soutiens, il est là pour moi alors que la douleur se fait de plus en plus difficile à supporter.
Il serait prêt à s’endetter pour moi…
Je ne dis rien alors qu’il supplie monsieur Coleman les larmes aux yeux se qui fait monter les miennes. Je les ravale tant bien que mal, je ne veux pas l’inquiéter d’autant plus…
Finalement, monsieur Coleman soupire et dit à David qu’il lui sera redevable.
Je sens tout de suite David réagir et mon cœur est moins lourd tout d’un coup.
Il dit qu’il accepte le test de paternité ?
David semble tellement soulagé que je pourrais presque oublier la douleur, souriant du coin des lèvres en voyant mon amour si heureux de cette seule nouvelle.
Je ne doute pas que le test révèle qu’il est effectivement mon père. Lui-même ne doit pas vraiment en douter.
Il l’a dit. Il a dit le nom de ma mère, Milah Denton.
Un nom que je ne connaissais même pas il y a si peu de temps encore. Il ne peut pas savoir sans l’avoir déjà rencontré… et puis les Milah Denton, ça ne doit pas courir les rues…
Monsieur Coleman fini par dire vouloir le faire tout de suite.
Je hoche la tête, tout à fait sérieux.
_ Bien sûr, ne perdons pas de temps.
Je me lève doucement, me retenant de grimacer, je sens ma peau perdre encore une nuance a cause de la douleur.
J’enfile rapidement mes chaussures et prends mes papiers.
_ Allons y… Vous avez une voiture ou on prend le taxi ? Ou… vous voulez peut-être qu’on y aille séparément ? Nous… nous nous imposons déjà beaucoup, c’est peut être mieux que nous ne soyons pas trop intrusif ?
Je finis en regardant David, comme pour lui poser la question à lui autant qu’à monsieur Coleman.