Ne le tuez pas !

Ne le tuez pas !

Les serpents, et tous les reptiles en générales, sont vraiment fascinant. Ils ont des couleurs tellement belles. Certaines arrivent même à se fondre dans le décor pour mieux dévorer leur proie et se protéger des prédateurs. Venimeux. Constrictor. Chacun à sa façon de tuer et de se nourrir. J'aimerais être un serpent. Je pourrais ainsi planter mes crocs dans la chair de mon père pour l'empoisser. Ou bien l'étrangler grâce à ma force et mon poids. D'un côté, si j'étais un serpent, je n'aurais jamais eu Gregory Theïrin comme père ! Je ne connaitrais pas du tout mon père. Et je serais heureux !

J'étais assis sur un banc, face à un immense vivarium. Mon carnet de dessin se trouvait sur mes genoux, et ma seule et unique main tenait un crayon de bois. J'étais en train de dessiner le Boa qui se trouvait sous yeux, endormis, la moitié du corps dans l'eau, quand j'entendis un groupe de jeunes branleurs taper contre la vitre d'un serpent. Ils essayaient de réveiller le serpent, ou plutôt, ils espéraient énerver l'animal pour le voir en colère. Je soupirais d'agacement en voyant la scène. Je préféra tourner le regard et me concentrer sur le dessin que je faisais. Enfin, c'était jusqu'à entendre ça...

« Oh regardez les mecs ! On peux ouvrir la cage ! »

Quoi ? Je leva soudainement les yeux et les vu ouvrir la cage. Putain, mais c'est qui le con qui a pas fermé le vivarium ? Une femme se met immédiatement à crier en voyant la scène. Un putain de crie digne d'un film d'horreur. Au moins, les couillons vont être contents... le serpent est réveillé et sort sans attendre de son vivarium. En à peine une minute, ça devient le bordel dans le vivarium. Des gens crient. Des gens courts. Des gens cherchent à se protéger du serpent en montant sur les bancs. Bordel... Moi qui voulais dessiner en paix...

« Il faut tuer le serpent avant qu'il morde quelqu'un ! »

Quoi ? Je me lève d'un bond. Il faut que je protège ce serpent. Ils sont en train de croire que c'est une vipère, alors que c'est une couleuvre ! Je cherche rapidement l'animal, le trouvant rampant dans un coin. Je me jeta sur lui, venant le protéger, alors que quelqu'un allait tenter de l'écraser avec sa botte. Je sentis la botte du mec dans mon dos.

« Dégage, connard ! Tu va crever si il te mord ! »

« Putain ! C'est pas une vipère ! C'est une couleuvre ! Elle est inoffensive. » Criais-je tout en sentant le mec tenter de me dégager de l'animal.

Ne le tuez pas !

Putain ce connard n'y va vraiment pas de main morte. Il me donne de bons coups de pied dans le dos et dans les cotes en espérant me faire bouger là, mais il est hors de question que je laisse sa putain de botte toucher une seule écaille de cette couleuvre. Je la sens d'ailleurs, se réfugier limite contre mon bras. Est-ce qu'elle a peur ? Elle doit sentir toutes les vibrations de ses gens qui courent partout et de ses cris. Si seulement j'avais encore ma deuxième main, ou si j'avais pris le temps de mettre ma prothèse, peut être que j'arriverai à protéger cet animal tout en faisant chuter ce connard. Heureusement, les coups de pied cessent tout d'un coup et j'entends la voix d'un mec dire qu'il ferait mieux de dégager de son zoo. De son zoo ? Attends... Y a le propriétaire du zoo là ? Bah, putain, c'est pas trop tôt !

Je sens quelqu'un s'accroupir près de moi et me dire que l'autre connard est parti. Vu la voix, et les remerciements, je présume qu'il s'agisse du propriétaire du zoo. Je tourne la tête vers lui, posant un regard un peu froid dans sa direction, avant de me détendre en le voyant son sourire. Il est grave mignon. Putain, je pense à quoi là ?! Je secoue rapidement là tête, avant de répondre.

« J'allais pas laisser un connard s'en prendre à elle. »

Je me tourna vers l'animal, entendant le mec me demander si je voulais la remettre dans son vivarium. J'avais envie de l'envoyer chier. Ok, j'avais envie de toucher cette couleuvre et de la mettre à l'abri d'autres connards, mais de l'autre... Je suis pas ta boniche !

« Ouai... » Répondais-je froidement.

De ma seule et unique main, j'attrapa délicatement la couleuvre, prenant soin de bien tenir la tête. L'animal enroula sa queue autour de mon bras, comme cherchant à bien s'accrocher à moi au cas où je viendrais à la lâcher. Je me redressa ensuite, grimaçant de douleur. Merde, ce con m'a pas loupé. Je vais avoir de beaux bleus à cause de lui.

Je m'approcha ensuite du vivarium ouvert et plaça délicatement la tête de l'animal vers le fond du vivarium, au niveau de sa petite cachette en pierre. La couleuvre glissa doucement jusqu'à se terrer dans sa grotte, quittant progressivement mon bras. Je ferma ensuite la vitre, prenant soin d'appuyer sur le bouton d'en haut pour la verrouiller. Pas réflexe, j'essaya tout de même de la tirer vers moi pour vérifier qu'elle était bien fermée.

Je me tourna ensuite vers le mec, sans rien dire. Je sais très bien qui il est. Petit ami du chanteur Adam Jefferson qui n'est autre que le meilleur ami de mon connard de paternel. Ils doivent surement être proches tous les deux. Dommage, il est... Il est rien du tout, merde !

« J'espère qu'il t'arrive d'embaucher des mecs compétents de temps en temps. Car c'est pas comme si il restait, environ, trois cents couleuvre agile bleue dans le monde. »

Je leva les yeux au ciel, me disant que ça servait à rien de discuter avec un ami de mon père. Rien que cette pensé me donne envie de vomir. Je m'éloigna de lui et retourna vers le banc où je m'étais assis pour récupérer mon calepin de dessin. J'avais du mal à marcher, grimaçant légèrement de douleur.

Ne le tuez pas !

Hein ? Nan, mais c'est qui ce type ? C'est comme ça qu'il recrute les gens dans son zoo ? Bah, putain, tu m'étonne qu'il embauche que des incompétents. Ca y est le mec te donne le nom d'une couleuvre qu'il connait et hop tu veux l'embaucher direct. Bah putain, si je t'en avais donné deux tu m'aurais limite proposer le job direct avec une promotion en poche ? Et moi qui disais que ce zoo était mieux que celui de mon connard de paternel... Je soupire longuement, avant de me tourner vers lui.

« T'es sérieux là ? Tu me connais pas et tu me propose direct un job comme ça ? Tu recrute tout le monde comme ça ? Bah putain, tu m'étonne qu'il était incompétent. » Disais-je en soupirant de nouveau. « Et pour te répondre, ouai, je m'y connais pas mal. Couleuvre. Vipère. Boa. Je connais également bien tout ce qui est Arachnides. D'ailleurs, votre incompétent, il a donné n'importe quoi à bouffer à votre mygale. Elle va finir par crever à force d'être nourris ainsi. »

Je m'approcha difficilement de la vitre de la mygale, observant cette dernière terrer dans son cocon quelques instants. Je me retourna ensuite, retournant vers le banc pour m'y asseoir. J'avais un peu de mal à marcher et j'avais également un peu mal. J'entendis le mec s'approcher de moi et me proposer de me soigner.

« Je vais bien... » Disais-je difficilement.

En y pensant, j'ai rien pour me soigner à l'appartement et vu mes moyens personnels en ce moment...

« Bon, elle est ou ta trousse de secours ? Dans ton bureau c'est ça ? » Demandais-je en me finissant par me tourner vers le gars. « Je te suis. »

Ne le tuez pas !

Me calmer ? Essaye de me calmer pour voir ! C'est le pire truc à me dire pour me calmer. Ca a tendance à faire carrément l'effet inverse. J'ai bien envie de répondre, pour l'envoyer chier et voir si il peu vraiment réussir à me calmer, comme il dit. Mais bon, il continue à parler et à se vanter de ses supers employés de la mort qui tue. Bref, pour la plus part comme il dit lui même. Putain, ou je suis tombé là ? Bon, au moins, sur un point je l'apprécie. Les animaux sont sa priorité et... Quoi ? Un vrai zoo comparé à celui de mon père ? Alors là... Là, je l'apprécie grave le mec ! Il insulte mon père, j'adore ! En plus, il a tout à fait raison. Son zoo à lui c'est vrai un zoo, avec de vrais animaux.

« Pour les animaux, je jetterais un œil. Ça me tuerait si il tombait malade à cause d'un connard d'incompétent. »

L'autre connard m'a pas loupé tout à l'heure. Je boite et j'ai un peu mal à la jambe droite. Toujours le côté droit... J'accepte l'aide du mec pour qu'il me soigne, car j'ai pas grand-chose à mon studio pour me soigner moi-même. On se dirige vers son bureau. Je le suis comme je peux en boitant et tenant mon carnet de dessin sous le bras.

Arrivé dans son bureau, il cherche sa trousse médicale, avant de me proposer de m'asseoir. Je ne me fis pas prier et m'assis en soupirant. Je regarde l'homme s'agenouiller face à moi pour me soigner. Il me demande ou j'ai mal et également mon nom. Mon nom ? Hummm... Habituellement, je dis pas mon nom de famille, mais... Vu qu'il a traité mon père de connard, sans le savoir, j'ai bien envie de voir comment il va réagir en disant que je suis son fils.

« Je m'appelle Sirius Theïrin. Le fils du... Quoi déjà ? Ah oui le connard qui n'a pas un vrai zoo. »

Je lui lance un grand sourire, comme fier de ma présentation. C'est plus ou moins cas. Je déteste tellement ce connard, mais là ça m'amusait de me présenter ainsi. Mais au fait, c'est pas un ami de mon père ? Je croyais moi, mais... Vu comment il parle de lui. Bref, passons à la jambe.

« J'ai mal là... »

Je montre un endroit sur ma jambe. Bon, on voit rien avec mon pantalon... Ah si on voit une déchirure et un peu de sang. Merde, il a foutu quoi ce con ? Je tente de remonter mon pantalon, mais... Bien sûr c'est le jour ou je porte un pantalon noir qui colle à la peau et donc impossible de remonter par la cheville.

« Ca te dérange si je retire mon pantalon ? »

J'attend qu'il me réponde, avant de déboutonner mon pantalon, me redresser et le baisser pour voir la blessure. On voit pas mal de bleue, surtout au niveau de ma jambe droite, mais également une coupure légèrement profonde au niveau du genou. Y a un peu de sang qui s'échappe de la blessure.

« Il avait quoi comme godasse ce con ? Putain... »

Ne le tuez pas !

Je souris un peu plus quand Marcus me dit qu'il peu pas encadrer mon connard de paternel, même si c'est le meilleur ami de son mec. Je crois que je commence à bien l'aimer ce type. Bon, j'ai envie de lui dire que son mec à des gouts de chiottes pour être ami avec Greg, mais je crois que je vais m'abstenir pour une fois. J'aimerais bien qu'il m'aide à me soigner, avant de me laisser en plan comme un con.

« Moi non plus. » Lui répondais-je simplement en souriant.

Bon, bref, on est pas là pour parler de mon connard de paternel. Je suis pas là pour parler famille, mais pour me faire soigner. Bon, par contre, pas le choix, il faut que je retire mon pantalon. Impossible de le remonter, tellement il me colle à la peau de base. Heureusement, le type s'en fous et perso je m'en fous aussi d'être en caleçon devant lui. Alors je me désape et je vois ma putain de blessure. Je viens insulter l'autre connard pour ce qu'il m'a fait. Je me calme un peu, quand j'entends Marcus s'énerver aussi.

« Si j'avais pu mettre la couleuvre en sureté avant, je lui aurais cassé la gueule bien avant toi. » Disais-je souriant et en disant limite ça avec un air de défis.

Marcus me fit de me rasseoir et c'est ce que je fais. Je le regarde s'occuper de ma blessure, essayant de serrer discrètement les dents pour ne pas montrer que ça fait mal. Je veux pas passer pour une tapette ou je ne sais quoi devant lui. Je ne suis pas comme ça. Bon, au moins, ce qui est cool, c'est qu'il a l'air de savoir ce qu'il fait. Il termine rapidement et... Merde. La position est vraiment. Sa tête est limite face à mon entrejambe. Pile à la bonne hauteur pour... Bordel, je pense à quoi là ? Ok. On respire un bon coup et... On prie pour ne pas bander.

Je soupire discrètement, et profondément, alors que Marcus se redresse... Il fait quoi là ? Je sens mon cœur faire un bond. Il se penche au-dessus de moi, posant ses mains sur les accoudoirs. Ça a quelque chose de vachement sex... Non. Stop ! On se calme. Il... Quoi ?! Il vient de dire quoi ? Je sens mes joues chauffer d'un coup.

« Ouai... Je sais. Et alors ? »

Ok, ma réponse est hyper nul, mais là... Là, je ne sais pas quoi faire. Je sens mon cœur battre à tout rompre. Son visage est hyper proche du mien. Je veux dire c'est limite si nos nez se frôlent pas. Il me regarde avec un putain de sourire. Et sa position... Bordel, je suis quand même pas en train de bander là ? Si ? Merde... Pourvus qu'il ne voit rien...

« Tu me laisse remettre mon pantalon ou tu préfère que je reste ainsi ? » Disais-je en rigolant légèrement, espérant... Je ne sais pas... Le faire bouger ?