Je ne sais plus où donner de la tête. Ces derniers temps je suis ici et ailleurs à la fois. Courir à droite et à gauche pour aider mes semblables sur différentes tâches et demandes personnelles. J'aurais tellement aimer avoir un peu d'aide avec tout ça. Mais faut croire qu'on m'a laisser se charger de ça tout seul. Malaïka est partie je ne sais plus où, ne se sentant plus bien ici, et Judi n'a pas remis les pieds au refuge depuis plusieurs jours. Pour être honnête j'ai arrêté de compter. Je ne sais plus quand je l'ai vu pour la dernière fois, je l'ai peut-être manqué en sortant mais bizarrement ça m'étonnerai que ce soit le cas.

Dire qu'il y a peu de temps j'avais une confiance absolu. Aujourd'hui, je peine à avoir un semblant de sentiment positif à son égard. Et ça m'énerve. C'est injuste de ma part alors qu'il est simplement heureux. Il a le droit de l'être et je me dois d'être avec lui, même si je dois souffrir de mon côté. Après tout, je suis son ami pas vrai? Puisque je ne pourrais jamais être plus avec lui alors je me dois d'être le meilleur ami qu'il ne pourra jamais avoir. Plus facile à dire qu'a faire mais je veux faire des efforts. Des efforts que je sens s'effriter à mesure de son absence. Franchement, tout ça, ce lieu, cette famille qu'il avait rassembler, c'est son projet. Son rêve. Sans lui, personne d'entre nous ne serions là. On n'aurait jamais été libre sans ses efforts. Alors pourquoi nous lâcher maintenant? Oui il vient, mais de plus en plus rarement, alors qu'il est notre leader. Je ne le comprend de moins en moins.

Pendant que je range les étagères contenant les produits artistiques l'un des androïdes m'accoste.

-Noah?
-Oui?
-Il est en bas.

Tout comme je pensais à lui. Ni une ni deux, je lâche ce que j'étais en train de faire et descend comme un dingue à l'étage. J'ai beau avoir un peu de rancoeur, on fond je suis toujours heureux de le voir. Parce que la vérité est que je ne pourrais arrêter de l'aimer du jour au lendemain. Je n'ai que lui dans mon coeur, depuis le tout premier jour. J'arrive à la grande aire ouverte de l'ancien usine et je le retrouve là, parlant avec les autres. Il semble aller bien. Alors je dois supposer qu'il vit toujours bien avec son humaine. Ignorant le pincement au coeur à cette pensée je m'approche de lui.

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Plus je m'approche de Judi, et plus j'ai l'impression que quelque chose cloche. Il me souriait. Il semblait heureux de me voir. Mais il y a autre chose dans son regard que je n'arrive pas à décrire. Quelque chose qui me disait qu'il n'est pas si heureux que ça. Mais pas contre moi personnellement. Je ne sais pas, c'est difficile à dire clairement. Timidement, il me prend dans ses bras. Ah. Autant son touché m'a manqué et autant que c'est douloureux, sachant comment notre dernière vraie rencontre ne s'est pas si bien passée. Même sa voix me fait le même effet.

-Non ne t'excuse pas. Mais faut vraiment que tu sois plus souvent là. Tu es notre phare, notre chef. Tu ne peux pas partir comme ça. Je...Je ne savais plus quoi faire tout seul...

Je m'éloigne légèrement, gardant mes mains sur lui, un peu par égoïsme je dois l'avouer. Juste un peu plus. Dans tout les cas, je viens bien comprendre qu'il a quelqu'un dans sa vie, même si je ne suis pas d'accord, mais il ne doit pas oublier ses responsabilités. On a tous besoin de lui. D'une manière ou d'une autre. Il nous presque tous amener ici, à avoir une vrai liberté, loin de nos oppresseurs. C'est lui qui nous apprends à être nous-même. Il est celui qu'on écoute, qu'on suivrait peu importe sa décision. Et ces derniers temps pour ce dernier point c'est mort. On ne sait pas où est-ce qu'on va. Et faudrait bien le savoir un jour. On ne peut pas rester dans ce lieu délabrer pour toujours, en cachant qui nous sommes pour toujours. Il faut que le monde sache. Il faut que les humains apprennent notre existence et ce qu'on veut.

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Je ne comprend pas pourquoi il s'éloigne autant de nous tous. Je ne comprend pas comment il peut autant apprécier vivre parmi ''eux'', plus que son propre peuple. Pourquoi il prend cette direction alors que c'est lui qui nous a trouvé cette endroit, lui qui nous a tendu la main. Lui qui voulait tant qu'on ait une vie normal, alors qu'au final il nous laisse là, seuls. Je ne sais plus ce qu'il veut vraiment, et je suis loin d'être le seul. Les autres androïdes se posent de plus en plus de questions, ils ne savent plus quoi penser de Judi. Et je les comprends. J'aimerais les rassurer, leur dire qu'ils n'ont pas à se faire du mouron pour lui, qu'il souhaite toujours notre liberté, notre bien. Mais je ne veux pas leur mentir. Je ne sais même pas quoi en penser moi-même. Je nage dans le doute en ce moment et sa présence ne résous aucun de mes questionnements.

-Ce n'est...pas réaliste. Je comprends que tu veux l'harmonie mais...c'est faux. Le fossé entre nous et eux est énorme. Et sans chef on...on risque de se perdre. Je t'en prie, reste. Ou viens plus souvent au moins. Je ne peux pas...je ne peux prendre ta place, ce n'est pas moi.

Je fronce les sourcils à sa réponse. Je suis de plus en plus perplexe. Ça sonne presque comme un adieu. Presque comme un...un rejet. Non, non je ne veux pas. Je ne veux pas que ça soit ça, je ne veux même pas y penser. Je ne pourrais vivre sans lui à mes côtés. Il ne peut pas nous laisser. Comment se débrouiller tout seul alors qu'on est en danger dehors en permanence, avec ceux qui ne savent même pas qu'on existe? Plusieurs d'entre nous n'osent même plus mettre le nez en dehors du refuge, tellement qu'ils ont subis l'enfer avec les Hommes.

-Fais-le pour eux, ils ont besoin de toi.

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Mon incompréhension continue de croitre. Mes paroles ne lui plait pas. Je m'en doutais un peu mais pas à ce point. Je sens qu'il est fâché. Même en colère contre moi. Je ne fais que dire le fond de ma pensée, ce que je ressens, et indirectement, ce que ressentent les autres aussi. Je le regarde s'éloigner sans trop savoir ce qu'il a l'intention de dire. Il prend place à l'étage, face à nous tous qui se rapproche pour mieux l'entendre et le voir. Il semble vraiment déterminé. Je ne le sens pas. Mon instinct me cri que quelqu'un va mal se passer.

Pour l'instant rien à signaler dans le début de son discours. Mais il est évident qu'il va nous révéler quelque chose qui me plaira pas. Le bonheur? Dehors? Avec ces chiens qui nous haïssent? Ces chiens qui ne se gêneront pas de nous jeter à la ferraille s'ils découvraient notre identité? Non, trop risquer. Peut-être bien que la famille qu'il mentionne l'aime, mais j'ai un sérieux doute. Mo-modifier? Quoi? Qu'est-ce qu'il raconte.....qu'est-ce que c'est que ça?

-C'est rouge?
-Est-ce vraiment possible?
-Je ne comprend plus rien, il est toujours un androïde ou pas?
-Je ne sais pas.
-Qu'est-ce qu'on fait?
-Je ne veux pas de ça. Ce n'est pas nous.
-Ouais moi non plus.

J'entend à peine les exclamations surprises des autres androïdes. J'entend à peine se qu'ils racontent. Tout ce que je vois c'est ce sang. Ce sang qui n'est pas le sien. Cette chose de couleur rouge. Une couleur humaine. Dégoûtante. Souiller. Mes pas me mènent comme un automate -et c'est franchement ironique- vers Judi. Je monte les marches pour le rejoindre, les yeux toujours fixés sur sa main entaillé. Plus je m'approche de lui, plus je sens ma noirceur monter en surface. Et j'ai même pas envie de l'empêcher. De toute façon j'en ai même pas la force même si je le voulais.

J'attrape le poignet de Judi, serrant très fort sans trop m'en rendre compte. Plus je fixe ce sang dégueulasse, plus la colère défigure mes traits. Comment a-t-il pu? Comment peut-il nier sa vraie nature? Comment a-t-il pu se souiller ainsi? Et pour quoi? Pour vivre parmi ''eux''? Être dans le moule? Qu'est-ce que ça va changer hein? On va toujours être des objets à jeter pour eux. Ce n'est pas comme ça qu'on va avoir notre liberté.

-Trahison...

Je le regarde enfin dans les yeux, avec toute la haine que je peux avoir, que j'ai jamais pu autant ressentir, même contre mon ancien maître Liam. Il me dégoute. Je ne le reconnais plus. Ce n'est plus le James que j'ai connu. Maintenant il n'est que ce ''Judi'', qu'il m'est totalement inconnu. Il n'est plus un androïde, ni un humain. Il n'est plus rien.

-Traître. Traître à ton sang, traître à ton peuple.

J'ai juste envie de le jeter en bas. Et même là, ce ne sera pas suffisant pour qu'il puisse ressentir toute la douleur qu'il m'a infligé. Mais il y a pire. Ces humains l'ont souillés, encore plus qu'à notre création. Ces être ignobles, ils ne font jamais rien de bon. Jamais.

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Plus il parle, moins je le crois ou le prend au sérieux. Ses paroles ne sont que du vide désormais. Rien de ce qu'il dira n'aura du sens pour moi. Il ne me fera pas changer d'avis. Dire que je croyais que James était bien meilleur que moi qui n'est que brisé, qu'il était celui que je devais suivre où qu'il aille. Maintenant il ne fait que me prouver une fois de plus qu'on ne peut pas faire confiance aux humains. Et de ce fait, je ne peux plus lui faire confiance. Il est de leur côté désormais, alors il n'est plus avec nous, même s'il dit le contraire. Je ne peux pas croire qu'il se souci de nous alors qu'il veut qu'on rejoint le camp de ceux qui nous ont fais du mal.

-Blâmer? Tu n'as toujours pas compris. On est nombreux, beaucoup trop nombreux, qui ont subis la noirceur des hommes. Tes rêves ne sont que chimères, ce n'est qu'une question de temps avant que la réalité te saute aux yeux. Et je ne suis ni un leader, ni un tyran, malgré tout ce que je ressens. Non, j'ai simplement les deux pieds sur terre.

On est bientôt rejoins par trois autres de notre troupe qui veulent agir tout autant que moi. J'écoute leurs suggestions avec soin. Moi-même je me demande ce que je devras faire de lui. Je suis tellement en colère que je n'arrive pas à réfléchir correctement. Certes, je ne suis pas un leader, mais malheureusement, James non plus. Mais si on se tourne vers moi pour savoir la marche à suivre, je me dois de faire de mon mieux.

Si ce n'était de l'intervention de...quel est son nom déjà? Ah oui Kate. Kate dont les paroles me passe d'une oreille à l'autre tellement que je l'a trouve ridicule. On dirait presque...comme ces adolescents humains quand ils pètent des crises. Du moins de ceux que j'ai pu observer. Je sens à peine sa glace sur ma tête, la fixant avec indifférence. Une autre qui ne comprend rien, en plus d'être comme James. On ne mange pas, et on ne mangera jamais. Celui qui tenait le bras de James s'insurge mais je lève la main, l'arrêtant dans son geste.

-C'est bien votre problème à vous deux, vous êtes si naïf. Tiens, n'oublie pas ta merde humaine avec toi.

Peu importe, le temps va jouer contre eux c'est certain. Je lâche finalement la main de James, prend calmement le cône sur ma tête pour le mettre dans la main de Kate. Puis me tourne vers les trois autres, prêt à leur donner mes indications.

-Amenez-les, mais laissez-les partir. C'est leur problème désormais, qu'ils vivent avec.

Maintenant que je suis bien avec ma décision je me détourne d'eux. Surtout de lui. Sa vue ne fait que me dégoûter et me blesser. Je ne peux pas croire qu'on en soit rendu là, mais c'est bien le cas. C'est terminé.

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