A cet instant... J'avais l'impression que l'on venait d'annoncer la date de ma mort. La mort de mon âme, de mon esprit, de mon mental et... de mon corps... Et comme à chaque fois que la mort passe quelque part, les phases du deuil se mettent en place. Le Déni. La colère. Le marchandage. La dépression. Et enfin... l'acceptation. Il faut généralement des jours, voire des mois, avant de traverser toutes ses étapes du deuil. Pour moi, j'avais traversé tout cela en quelques heures seulement, arrivant finalement à l'acception. L'acception de la mort de mon être.

Quand j'étais arrivé à l'acception, mon corps s'était mis à bouger de lui-même. J'avais ouvert la fenêtre de ma chambre et j'avais par-dessus la rembarre, afin d'atterrir dans le jardin. J'avais ensuite marché, ou plus errer, dans la ville. Il pleuvait à torrent et j'étais pied nue. La nuit était depuis bien longtemps et j'ignorais quelle heure il pouvait être à présent. Cependant, je n'avais pas conscience de tout ça. Ni de la pluie, du froid et encore moins de l'heure. Je me rendais même pas compte des larmes qui coulaient silencieusement sur mes joues. Je marchais tout simplement, errant comme un fantôme.  

Je finis par arriver, sans vraiment m'en rendre compte, devant l'appartement de Lou. Ma main se leva et je toqua deux fois à la porte. Lou finit par ouvrir au bout de quelques minutes, faisant lever mon regard livide vers lui.

Je peux rester chez toi, cette nuit ?

Mon corps était vide. J'avais perdu mon âme. Même la main chaude de Lou dans la mienne n'arrivait pas à faire battre, une seule seconde, mon cœur. Pourtant, l'amour que je lui portait n'avait pas faibli depuis l'annonce de cette nouvelle. Je l'aimais d'un amour inconditionnel, bien que j'avais conscience que cet amour était à sens unique. Jamais Lou ne m'aimerait. Il me voyait comme une amie. Et même pire que cela... une petite sœur... Cependant, cela n'était pas cela qui avait brisé mon âme.

J'entendais toutes les questions que me posaient Lou. Je les avaient toutes entendus très explicitement. Je l'avais entendu me demander si je souhaitais qu'il me prête des vêtements. Je l'avais entendu me demander si je souhaitais prendre une douche. Je l'avais également entendu juger mon état, mon corps trempé, qui tremblait de froid. Cependant, aucun mot ne semblait vouloir sortir de ma bouche.

Le déclic sembla se faire quand Lou posa ses mains sur mes épaules. Des larmes se mirent à couler presque naturellement sur mes joues. Des larmes qui semblaient n'avoir attendu que cet instant.

Je vais devoir aller vivre chez mon oncle...