Il y avait beaucoup de personnes pour qui Sam éprouvait du respect. Beaucoup pour qui il éprouvait une confiance aveugle sans même se douter de ce qu’ils étaient vraiment. Sam était le genre de type à envoyer de l’argent à un arnaqueur parce que « ma femme est malade aidez moi », par mail.
Sam s’était, d’ailleurs, fait piraté un compte sur internet, pour ce genre de souci de moralité.

Mais plus que ça, Sam était un enfant. Et que faisait les enfants ? Ils jouaient. S’amusaient. Et se confiaient en racontant toute leur vie.
En fait, Sam n’était plus un enfant. Ca faisait au moins depuis ses 15 ans qu’il n’était plus censé en être un. Mais mentalement parlant, il avait encore besoin d’obtenir quelques couches de maturité.

Au moins, il était perspicace.
C’est cela qui lui permit de se dire, au vu de certains évènements, que sa capacité à gérer des clients était proche de 0. Il avait bien appris un peu, sur le tas, en observant comment on faisait, mais clairement, s’il était à Androïd Technology, c’était pour son talent et son nom de famille.
Pas autre chose.

Seulement, il savait qu’une personne de son entourage, dont il avait longtemps dépendu, qui pourrait probablement l’aider. Connu sous le nom de Gabriel Hoffman, il était un homme surtout proche de son père, mais qui durant un temps, avait été suffisamment proche de Sam pour qu’il le considère comme un oncle.

Quand Gregory l’ignorait, Sam allait voir Laura. Ou Gabriel. Au choix.
Mais de cette façon, même si Sam n’aimait guère le déranger, il se dit que Gabriel était le meilleur choix pour l’aider d’un point de vue commercial.
Il aurait pu déranger son père, mais cette idée ne le ravissait pas encore. Il avait peur de perdre ce qu’il était parvenu à construire avec Gregory.
Donc. Sam avait pris contact avec Gabriel, et avait réussi à obtenir de le voir dans un parc de Manhattan. Tout content, il s’y dirigea. Ce moment là, c’était le soir, bien qu’il ne faisait pas encore tout à fait bien nuit.

Sam avait mis un t-shirt disant « A Great Power comes with Great Responsabilities” puisque c’était relativement ironique avec ce qui allait suivre.
Et plus si affinités niveau ironie…Mais cela appartenait au quatrième mur.
Il savait que Gabriel était quelqu’un d’important, mais savait aussi qu’il avait déjà vu Sam dans des tenues plus étranges que ça. Comme cette fois où Sam sur un coup de tête l’avait vu en étant encore en pyjama, parce qu’il désespérait que son père ne le voit jamais.
Il avait vaguement expliqué à Gabriel la situation, lui demandant juste si c’était bon pour lui qu’il l’aide à avoir des techniques pour mieux se comporter avec les clients.
Finalement, quand il le vit, il s’approcha de lui.

- Bonjour ! Je suis trop content de te voir !!

Toujours enthousiaste, le gamin sautillait toujours sur place, l’air ravi, parce qu’il adorait Gabriel.

Se sentant rassuré rien que par la présence de Gabriel, il était sincèrement content de le voir. Sam s’y était beaucoup attaché avec les années. Il fallait dire que réellement, l’homme avait été un véritable soutien vis-à-vis de l’absence de son père. Remplaçant presque cette ombre qui ne faisait que planer sur lui sans jamais se manifester.
Gabriel le salua et lui demanda s’il allait bien et Sam hocha vivement la tête.

- Oui ! Enfin, euh, sauf sur le point pour lequel je t’ai demandé de te voir mais euh…Oui ! Et toi ?

Cela ne dérangeait pas Sam que Gabriel alla s’asseoir. En fait, Gabriel était grand. Si Gregory faisait la même taille que Sam, Gabriel était très grand. Et s’il y avait bien une chose qui impressionnait Sam, c’était ça. Il se sentait tout minuscule devant lui.

Mais finalement, Sam s’assit aussi. Un peu gêné que Gabriel lui rappelle que de fait, il n’aimait pas trop les androïds. Bien sûr, Sam savait, mais… Il s’était dit que même au-delà de ça, il pourrait l’aider quand même.

- Oh euh…C’est pas tant de vendre des androïds, mais vendre tout court. …Je crois que je suis pas bon pour avoir l’air euh…Commercial ? Genre, ça se voit que… Ouais je sais dessiner et modéliser des androïds mais causer au client, bof ? Mais toi tu sais super bien parler aux gens ! Alors je me disais que tu pouvais m’aider. A parler aux gens pour mieux leur vendre les trucs, mieux les….Appâter ? Même si j’aime pas trop ce terme…

Peter ne voulait pas devenir un commercial véreux capable de vendre tout à n’importe qui. Il voulait juste avoir l’air un peu plus légitime dans le cas où il rencontrait à nouveau un client. Pour avoir l’air moins stupide.

- Enfin euh…Après si tu peux pas, c’est pas grave ! …J’ai en fait pleins de trucs à te raconter ! Y m’est arrivé pleins de trucs !! Qui ont commencé par un truc moins cool mais… J’ai eut un vrai cadeau d’anniversaire de la part de papa !

[Si jamais tu sais pas / a oublié, l’attaque du zoo, la fameuse, a eut lieu le jour de son annif…]

Sam n’était pas sans ignorer, que Gabriel était un grand croyant. Par contre il ignorait à quel point il était un grand croyant. Mais il valait mieux qu’il ne sache jamais, parce qu’il risquait probablement de mal le prendre. En tout cas, il respectait ça chez l’homme face à lui. Sam ne croyait pas spécialement en Dieu, et la seule vraie croyance théologique à laquelle il voulait bien adhérer, était celle de la réincarnation.
Dans tous les cas, il ne remettait pas en cause la foi de Gabriel, et joua un peu avec ses doigts quand il lui précisa que ce qu’il lui demandait restait différent de ce qu’il faisait.

- Oui je sais… Mais euh… Même des bases…

Sam ne voulait pas trop insister. Quoique. Il lui arrivait parfois de faire ces espèces de caprices. Bien sûr, il ne le faisait pas trop avec Gabriel pour qui il éprouvait assez de respect pour en être assez intimidé. Mais tout de même.

- Oh merci !! s’exclama Sam quand Gabriel accepta néanmoins de voir pour l’aider tout de même.

Pour le reste, il enchaîna en parlant que son père lui avait offert un vrai cadeau d’anniversaire. L’homme ne sembla pas être au courant de cette histoire, mais alors que le garçon allait en parler, Gabriel lui rappela pour le cadeau qu’il lui avait fait.
C’était vrai que l’intégrale d’Iron Man en collector avait été démente, et même si Sam avait été un peu triste qu’il ne lui offre pas en mains propre, il avait eu la même réaction qu’à chaque fois que son père ne lui offrait pas son cadeau. Il avait fait avec.

- Oh c’est rien ! Elle était trop cool ! T’as trop bien choisi, merci beaucoup !!

Sam adorait Iron Man. Et s’il préférait Capitaine America, il trouvait quand même que Tony Stark avait énormément de classe, et beaucoup d’humour.
Enfin, quand il s’agissait de Tony Stark. Parce que parfois, les héros avaient le même pseudo mais n’étaient pas les mêmes personnes.

Pour la suite, Gabriel sembla se rappeler du jour de l’anniversaire, et de ce qu’il s’était passé. Sam essayait de ne pas trop y penser, même si pour lui, du moins le lendemain, ça avait été une bonne journée. Mais il était vrai qu’il avait passé une très mauvaise nuit. Il perdit son sourire, et baissa un peu les yeux. Voir ce qu’il s’était passé… Ca n’avait pas été agréable, en effet. D’autant qu’il n’avait pas pu être là. Il n’avait pas été là pour son père. Il avait juste pour regarder de loin.

- Je…..Ce n’était pas agréable non… C’était…J’ai vu mon père quand il…. Je l’ai vu à la télévision… J’étais pas là pour lui non plus….

Il sembla si désemparé et triste, durant un instant.
Mais il se rappela de la suite, et eut un petit sourire, d’abord triste.

- Mais… Cet incident… Ca a permis que papa se rappelle… Se rappelle que j’existais.

Il releva la tête, regardant Gabriel, l’air tout heureux, plein d’espoir, si optimiste.

- Parce que tu sais… Je suis allé le voir à l’hôpital le lendemain. Et il était là. Et il s’est excusé. Et il m’a serré contre lui ! C’est là qu’il m’a offert ça !

Il montra le bracelet à son poignet, avec un sourire si fier, si content d’avoir reçu un véritable cadeau choisi par son père. Le premier, le tout premier.

- Et on a parlé, et on a même dansé ensemble ! C’était trop génial ! J’étais…Tellement heureux. C’était…Vraiment pas cool ce qu’il s’est passé mais… Maintenant je peux enfin être un peu proche de papa.

Sam se rappela pourquoi il était là, et se dépêcha d’ajouter :

- Mais j’ai pas trop osé lui dire pour le manque que j’avais à savoir…Vendre. Je…Voulais pas le décevoir, maintenant que je l’ai retrouvé. Alors euh…Je t’ai demandé à toi… Voilà.

Il était tellement heureux que son père le voyait enfin. Tellement content du temps qu’ils avaient pu passer ensemble. Tellement content de tout ça, que finalement, il espérait que Gabriel en soit aussi heureux. Il voulait partager son enthousiasme. De toute évidence, Sam savait que Gabriel savait que Gregory ne savait quasiment pas, lui, que son fils existait. Mais c’était avant. Maintenant c’était différent !
Sam fit une petite moue. Lui-même avait reconnu que le fait que son père voit enfin son existence, fut à cause d’un fait pareil était…Dommage. Surtout qu’il avait fallu attendre vingt trois ans tout de même pour qu’enfin, il puisse lui parler en ayant l’impression que Gregory le regardait.

- Je sais…Mais…. Au moins…C’est fait…J’imagine ?

Pour le reste, Sam avait expliqué les raisons qui l’avait poussé à solliciter l’aide de Gabriel qui sembla comprendre, et s’exprimer sur ce fait.
Pour les lacunes, Sam était sûr d’en avoir tout pleins. D’abord, même au niveau de la politesse et de sa façon de s’exprimer…

Mais il était content que Gabriel l’aide. Sam ne sut pas quoi faire du silence qui régna si longtemps, et joua avec ses doigts, se sentant assez gêné. Clairement, le cadet des Theïrin n’était pas fait pour les silences. Il voulait les combler, avec pleins de paroles.
Seulement, s’il ne voulait pas embêter celui qui était presque comme un oncle, pour qu’il puisse l’aider…Il fallait se taire.

Sam gigotait pourtant pas mal sur le banc. Même rester assis, parfois, il avait du mal. Se mettre debout pour s’exprimer, agiter les bras, c’était sa spécialité.
Finalement, Gabriel se leva et paru partir acheter…Des hots-dogs. Soit.
Sam le regarda faire en clignant des yeux, trouvant ça plutôt incongru, se demandant si Gabriel voulait combler une faim, ou quelque chose du genre.
Mais il revint assez rapidement, avec la nourriture, et tendit le met à Sam qui ne sut pas quoi en faire.
Il devait le manger ?
Enfin, il le prit, et écouta Gabriel.

Il devait vendre ce hot dog.

Bon.
Ca n’avait rien à voir avec les androïds. Mais ça restait de la vente, n’est ce pas ? Il y avait sûrement un rapport, finalement.
Sam regarda le hot dog un instant. Il était sûr et certain que Gabriel n’était pas le genre de personne à manger ce genre de choses. Il allait donc devoir trouver des arguments imparables.

- Euh… fut son premier mot, ce qui…. N’était pas pour lui rendre service vu que ça montrait son hésitation.

Comment vendre un hot-dog. Telle était la grande question. Même Sam n’aimait pas tant ça. C’était…Du pain, une saucisse, et une sauce bien grasse. Tout le monde pouvait faire un hot dog. Alors pourquoi celui-ci plutôt qu’un autre, d’abord ?
Sam y réfléchit et se lança :

- Vous savez qu’on vit dans un monde où… Bah, en fait, les gens vont surtout chez les grands commerçants ? Ils achètent des hot-dogs surgelés, et déjà tout préconçus. Mais faire marcher les locaux, c’est aussi faire marcher la ville ! Et faire marcher la ville…Ca peut être bien pour vous non ? Vous voulez devenir gouverneur après tout !

Il n’était pas sûr de savoir où aller avec ça, mais c’était un axe qu’il trouvait intéressant. Alors, Sam ne pu s’empêcher de poursuivre :  

- En plus, un hot-dog comme ça, est fait avec ferveur, par un vendeur présent même lorsqu’il pleut ou qu’il neige. Et c’est…Bien meilleur qu’un hot dog surgelé, puisque c’est cuit directement sur place ! Et pas dans un four qui ne saura pas forcément griller comme il faut la saucisse…Et souvent la sauce est moins bonne une fois chauffée en surgelé, alors que là, c’est parfait, c’est mis sur la saucisse au bon moment !

Puis, Sam se fit la réflexion, que si ça donnait une bonne raison pour prendre un hot-dog chez un vendeur ambulant, ça ne donnait pas forcément envie d’en manger un.
Laissant son esprit poursuivre son petit bonhomme de chemin, il continua. Il ne s’agitait pas trop, restait relativement droit, et regardait la personne dans les yeux, c’était déjà au moins ça.

- Et pourquoi voudriez-vous manger ce hot dog malgré tout ? Eh bien, c’est un repas simple, qui se mange rapidement lorsqu’on n’a pas le temps, et qui pourtant est très bon ! Regardez, celui là à même un peu de salade, vous donnant toutes les… euh… Nutritions nécessaires ?

Ok. En fait il n’avait pas tant d’arguments là-dessus.
Mais qu’est ce que vous vouliez dire sur un hot dog ? Il n’y avait pas grand-chose à voir, pas grand-chose à faire. Et s’il avait des bons arguments, Sam savait pertinemment que ça ne suffisait pas, et ça se sentait dans son langage, dans son regard aussi.
Il n’était plus aussi confiant, et semblait réfléchir un peu plus, hésitant s’il devait continuer ou se taire.

[Je trouve que 1h du matin est une heure honorable pour vendre le hot dog comme une nourriture magnifique. ]

Sam savait qu’il n’était pas bon à ça. A l’école, il avait eut vaguement quelques cours pour apprendre à vendre des choses, mais ça ne s’était jamais résulté en de superbes notes. Parce que Sam était trop gentil, parce que Sam était prêt à négocier. Et surtout parce que Sam n’avait pas confiance en lui, donc pas confiance en son travail.
Et de toute évidence, ça avait du se transparaître dans sa présentation.
Gabriel lui expliqua qu’il avait tout de même de bonnes idées, lui expliquant ce qu’était ses idées, et finissant par lui donner d’autres idées, mais surtout des conseils sur comment il devait agir. Sam joua un peu avec ses doigts quand Gabriel parla du fait que le gamin avait hésité beaucoup trop. Ce n’était pas tellement surprenant.

Il hocha la tête pour le coup du miroir. Il pouvait toujours essayer, oui. Et de toute évidence, oui, il ne croyait pas trop en ce qu’il disait. Mais en même temps…C’était un hot dog !
Sam approuva encore de la tête quand Gabriel lui demanda s’il avait compris. Oui, il comprenait. Il devait être plus sûr et donner l’impression qu’il n’y avait pas de choix. Mais il y avait le choix non ? Il y avait toujours le choix.
Et l’idée de ne pas le donner, lui semblait tout de même bizarre même s’il comprenait le principe.

En tout cas, Gabriel poursuivit lui donnant encore des idées, révisant ses arguments, et ce genre de chose.
Pour finalement lui demander de réessayer.
Sam souffla

- Okay…Okay. Hm….

Il se concentra. Observant Gabriel. Il le connaissait bien – enfin pensait le connaître – et savait qu’il n’aimait pas les hot dog, mais pas plus en effet que tout ce qui était de ce genre de nourriture. Mais il savait aussi beaucoup qu’il sortait. Qu’il était debout le dimanche matin tôt pour aller à la messe.
Il souffla. Il devait croire en ce qu’il disait. Ce hot dog représentait son œuvre, et il devait la vendre. Il ne devait pas être juste Sam Theïrin il devait être Sam Theïrin le vendeur de hot dog.
Cette pensée lui donna envie de rire, mais il se reprit et se reprit :

- Imaginez qu’on soit un dimanche matin. Vous sortez de l’église, il est bientôt l’heure de manger, mais vous n’avez pas envie de cuisiner. C’est compréhensible : vous avez faim plus que cuisiner, non ? Vous pourriez aller au restaurant. Mais alors il faudra attendre aussi.

Il ne savait pas dans quoi il s’embarquait, mais dans tous les cas, il se concentrait suffisamment pour avoir l’air sûr de lui.

- Alors qu’un hot dog, c’est facile à faire. Et ça tombe bien, il y en a un dans le parc qui fait le pas entre votre maison et l’église. C’est chaud, et c’est rapide à faire. Pas de steak à cuire, comme un hamburger. Pas de sauce qui partira sur vos mains quand vous le tiendrez, comme un tacos ou un wrap. Et pourtant, vous aurez tout autant de rapport nutrition, puisque ce n’est pas que du pain, de la viande et de la sauce.

Il fixait Gabriel, avec un sourire, qu’il voulait à la fois sympathique, confiant et aussi commercial que possible, mais ça c’était difficile. Et ce, même en se basant sur les gens dans les pubs.

- Et plus encore, vous êtes bientôt gouverneur, faire marcher les vendeurs locaux, c’est comme un devoir, non ? Vous devez le faire, parce que c’est votre future ville. C’est le futur de votre ville. C’est une excellente action, parce que vous êtes connu, un journaliste vous verra, en parlera, ça sera aussi bon pour votre image, que pour celle du vendeur. Et…Dieu aime les gens charitables, non ?

Il eut un petit sourire assez doux, presque gentil, qui était bien moins commercial, mais qu’il n’avait pas pu retenir.

- Et il ne faut pas hésiter, un vendeur de hot dog sera toujours moins cher qu’un fast food ou un restaurant.

Il tendit le hot dog doucement, espérant que ce fut suffisant.