J’ai… tellement mal. J’ai tellement mal. Tellement…
Je ne peux pas croire, je ne peux pas accepter que David ne soit plus là. Qu’il soit parti sans regarder derrière lui, me laissant détruit une fois de plus.
Respirer m’est difficile, vivre me semble impossible.
Hier soir, j’ai laissé notre chambre à Killian. Je ne pouvais pas y entrer je ne peux pas…
J’ai tellement pleuré. Sans m’arrêter, sans cesser de penser à lui. J’ai l’impression d’avoir un trou a la place du cœur.
Je me suis endormi, rêvant de courir derrière lui sans jamais pouvoir l’atteindre. Revoyant des flashs de la soirée entremêlés de l’autre soirée, celle d’il y a tant d’années…
Je me suis réveillé déjà en larmes et j’ai continué. Encore et encore.
Je voudrais simplement ne plus exister.
Est-ce que je suis trop lâche pour mettre fin à mes jours ? Oui surement. J’ai peur et… peut être qu’au fond ce n’est pas vraiment ce que je veux… Ce que je veux c’est lui. Ce que je voudrais c’est simplement… ne plus souffrir… et je ne sais pas…
Je ne suis pas capable de faire autre chose que pleuré, roulé en boule sur le canapé.
J’entends à peine la porte de l’entrée s’ouvrir mais je regarde et reconnais tout de suite mon père biologique.
Paniqué à l’idée qu’une telle vision de moi puisse l’inquiéter, je me relève d’un bon, essuyant mes larmes qui ne s’arrêtent pourtant pas de couler.
_ Oh, bonjour Vaas, excuse-moi j’ai un invité alors j’ai dormi sur le canapé…
Je range un peu mes affaires, cachant mes mouchoirs et tirant les draps pour faire quelque chose de propre.
Les paroles de mon père ne font qu’agrandir le trou de ma cage thoracique et les larmes recommencent à s’accumuler dans mes yeux.
Je souris malgré mon expression triste.
_ C’est gentil… Je te remercie mais ne t’inquiète pas. Je vais bien je… Tu n’as pas à te soucier pour moi.
Je me retourne pour essuyer mes yeux remplis de larmes, prétextant de vouloir ramasser mes déchets.
_ Tu veux… Tu veux que je t’offre quelque chose à boire ?
Jouer cette façade est horriblement difficile. Et a vrai dire, j'ai peur qu'il... je ne veux pas qu'il comprenne je veux juste... N'être rien, continuer à dormir, dormir seul jusqu'à ce que je n'ai plus la force physique de vivre.

Je suis au bord des larmes mais je me retiens tant que je peux. Je ne veux pas qu’il s’inquiète… Il a surement beaucoup d’autre choses à gérer dans sa vie autre que le fils caché qu’il vient de rencontrer et qui est déjà largement adulte.
Je lui propose tout de même quelque chose à boire, par politesse.
Et contre toute attente, mon père biologique accepte.
Je suis déstabilisé mais je continue.
Nous allons dans la cuisine et je commence à préparer deux chocolats chauds. J’ai du mal à avancer, je renverse du lait, je fais tomber de la poudre de chocolat à côté et je fais même tomber une de mes tasses, la ramassant en vitesse pour que personne ne se coupe.
Vaas fini par me reparler de David et je sens mon cœur se serrer à m’en étouffer. Je sens une sueur froide parcourir tout mon corps lorsque j’apprend que l’incendie de l’Eden Club avait fait autant de morts et de blessés.
Je savais que David en était le responsable, je l’avais appris lors de la confrontation avec Adam… mais je ne m’étais pas renseigné du tout sur l’évènement et je ne savais pas pour tout ça.
Mes mains commencent à trembler mais je continuais à résister.
_ Je ne suis pas d’accord… David est quelqu’un de bien. Il est incompris et a besoin qu’on croie en lui mais… il est vraiment quelqu’un de bien même s’il… a fait des erreurs…
Une larme coule sur ma joue et je l’essuie rapidement.
Le micro-onde sonne et je me retourne pour sortir les chocolats.
_ Mais ces gens ne méritaient pas de mourir. Ce n’est pas juste pour eux… Ca me... Ca me tue de savoir ca...
Je sers Vaas alors que Lucifer se manifeste entre mes jambes, s’y frottant avec assiduité.
Je me baisse et le prend dans mes bras. Il ronronne en frottant sa tête contre ma main qui le caresse. Je lui souris tendrement, appréciant se contact et tout ce qu’il m’apporte de positif.

Je suis bon à rien. Je le vois bien… J’espère ne pas trop exaspérer Vaas… Il n’est pas venu pour me voir être un désastre…
Heureusement, Lucifer est là.
Ça m’apaise de l’avoir entre les bras. J’arrive même à sourire doucement.
Je suis tellement concentré sur mon petit chat que le mouvement soudain de Vaas me surprend.
Je suis encore plus surpris par le coupe que je me prend.
Lucifer saute de mes bras, nous crachant dessus avant de partir se réfugier dans une autre pièce.
De mon côté, le choc est tellement grand que je ne bouge pas ma tête pendant quelques secondes, la gardant figée sur le côté.
Au bout d’un temps, je place ma main sur ma joue endolorie.
Elle me brûle mais je crois que ma honte me brûle encore plus.
Je me suis déjà fait tabasser, je me suis déjà pris des coups. Beaucoup. Certains auraient pu me tuer. Mais là tout de suite, j’ai l’impression qu’aucuns coups ne m’a jamais fait aussi mal que ce coup-là.
Les larmes réapparaissent à mes yeux et finissent par couler, l’une après l’autre. Je baisse ma main.
Il dit… que David m’a manipulé. Il dit que c’est un meurtrier.
_ … Tu te trompes… David ne m’a jamais manipulé ! Lorsque je l’ai connu, nous n’étions même pas majeurs ! Et c’est moi qui suis venu vers lui parce qu’il me plaisait. C’est moi qui lui ai parlé, c’est moi qui le suivais partout comme un chien parce que je ne supportais pas être éloigné de lui !
Je commence à m’énerver un peu… Juste un peu. Je parle sans m’arrêter.
_ Je ne supportais pas le savoir loin de moi, mais lui, lui il s’en fichait de moi ! Il ne m’aurait jamais vu si je n’étais pas allé vers lui ! Il ne m’aurait pas embrassé si je n’avais pas été autant insistant ! Il ne m’aurait jamais frappé si je n’avais pas été aussi bête ! J’ai tout risqué pour lui ! Et il a tout perdu a cause de moi ! C’est moi le responsable !
Je suis un peu essoufflé en finissant mais je m’arrête de respirer en comprenant ce que je viens de dire, le regard choqué.

Je ne voulais pas dire ca… Je ne voulais pas dire ça à mon père parce que… Je veux protéger David.
Il a déjà dit qu’il ne lui inspirait pas confiance, qu’il ne l’aimait pas et… je ne veux pas que Vaas vois David comme quelqu’un de mauvais. Il n’est pas mauvais ! Il est simplement… surement aussi perdu que moi et…
Vaas semble satisfait que je lui ai parlé malgré tout. Il continue à dire que David est malsain mais ne dit rien d’autre sur lui.
Je baisse le regard.
Non David n’est pas malsain. Ce n’est pas vrai. Mais je sens que quoi que je dise, Vaas ne m’écoutera pas. Il a une idée précise sur David et n’en démordra pas.
Je vois mon père soupirer puis prendre une tasse de chocolat chaud et nous emmener au salon.
Je n’oppose pas de résistance et m’assois sur le canapé sans rien dire.
Je l’écoute me dire qu’il ne peut pas m’aider sur le plan sentimental parce qu’il vient de fuir sa famille… il s’excuse pour la claque… il dit qu’il a réussi à atteindre son but et essaye de… de l’humour ?
J’hésite à lui répondre que la violence n’est jamais une solution, jamais. Mais… il essaye d’égayer l’atmosphère et… il l’a fait dans l’espoir que ça m’aide, alors je ne veux pas le lui reprocher…
Je regarde mes mains en commençant à répondre.
_ Je ne voulais pas que tu t’inquiète pour moi… Je… je suis rentré dans ta vie à l’improviste alors que tu ne connaissais même pas mon existence… Et pour en plus te demander quelque chose d’important ! Tu as fait beaucoup pour moi alors que je ne suis personne ! J’ai grandi sans famille, sans amis ou presque, sans personne a qui vraiment me confier… J’ai l’habitude de gérer mes sentiments seul.
Je reste silencieux quelques instants, regardant mes mains.
Puis, me rappelant d’une phrase qu’il a dite, je pose mon regard sur lui et lui demande d’une voix timide.
_ Vaas qu’est ce que… qu’est ce qu’il s’est passé avec ta famille ?

J’entend Vaas soupirer à ce que je dis.
Est-ce que ce que je dis le rend triste ? Est-ce que…
J’aimerais savoir ce qu’il pense. J’aimerais qu’il m’en dise plus sur lui.
Je le questionne sur ce qu’il a dit, a propos de sa famille… et je suis soulagé d’entendre qu’il me répond.
Je l’écoute parler avec attention. Je suis fort pour ça ; pour écouter.
Est-ce que je vais lui reprocher d’avoir fui ? Non. Je crois que… je comprends.
Malgré tout je pense à mes demi-frère et sœur et… j’ai de la peine pour eux. Il faudra que je trouve un moyen de les aider, d’aider ma belle-mère…
J’écoute Vaas avec attention mais je ne réponds rien. Simplement parce que je ne sais pas quoi lui répondre.
Il me sourit et… j’arrive à lui rendre un petit sourire.
Et je l’écoute continuer.
Je souris un peu plus lorsqu’il dit qu’il est quand même venu me voir. Ça me fait plaisir de l’entendre. D’une manière ou d’une autre je suis content de compter pour lui.
Mais il reparle de David et… mon cœur se serre violement de nouveau. Il a pensé à moi. Il s’est inquiété pour moi…
Mes yeux me piquent de nouveau mais j’arrive à les ravaler.
_ Je… Je pense que je n’aurais pas pu faire de bêtises… Je… Oui j’ai envie de me mettre quelque part et de juste… ne plus rien faire mais… je crois qu’au fond j’aime vivre. C’est ce qui m’a fait tenir toutes ses années à la rue… j’aime être en se monde malgré toutes les souffrances que j’y vois… il y a toujours de belles choses…
Je regarde de nouveau mes mains.
Oui, d’une manière ou d’une autre j’aimerais… arrêter de souffrir. J’aimerais que David revienne, qu’il me prenne à nouveau dans ses bras et tout oublier…
La douleur de la séparation me brûle tout entier. J’ai l’impression… enfin je ne peux pas m’empêcher d’arrêter d’avoir… un fond d’espoir.
Je ne peux pas accepter totalement qu’il soit parti.