Je suis né dans le Bronx, dans le vieux canapé de la famille, entouré de mes 6 frères. Mes souvenirs de la maison familiale ont toujours été du bruit... beaucoup de bruit... des engueulades, des rires moqueurs de mes frères, du chahut... J'étais le septième enfant de la fratrie. Mes parents n'ayant pas les moyens d'aller à l'hôpital, ma mère a toujours accouché sur ce vieux canapé couvert de draps, avec l'aide d'un homme pratiquant la médecine illégalement. Mais on a toujours été en bonne santé grâce à lui, alors pourquoi pas.
C'est pas simple d'être le petit dernier, quand la règle principale à la maison est celle du plus fort. Mes parents préparaient le repas, et on se demmerdait pour avoir une part. J'étais le plus jeune, le plus faible, et je n'arrivais pas à m'imposer. Je mangeais peu, me faisant piquer ma part par mes frères. Ils s'amusaient souvent à me jouer des tours aussi. Ca les amusait. J'endurais. Je m'habituais. J'essayais juste d'exister... rien qu'un peu. Mais j'avais trop pris l'habitude de m'effacer.
A l'école, c'était pas beaucoup mieux. Trop habitué à baisser la tête, je donnais facilement mes repas et mes goûters à ceux qui me le demandaient avec rien qu'un peu d'autorité. Au moins, on me faisait pas de mal ainsi. Et puis, j'avais l'habitude de me contenter d'une barre de céréales pour le déjeuner.
J'avais tout de même mon petit univers rien qu'à moi. J'adorais lire. Surtout les pièces de théâtre. J'arrivais à lire grâce à la bibliothèque de mon école. J'y passais le plus clair de mon temps, loin des autres. J'adorais aussi regarder le théâtre. Souvent, quand il était tard, maman regardait des pièces de théâtre à la télévision. Je me suis souvent caché dans les escaliers de la maison, afin de regarder en cachette. Je rêverais tellement de voir une pièce de théâtre en vrai... L'émotion que cela doit procurer... Je savais une chose... Je voulais devenir acteur... Je rêverais de monter sur les planches... Je sais qu'il y a très peu de chance que j'y arrive... Mais je ferai tout pour pouvoir me payer une école de théâtre un jour. Et j'ai commencé tôt pour ça. J'ai vendu quelques jouets que j'avais volé à mes frères. On en avait peu, mais ils ne se sont jamais douté que c'était moi. J'étais tellement discret... tellement effacé... alors ils se bagarraient entre eux, pensant que l'autre avait perdu leurs précieux jouets. J'ai continué comme ça à vendre quelques trucs à mon école. Il m'est déjà arrivé de voler, pour revendre ensuite ce que j'avais trouvé. L'avantage d'être effacé dans ce monde, c'est qu'on devient invisible... Je cachais précieusement mon argent sous une late dans notre chambre qui était plutôt un dortoir pour nous 7... Mes frères n'ont jamais trouvé ma cachette.
J'avais 12 ans quand j'ai rencontré Arthur. Je rejoignais souvent des enfants plus grands que moi au terrain de Basketball après les cours, pour leur donner mon goûter... chaque jour ils m'en demandaient un peu plus, me bousculant, et me disant que si je ne les écoutais pas, ils me casseraient la figure. Alors je volais de la nourriture, et j'en rapportais. Mais un jour, Arthur, cet adulte qui semblait jouer au basket avec eux, a vu ce qu'il se passait, et est intervenu. Il a réussi à faire en sorte que ces petites frappes arrêtent de m'embêter. J'étais vraiment reconnaissant... en fait... j'étais surtout très perturbé... c'était la première fois que quelqu'un prenait ma défense. La première fois que j'avais la sensation d'exister pour quelqu'un. Ce jour là, je suis parti sans un mot. Je suis revenu plus tard, à la tombée de la nuit. Je suis entré dans le stade et je me suis assis sur les marches, regardant ce grand terrain. J'aurais bien aimé apprendre un sport... On doit se sentir vivant sur le terrain, j'imagine. En tout cas... faire parti d'une équipe... ça doit être quelque chose... A ma grande surprise, Arthur était toujours là, à marquer des paniers et à dribbler. Je le regardais avec admiration. Il a fini par remarquer ma présence. On a discuté, et il m'a proposé de m'apprendre à jouer. J'avais des étoiles plein les yeux. Le sport en lui-même ne m'intéressait pas spécialement, mais... que cet homme me propose de m'apprendre... c'était quelque chose. On s'est vite liés d'amitié, et je l'ai toujours considéré comme mon grand frère. Oui, j'avais 6 frères à la maison, mais il n'étaient que mon sang. Ils ne m'aimaient pas... je n'existais pas pour eux... Alors qu'Arthur... lui il me voyait... on apprenait à se connaitre. Je fuyais la maison pour aller jouer au basket avec lui, et parfois, il m'offrait un vrai goûter dans un café. C'était si bon de manger à sa faim de temps en temps...
J'ai continué à vivre dans le bordel de la maison familiale pendant un moment. Je devais endurer... Après le lycée, j'ai travaillé immédiatement, pour mettre de côté pour ma future école d'art dramatique. J'avais eu l'occasion de jouer le premier rôle dans la pièce de théatre de mon lycée et j'avais adoré ça. Même si en contre partie, on se moquait de moi, et que j'étais moins discret... Je m'en fichais... J'étais plus certain que jamais de vouloir en faire mon métier. J'ai donc été livreur pendant plusieurs années pour accumuler de l'argent. Je suis resté chez mes parents pour dépenser le moins possible. Quelques uns de mes frères étaient partis de la maison, d'autres étaient restés, ne foutant rien de leurs journées. Ca n'avait pas l'air de déranger mes parents. Deux d'entre eux faisaient quelque chose d'illégal. Je le savais. Je les voyais planquer leur argent, rentrer en plein milieu de la nuit... Ils n'étaient vraiment pas discrets. Mais je m'en fichais pas mal. J'avais mon propre avenir à construire.
Alors que j'avais 25 ans, mon père est décédé d'une maladie grave. Ma mère s'est retrouvée seule à devoir tout gérer, en plus du chagrin qui la faisait s'effondrer... Elle avait besoin d'aide... notament d'aide financière. C'est donc avec le coeur lourd que j'ai sorti tout mon argent de sa cachette, en plus de celui que j'avais à la banque, pour tout donner à ma mère. Adieu mes rêves. De toute façon... qui étais-je pour prétendre pouvoir être un jour un acteur ?...
Quand mes frères ont découvert ma cachette, ils étaient impressionnés. Je leur ai dit que c'était moi qui volais leurs jouets pour les vendre. Je m'en fichais qu'ils soient énervés contre moi. Je me sentais totalement désespéré... Mais au lieu de s'énerver, ils étaient admiratifs. Mes deux frères, ceux qui je suis sûr, vendaient de la drogue, m'ont pris à part. Ils m'ont dit qu'avec mon talent de voleur, à nous trois, on pourrait avoir énormément d'argent en peu de temps. Ca m'intéressait oui... pour mon école... mais je savais bien qu'on allait s'embarquer dans quelque chose de dangereux... Ils m'ont couvert de compliments, m'ont pris dans leurs bras... j'avais la sensation d'enfin exister à leurs yeux... Ils m'ont aussi convaincu en disant qu'une partie irait à notre mère, et qu'elle pourrait enfin vivre serreinement. Un braquage de banque... Ils m'ont promis que personne ne serait blessé, et qu'ils élaboraient ce plan depuis déjà un an. Ils m'ont dit que j'étais la pièce manquante... qu'ils avaient besoin de mes talents... et je me suis fait avoir...
J'aurais du m'en douter. J'aurais du savoir qu'ils se servaient de moi... J'étais tellement en colère quand c'est arrivé... mais avant tout, j'avais vraiment mal, et j'étais terrifié... Heureusement, personne n'a été blessé. Mais mes frères avaient effectivement monté tout un plan... Plan dans lequel à la fin, j'étais laissé sur place... Ils avaient fait en sorte que je me fasse arrêter par la police afin de pouvoir s'échaper plus facilement avec l'argent... J'ai été mis en cellule, avec le droit à un appel... J'ai immédiatement appelé Arthur, étant donné qu'il était devenu avocat, afin qu'il m'aide à sortir de cet enfer...
Arthur est venu. Il m'a expliqué que je ne pourrai pas échappé à la prison. Je l'ai supplié mais... Je savais qu'il ferait de son mieux... Il m'a pris dans ses bras et j'ai explosé en sanglots, craquant complètement... Il m'a ensuite expliqué que si je dénonçais mes frères j'aurais plusieurs années de détention en moins. Je risquais 20 ans de prison... Il fallait que je montre que j'avais été manipulé, et que je les dénonce, pour montrer ma bonne foi... J'ai fortement hésité à le faire... mais Arthur m'a convaincu... J'ai donc dénoncé mes prorpes frères pour écourter ma peine...
La prison... Jamais de ma vie je n'aurais cru attérir ici. J'étais terrifié... Je tentais de ne pas le montrer... En tant que petit nouveau, j'ai eu le droit à pas mal de sales coups. Privé de nourriture. Croches pied. Humiliations... Une fois on m'a volé mes fringues alors que je me douchais. Mais tout ça ne m'atteignais pas vraiment. J'ai été habitué avec mes frères... Je me sentais juste... profondément triste et désespéré... je n'avais plus aucun avenir... A force de me laisser faire, les autres prisonniers ont de plus en plus profité de moi, me volant toutes mes afaires. Puis une fois, dans les douches... l'un d'eux m'a fait me mettre à genoux, et m'a dit de lui faire une felation. Je me suis exécuté sans chercher à me défendre. J'étais trop habitué à fonctionner ainsi...
Le soir dans mon lit, fixant le plafond, j'ai refléchi. Au lieu de donner gratuitement... je pourrais faire payer... comme quand je vendais mes jouets. Je pourrais récupérer mes affaires, et même en avoir d'autres, pour rendre mon séjour ici plus supportable... Je tuerais pour avoir des livres, et de la musique... C'est ainsi que je suis retourné voir l'homme qui m'avait demandé une gatterie. Je lui ai dit que j'étais prêt à continuer, et même à faire plus, si en échange, il m'obtenait des choses. Je lui ai même dit de faire passer le message aux autres. J'étais prêt à vendre mon corps pour qu'on ne me vole plus, et pour être tranquille, avec de quoi me distraire. Après tout... je crois que j'aime bien le sexe, même si je n'ai pas beaucoup d'expérience. Alors... même si je n'ai pas toujours envie, et surtout pas avec tout le monde... Je crois que je peux voir ça comme une façon d'endurer mon séjour ici.
Grâce au sexe, j'obtenais tout ce que je voulais. J'ai demandé à mon co détenu de me devenir mon coach sportif. Je voulais m'endurcir... Je voulais retrouver de la force mentale à travers mon corps, afin de ne pas me laisser aller à la depression. Ma famille ne m'a évidemment jamais rendu visite. Heureusement, Arthur était toujours là. Chaque fois qu'il venait, ça me réchauffait le coeur. Je souriais, je riais même. C'était les seuls moments...
10 ans... J'ai tenu 10 longues années avant d'être relâché pour bonne conduite, grâce à l'aide d'Arthur. 10 ans, c'est toujours mieux que 20... J'avais 35 ans, et j'avais perdu 10 ans de ma vie... J'étais bien trop vieux pour démarrer des cours de théâtre... ma vie était vraiment fichue...
A ma sortie, Arthur était là. Je lui ai littéralement sauté dans les bras. Je l'ai serré si fort contre moi. J'avais les larmes aux yeux.
- Merci...Je savais que j'allais êre sous surveillance pendant 2 ans. Je savais aussi que je devais commencer par 1 mois assigné à résidence. Mais je m'attendais à avoir leur fichu bracelet à la cheville pendant 1 mois, puis être simplement surveillé de loin. Or... A ma sortie, un androïde policier s'est approché de moi, et on m'a annoncé qu'il allait rester à mes côtés pendant les deux prochaines années. J'avais envie de hurler, mais je me suis retenu, sachant que je risquais à tout instant d'être remis derrière les barreaux...
Alors je suis sorti avec mon nouveau gardien de prison... Je n'avais pas du tout la sensation d'être libre... parcontre, plus je regardais cette machine, plus j'avais la sensation de l'avoir déjà vu quelque part... J'éluciderai ce mystère plus tard. Arthur m'a dit qu'il possédait un petit appartement qu'il louait régulièrement à des étudiants. Il m'a proposé d'y vivre, le temps que je trouve du travail. J'ai tellement de chance de l'avoir à mes côtés... Sans lui je me serais écroulé depuis longtemps... J'ai donc emmenagé... avec mon nouveau bourreau androïde...
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