Nouveau message sur notre conversation de groupe.
Fly : NON MEC N’Y VA PAS!
Moi : Tu sais qu’il faut que j’y aille, je peux plus rester avec ces gens. Et avec lui j’ai une chance.
Fly : Sérieux Moth tu peux pas savoir ce qu’il est en vrai! Si ça se trouve c’est un pervers violeur d’enfants ! Si ca se trouve il va t’emprisonner et faire de toi son objet sexuel ou un truc dans le genre ! Viens chez moi mes parents sont pas là !
Moi : Venir chez toi et pour quoi faire ? Tes parents ne voudront jamais que je reste, et ils risquent de me renvoyer chez mes parents, voire de les appeler pour qu’ils viennent me chercher.
Chrys: Tu pourras pas l’empêcher de le faire Fly tu sais bien.
Fly: Ok mais alors Mothy tu te tiens prêt à appeler le 911 !
Je tape le numéro sur le parti téléphone et je fais une capture d’écran que j’envoie sur la conversation. Neri n’a pas répondu mais il doit être occupé.
Je verrouille mon téléphone et le range dans ma poche. Je sais que Fly a peur pour moi mais moi j’ai confiance. Enfin presque. Disons que je stresse. Que je flippe de sa réaction.
J’ai peur qu’il ne me croit pas, malgré les preuves que j’ai embarqués.
Ou qu’il ne veuille pas de moi.
Ou que lui aussi ne prenne pas mon genre au sérieux. Là je crois que ce serait le pire de tout.
Je viens d’arriver devant la maison qu’on m’a indiqué. C’est une maison de riche. Impressionnante. Immense.
Est-ce qu’il vit tout seul là-dedans ?
Il n’y a pas de nom sur la boite aux lettres. Normal. Maintenant qu’il bosse avec Adam Jefferson, il veut peut-être pas que des gens mal intentionnés viennent le voir…
J’ai enfilé un sweat beige préféré et je tiens mon sac sur une épaule. L’autre, j’essaye de ne pas trop la bouger, et surtout de ne pas monter que j’ai mal. Mon frère n’est pas allé de main morte avec moi… enfin comme d’habitude. Pour quelqu’un d’aussi macho qui refuse de me voir autrement que comme une petite fille fragile, il est vraiment bourrin.
Mais j’arrête d’y penser. Je souffle un coup. Et je sonne.
Après quelques minutes, je me fais rembarrer.
Je re-sonne.
Pas de réponse.
Je réessaye.
Toujours rien
J’ai envie de pleurer.
Ca fait des heures que je marche pour rejoindre cette maison. J’ai mal, je suis fatigué. J’ai l’impression que mentalement comme physiquement, je suis au bord du gouffre.
J’ai froid aussi.
Bien évidemment, je n’ai pas pris de manteau. D’abord parce que j’aime pas ça mais aussi parce que ça faisait un moment que je n’étais pas vraiment sorti pour autre chose que courir. J’avais pas calculé qu’il ferait aussi froid.
Mais je ne me laisserais pas faire.
J’inspire un grand coup, puis je commence à hurler le plus fort possible.
_ MARCUS ANDERSON!! JE DOIS PARLER A MARCUS ANDERSON ! JE VOUS EN SUPPLIE, IL FAUT ABSOLUMENT QUE JE LUI PARLE ! MARCUS ANDERSON!! MARCUS! ANDERSON !!!
Je suis prêt à faire ça toute la nuit s’il faut. Je le répéterais jusqu’à ce qu’on vienne m’ouvrir.

J’ai vraiment froid maintenant. Et le crie presque autant de désespoir que de douleur. Je n’arrive pas à penser à autre chose qu’à mon épaule. J’aurais peut-être dû passer à l’hôpital avant mais… non ça aurait été une mauvaise idée. J'suis con, mon frère y est peut-être encore.
Mais enfin, la porte s’ouvre et…
Attend est ce qu’il était a poil ?
La porte se referme rapidement et je suis même plus sur de ce que j’ai vu. Je reste bloqué sans savoir trop quoi faire quand la porte s’ouvre de nouveau.
Oui il était à poil, vu qu’il est maintenant en caleçon.
Ok j'm’étais vraiment pas attendu à ça.
Des sons bizarres résonnent dans la maison. Je veux même pas essayer de savoir ce que c’est.
Est-ce qu’il est pas trop tard pour partir en courant ?
Je sais pas mais une chose est sûre.
Il est là. Marcus. J’ai tellement entendu mes parents cracher sur lui. Mais je l’admire. Je l’admire d’autant plus qu’il travaille avec mon idole absolu. Il a l’air de se foutre du regard des autres, lui. J’aimerais tellement y arriver aussi bien que lui. Il est là, devant moi. Et même s'il est putin d'a moitié à poil j'm'en fous. J'me sens heureux juste parce que quoi qu'il arrive, j'pourrais dire que j'ai rencontré Marcus Anderson.
Mais le stresse reprend vite le dessus.
Je me rends compte que je suis essoufflé. J’ai dû oublier de respirer puis à force de me concentrer sur mes cris et mon bras j’ai plus vraiment pensé à prendre mon souffle. Mais je n’attends pas de retrouver une respiration normale, je déballe tout directement, parlant vite et toujours sans reprendre ma respiration.
_ J’m’appelle Warren. Warren Anderson. J'suis le fils du frère de ton père. J'suis ton cousin. On s’est jamais vu mais j’ai beaucoup entendu parler de toi.
Je sors fébrilement ma carte d’identité de mon sac à dos.
_ Voilà, j'mens pas, j'suis un Anderson.
Avec, j’ai sorti une vielle photo. Je l’avais sauvé quelque temps plus tôt. Ma mère et mon père avaient fait le tri dans les photos de familles et l’avaient envoyé à la poubelle. On voyait encore les plis qui montraient qu’elle avait été chiffonnée. Dessus se trouvent deux hommes souriant, l’un tenait un bébé.
_ J’ai ca aussi. Il y a mon papa et ton papa. Et toi.
Je lui tends la photo.
Et j'dis quoi après ?
J’avais très bien préparé ma présentation. Mais j’avais visiblement pas assez travaillé ma demande. Merde. Bon, pas le choix, il faut que j'me lance de toute façon.
_ J’ai besoin d’aide. J’ai besoin d’aide parce que je vais crever si je retourne avec eux. Ca jamais été la joie mais maintenant que j’ai a moitié arraché le bras de mon frère il ne me laissera pas m’en tirer vivant. Et même si j'retourne dans cette maison et que mon frère ne tue pas, j'sens que c’est moi qui vais finir par me tuer. J’en peux plus d’eux. J’en peux plus de la vie que j’ai avec eux. J’ai… j’ai besoin d’aide. Ou même, juste un toit. Juste pour quelques nuits. Le temps que je trouve où aller. Je… Je serais aussi sage et aussi utile qu’un androïde ménager ! J’te ferais la cuisine et le ménage, j'peux même dormir dans le garage sur de la paille si il faut !
Je pense à quelque chose, fouille mes poches et sort les 50 dollars en petits billets en vrac que je tends à Marcus.
_ J’peux payer s’il faut ! J’ai gagné tout ca !
Je suis désespéré mais j’arrive à garder un ton relativement calme malgré la rapidité. Sauf peu être à la fin où ma voix part dans les aigues sans que je m’en aperçoive.

Il me dit de garder mon fric. J’ai peur pendant quelques secondes qu’il refuse de m'aider, mais non. Enfin pas vraiment.
J’ai l’impression d’entendre mon cœur qui tambourine sous mes cotes. Et mon bras me fait encore mal putain !
Puis qu’il est parti, je prends le temps de toucher mon épaule et grimasse de douleur. Il doit bien y avoir quelque chose à faire, mais j’ai pas vraiment d’idées.
Je grimace toujours de douleur quand la porte se ré-ouvre. Il y a Marcus et…
Oh
Mon
Dieu.
Je reste bloqué un moment dans la même position. J’ai des sueurs froides qui me parcourent le dos.
Oh
Mon
Dieu.
Il me touche la joue.
Oh
Mon
Dieu.
Est-ce que je rêve ?
Est-ce que Frank a fini par me tuer ?
Je recule de manière imperceptible, mais c’est suffisant pour que je perde l’équilibre.
J’arrive à me rattraper à temps cependant et garde la face en ne tombant pas.
Je dois avoir une tête vraiment étrange. Les yeux écarquillés, la bouche formant un magnifique O.
Je crois que j’ai même plus mal.
ADAM JEFFERSON ?!?
_ Je… heu… jeuuu… Bonjour je… je suis Warren. Je heu… Est-ce que je suis en train de rêver ou un truc comme ça ?
Je me rends compte que je me tiens toujours l’épaule. Je la lâche soudain et me tiens droit. J’essaye de cacher une petite grimace de douleur et je reste figé.
Il faut que je dise un truc.
Il faut que je dise un truc bien.
Un truc drôle, un truc cool.
Oh
Mon
Dieu
JE SUIS SUPPOSÉ FAIRE QUOI MOI ???
Je finis par sourire et répondre avec un petit sourire.
_ Ah ca ? C’est rien ! Si vous aviez vu la gueule de l’autre !
Ca va non ? Ca donne bonne impression ? Un gars sympa, marrant… qui hurle sous les fenêtres à 3h du mat…
Bon il est peut-être pas 3h du mat mais il est suffisamment tard pour que des excuses soient les bienvenus.
_ Heum… Désolé… de vous déranger comme ca.
C’est pas le meilleur moment mais au moins s'est dit !

Je sais pas trop quoi répondre à ADAM JEFFERSON. Je sais pas quoi dire d’intelligent ou de spirituel, de drôle ou bien formulé à son petit reproche. Je peux dire quoi a part « bah c’est que j’ai pas vos numéro moi ! ». De toute façon sur le coup je suis même pas sûr d’avoir toujours l’usage de la parole. Et puis d’abord ça n’invitait pas à la réponse non ? Si ? Il va pas m’en vouloir de pas lui avoir répondu non ? Si ?
Bon de toute façon Marcus propose déjà de rentrer et moi j’en suis très content. Déjà parce que je suis clairement gelé et puis aussi parce que je vais RENTRER DANS LA MAISON DE MARCUS !!!!
Je me baisse rapidement pour prendre mon sac de ma main non blessé et suis tout le monde à l’intérieur.  
Je suis surpris que Marcus commence à me toucher l’épaule. Je comprends pas tout de suite mais fini par me rappeler que je m’étais peut-être trahi en me tenant l’épaule comme un blessé de guerre. Mais quel con je fais parfois !
_ Ca ? Non c’est rien ! J’ai même pas (là j’ai mal) mal ! Ça doit être juste déboité j’crois j’ai pas entendu de crac ou de trucs comme ça.
ADAM FUKING JEFFERSON viens me prendre mon sac et je me sens un peu dérouté. J’ai clairement pas l’habitude qu’on s’occupe comme ça de moi. Surtout des adultes. Mes parents, ça fait longtemps que je suis à peine plus qu’un meuble pour eux. Et mon frère j’en parle même pas, quand il s’occupe de moi c’est jamais bon augure.
Je réagis peut-être un peu violement à la proposition d’ADAM JEFFERSON (je vais jamais m’habituer à ça bordel).
_ NON !
Mais je me reprends tout de suite, un peu honteux.
_ C’est que, mon frère y est surement déjà. J’sais pas à quel hôpital ils ont étés et j’veux pas risquer de tomber sur lui. C’est lui qui m’a fait… (je montre mon visage) . J’en avais marre qu’il me... qu’il me prenne pour c’que j’suis pas. J’me suis défendu mais ce con il est militaire. Il doit avoir un cerveau minuscule lui, mais j’dois pas être loin non plus niveau taille.
Je finis avec un rire un peu gêné. Je veux pas trop raconter ma vie non plus c’est pas pour ça que je suis là. Et pis je veux pas les emmerder avec ça.
Pour faire passer ma gêne, je passe ma main dans mes cheveux pour les recoiffer (ou peut-être les décoiffer plutôt) et je tire sur mon sweat.
Mais quel putain de connard je fais.
J’ai de la chance dans mon malheur, parce que j’ai pas une grosse poitrine. Je sais pas quel calvaire ça doit être niveau dysphorie d’avoir une grosse poitrine quand on est pas né dans le bon corps. Mais là j’ai très bien senti que tirer sur mon sweat l’avait moulé. Un peu mais déjà beaucoup trop pour qu'on puisse pas penser que c'est ce que c'est.
J’me sens vraiment mal mais heureusement j’ai appris cacher ce genre de sentiments désagréable.
Comme si de rien, je place mon bras valide sous l’autre, comme si je croisait les bras mais d’un seul bras.
J’espère juste qu’ils on pas fait gaffe, qu’ils auront pas remarqué.
J’me sens pas encore prêt à le dire. Même si je suis sur au moins pour Adam qu’il est gay et qu’il le revendique et n’en a pas honte. Juste, j’me sens pas prêt.
J’ai pas envie d’être le cousin trans de Marcus.
Je déteste se mot, parce qu’il rappelle à tout le monde que je suis une erreur. Que la nature s’est trompé en me faisant ou que je suis taré de le penser.
J’ai envie d’être juste le cousin de Marcus.