Les minutes semblent s'être transformé en heure. Le trajet dans l'ambulance semble durer une éternité. Les ambulanciers me posent plein de questions, ne cessant de me demander mon nom, ma date de naissance et le jour qu'il est. Je sais qu'ils veulent simplement s'assurer que je ne perds pas connaissance, mes yeux n'arrêtant pas de se fermer tout seul, mais cela m'agace vraiment de devoir me répéter encore et encore la même chose. Heureusement, il y a Chappie près de moi, il m'aide, il me rassure. Si il n'était pas là, je serais surement en pleine crise de panique. Je sens bien sa main dans la mienne. À chaque fois que je commence à m'endormir, et que l'un des ambulanciers me réveille avec une énième question, mon pouce vient caresser sa main.
Au moins, je ne souffre pas trop, ils m'ont administré un peu d'anesthésiant, mais trop à cause de ma grossesse. Dire qu'avant la soirée, j'hésitais toujours entre le garder et l'avortement. Je ne savais vraiment pas quoi faire, surtout que je ne sors pas du tout avec le père de ce dernier. Mais en sachant que j'ai failli le perdre, en faisant tout pour protéger ce petit être qui n'a que quelques semaines. Et si... Et si ces mecs avaient réussi à frapper assez fort mon ventre pour le tuer ? Oh non, pitié, dite moi qu'il est toujours en vie... Des larmes se mettent à couler sur mon visage, alors que nous arrivons enfin aux urgences.
Je passe une batterie de test, d'examen en tout genre, répondant encore une fois à une multitude de questions, avant de devoir passer sur le billard. Chappie a pu rester près de moi presque tout le temps, mais il a dû attendre dans le couloir quand ils m'ont emmené pour l'opération. Je suis resté plusieurs heures sur la table d'opération, pendant qu'il ressoudait ma côte cassée. Ils devaient faire extrêmement attention, car cette côte se trouvait non loin de mon bébé.
Je me réveilla dans une chambre d'hôpital, encore l'esprit quelque peu embrumé par L'anesthésiant. Il devait être six heures du matin, ou peut être sept. Je me redressait difficilement, me sentant vidé de toute force. J'avais très soif, je sentais ma bouche pâteuse. J'avalais difficilement ma salive, tout clignant plusieurs fois des yeux.
« Chappie... Où est tu Chappie ? »L'appelais-je, tout en le cherchant du regard.
Je me sentie soulagé en le voyant, laissant de nouvelles larmes couler sur mes joues.
« Chappie... Oh Chappie... Je suis tellement désolée... Pardonne moi... Pardon... »Répétais-je alors que j'éclatais en sanglots. « Ils t'ont fait du mal à cause de moi... Je suis désolée... »
Du lieu de la réception, qui fut un désastre et c'était un mot faible pour décrire la situation, jusqu'à l'hôpital le plus proche Chappie se fit un sang d'encre pour sa maitresse Emily. Elle perdait souvent la notion du temps, ses paupières ne tenant à peine et c'était de misère de la tenir éveillé tout le long du chemin. Ce fut pire rendu là-bas, le stress était plus que présent chez lui et ça l'énerva encore plus de savoir qu'une nouvelle émotion fit son apparition en lui. Un peu plus il se rongeait les ongles, et il ignorait bien pourquoi il avait pensé à faire ça.
L'attende dans le couloir faisait face à la salle d'opération était insoutenable. De longues heures passèrent sans qu'il aille le moindre nouvelle. C'était seulement pour une côte cassée pourquoi était-ce si long? Et s'il y avait arrivé quelque chose à l'enfant? Et s'il y avait eu des complications insoupçonnées? Après ce qui semblait à une éternité une infirmière passa les portes et vint à sa rencontre.
-Vous êtes l'androïde de madame Hastings?
-Oui. Comment elle va? Et le bébé?
-Tout c'est bien passé. Et pour l'enfant nous ne pouvons pas nous prononcer pour l'instant, elle doit se reposer. On fera une batterie de test demain. Pour le moment nous la déplacerons dans une chambre, vous pourrez rester auprès d'elle.
Chappie hocha la tête, heureux qu'elle n'aille rien pour le moment. Il accompagna donc les infirmiers qui poussait le lit d'Emily dans une chambre vacante et s'installa sur une chaise près du lit. Il attendit patiemment qu'elle se réveille.
Au première lueur du soleil Emily se réveilla enfin. Elle le chercha du regard en l'appelant. Chappie se rapprocha du lit et lui tenait de nouveau la main, la rassurant de sa présence. Mais ce fut de courte durée, les pleurs d'Emily le déstabilisa. Mais moins que ses paroles. En quoi était-ce de sa faute? Ces monstre était venu pour détruire le monde que Gregory avait construit au nom de quelqu'un dont il ignorait l'existence. Elle y était absolument pour rien. Ce n'était pas comme si elle les avait appelées et ordonnées de le frapper si? L'androïde posa ses mains contre les joues de sa maitresse et essuya ses larmes de ses pouces avec une telle délicatesse, avec tant d'affection. Parce que c'était le cas. Il ressentait de l'affection pour elle, depuis quasiment le premier jour où il fut à son service. Pour ça il n'avait aucun doute.
-Vous n'avez pas à vous sentir désolé, ni coupable. Vous n'y êtes pour rien. Ces...Ces gens sont les seuls responsable. Ils ont fait leur choix.
Il faillit utiliser le mot qu'il pensait, un mot qu'il n'avait pas le droit de penser. Monstre. Parce que c'était ce qu'ils sont. Des monstres et rien d'autres. Aucunement des humains. Ils étaient moins humains que les androïdes.
Tous les souvenirs de la veille remontaient en moi comme un tsunami envahissant peu à peu mon esprit. Les cris, les larmes, les coups de feu, ces hommes masqués, la douleur, tout, absolument tout... Les larmes perlent en masse sur mes joues, semblant ne pas vouloir s'arrêter de sitôt. Les effets de l'anesthésiant se dissipaient peu à peu, laissant encore plus place à toute cette douleur intérieure, mental, être encore plus présente dans ma tête. Je ne pourrais jamais oublier le cauchemar que j'avais vécu quelques heures auparavant. Comment le pourrais-je de toute façon ? À moins de perdre la raison, ces images resteront gravées en moi pour toujours...
Je sentais les mains de Chappie se poser sur mes joues, alors que je lâchais une avalanche d'excuse à son égard en larme. Les gestes si délicats de mon androïde arrivaient, par un miracle presque divin, à me calmer un tant soit peu. Il avait ce don pour m'apaiser, il l'avait toujours eu, depuis le tout début. Pourquoi, j'avais mis tant de temps pour me rendre compte de tout cela ? Je n'étais rien sans lui, pourtant, quel piètre propriétaire je faisais. Je n'avais pas réussi à le protéger correctement, bien au contraire, on s'en était pris à lui à cause de moi...
Oui, Chappie avait raison dans un sens, je n'avais pas demandé à tous ses... Ses monstres sans cœur de venir nous attaquer. Pourtant... Pourtant...
« Chappie... Si... Si je ne t'avais pas embrassé, ses hommes ne s'en serait pas pris à toi. Ils ne t'auraient pas frappé de la sorte... Ça... Ça c'est entièrement de ma faute... »
Je baissais doucement les yeux, n'ayant plus du tout la force de regarder Chappie dans les yeux. Je me sentais tellement coupable d'avoir fait ça. Oui, j'en avais eu envie, mais à aucun moment je n'avais pensé aux sentiments de Chappie. Le pauvre... Je lui avais imposé ça, sans lui demander son avis. Quel est-il d'ailleurs ? Ils étaient nuls... Après tout, je lui avais dit je t'aime et il ne m'avait répondu que par un silence, si triste. À quoi je m'attendais ? Il est un androïde et moi je suis un être humain... Pourtant, j'en oublie bien souvent cette LED qu'il a sur la tempe.
« Je... Je suis désolée... Je n'aurais pas du, non plus, te déclarer.... Enfin, te dire ce que je ressens pour toi, sans penser un seul instant à ce que toi tu pouvais ressentir pour moi. »
J'attrape doucement les mains de Chappie avec les miennes, les faisant quitter mon visage. J'ai encore plus de mal à le regarder dans les yeux, surtout en sachant ce que je vais lui dire. Je me retiens pour ne pas fondre encore plus en larmes.
« Chappie, si tu veux... Je... Je... »J'ai beaucoup de mal à parler, tellement la tristesse est présente. « Si tu veux, on peut te trouver une autre propriétaire que moi. Quelqu'un qui saura te protéger correctement... »Disais-je tout en explosant en sanglots, mes mains venant cacher mon visage rougi par les larmes.
Chappie fit son possible pour ne plus penser à ces gens hideux, parce que sinon il va faire un carnage. Il avait failli le faire là-bas. Il avait failli abandonner Emily et poursuivre le chef de cette troupe fanatique pour le tuer. Mais il ne pouvait décidemment pas faire ça, et il ne se le pardonnerait jamais. Non seulement de tuer mais par-dessus tout de laisser sa maitresse seule alors qu'elle avait besoin de lui. L'androïde concentra donc toute son attention à sa maitresse, et rien d'autres. Cette femme si attentionnée, qu'elle croyait être toujours la source du problème. Même maintenant. Même quand absolument tout indiquait le contraire. Elle l'avait embrassé certes, mais Chappie était sûr et certain que même sans ça, ces gens les auraient quand même attaquer.
-Ils détestent les androïdes. Ma simple existence vous ai mis en danger. Pas l'inverse.
Et merde le dire à voix haute le fit réaliser à quel point il a été inutile. Il n'a jamais pu la protéger à temps, en plus qu'il ne pouvait même pas se défendre sans faire du mal à ces gens. Emily était blessé par leurs fautes, et par la sienne également. Quand il avait enfin pu la rejoindre il était trop tard.
Une fois de plus, Chappie ne savait pas quoi dire de plus. Peut importe, ça ne sera jamais assez. Plus maintenant. Emily espérait mieux et il ne pouvait pas lui donner. Il voulait tellement lui faire comprendre que c'était bien trop compliquer pour lui, que tout ce qu'il ressentait pour elle était de la compassion. Et ce qu'elle ressentait pour lui risquait de ne jamais apparaitre chez lui. Mais il n'eut le temps car Emily lui lâcha une bombe. Une énorme bombe. Ah, non, hors de question.
-Non. Je ne veux personne d'autre que vous. Je vous appartiens. Et c'est à moi de vous protéger. Et j'ai échoué.
Tout est de ma faute, c'est même entièrement ma faute. C'est moi qui ai embrassé Chappie, c'est moi et moi seul qui ai posé mes lèvres sur les siennes, et non l'inverse. Pourtant... Si les circonstances avaient été différentes, aurais-tu répondu à mon baisé Chappie ? Je suis ridicule, comment puis-je oser me poser la question ? Je me dégoute presque... Je sens quelques larmes perler silencieusement sur mes joues. Je me sens tellement coupable. Comment aurais-je fait si il avait cassé mon androïde ? Certes, on me l'aurait réparé sans problème, comme ci de rien n'était, mais pour moi, dans ma tête, ça aurait été comme ci on l'avait tué... Je me sens tellement mal, encore plus quand j'entends Chappie dire que c'est de sa faute à lui si on s'en ai pris à lui, à moi. Oui, ils détestent les androïdes, mais je n'avais fait qu'attiser encore plus leur haine.
« Ton existence fait beaucoup de chose... Elle me rend la vie meilleure, elle me donne le sentiment que le monde est plus beau, mais... Je refuse que tu me dise que ton existence même ai pu mettre ma vie en danger. »
Je ne veux pas l'entendre, je le refuse catégoriquement. Depuis que Chappie partage ma vie, j'ai la sensation de me sentir moins seul, de moins sentir le poids ce loup sur mes épaules. J'essaye même de moins passer du temps à voltiger à droite à gauche avec des hommes, pour pouvoir passer plus de temps avec lui. Je sais que c'est un androïde, j'en ai bien conscience, mais cela ne m'empêche pas de... L'aimer ? Je crois que oui, on peut parler d'amour à ce stade. Après tout, je lui ai bien dit je t'aime. Mais comment avais-je pu lui dire cela ?
Soudain, une idée me traversa l'esprit. Enfin, ce n'était pas vraiment une idée, mais plutôt un choix que je devais faire. Après ce qu'il venait de se passer, après ce que j'avais fait et dit. Il faut un nouveau propriétaire à Chappie, quelqu'un qui... Quelqu'un de complétement différent de moi, mais qui saura tout de même prendre soin de lui, comme il a toujours pris soin de moi. Chappie mérite d'être heureux, d'être avec quelqu'un qui peut le protéger, contrairement à moi... Cependant, cette idée ne semble pas du tout plaire à Chappie, ce qui me fait automatiquement relever les yeux vers lui.
« Chappie... Je... »
Deux, trois larmes coulent discrètement sur mes joues, alors que mon regard croise le sien. Je sens mon cœur battre étrangement en écho des mots qu'il a prononcés. Il m'appartient ? Il ne veut personne d'autre que moi ? Chappie, je t'en pris, ne dis pas de telle chose. Les mots résonnent dans mon esprit, les rendant presque confus dans ma tête. Ils se répètent encore et encore, et sans m'en rendre compte, je me redresse doucement, mon visage se rapprochant du sien de façon presque naturelle.
« Est-ce que... Est-ce que tu veux bien m'embrasser ? »
Chappie était complètement choqué par ce qu'il venait d'entendre. Si choqué il pouvait au moins l'être. Dans tout les cas il se sentit...comment dire, un peu abandonner? Il n'avait pas apprécier ça c'était sûr. Comment pouvait-il lui proposer un autre maitre? Qui pouvait être à la hauteur d'Emily? Personne. Non, il ne voulait absolument personne d'autres qu'elle, même s'il avait pas le droit d'avoir un avis là-dessus. L'androïde en avait complètement rien à faire de se faire passer pour robot défectueux parce qu'il avait des envies personnels. Jamais il ne lui viendrait à l'esprit de quitter Emily d'une quelconque manière, si ce n'est extrême.
Et c'était complètement vrai que c'était de sa faute à lui et non à elle. Emily n'était qu'humaine. Sans lui prêt d'elle, elle aurait pu passer inaperçu parmi la foule et ainsi être protégé. Mais ces hommes l'avaient vu avec elle. Baiser ou pas, le résultat aurait été le même. Parce que c'était ainsi, Chappie était un androïde, et il le sera éternellement. Donc un objet de haine pour ces criminels.
Dans tout les cas, ses mots semblaient avoir atteint Emily car elle releva les yeux vers lui, et pleura de nouveau. Pleurer de quoi? Malheureusement il l'ignorait. Elle semblait chamboulé de beaucoup de choses en mêmes temps. Son front se colla avec le sien, caressant doucement les mains d'Emily avec ses pouces. Devait-il obéir à sa requête? Il pouvait pour lui faire plaisir, mais c'était bien plus profond comme demande. Elle l'aimait, elle voulait de son contact. Et Chappie voulait lui donner tout ce qu'elle désirait, même les choses qu'il ne croyait pas pouvoir faire. Même maintenant.
Il approcha donc ses lèvres des siennes, puis l'embrassa tendrement. L'androïde ressentait très peu, voir presque pas le contact de sa peau contre la sienne. Et pourtant, d'une certaine manière, il pouvait ressentir tout cette amalgame d'émotions qui se bousculait en Emily, et même les siennes. Bizarrement, il ne voulait pas lâcher. Même les larmes qui rendaient le baiser bien plus mouillé ne le rebuta pas.
Mais il y avait autre chose. Comme un ''pincement''. Il espérait...que ce ne soit pas des adieux.
Si j'avais pris le temps de réfléchir deux secondes, je me serais rendu compte que c'était la première fois que Chappie me disais non, clairement non. Il venait de me donner son avis de façon claire et net. Il ne voulait pas d'autre propriétaire que moi, il ne voulait que moi. Moi, moi, moi... Ses mots résonnaient dans ma tête, de façon plus délicieuse. Elles semblaient, ses paroles, réussir à mettre de côté toutes les atrocités de la veille pour ne penser plus qu'à lui. J'avais la sensation que le temps venait de s'arrêter, que la terre venait de s'arrêter de tourner, et qu'il n'y avait plus que lui dans l'univers tout entier.
Mon regard était ancré dans le sien, alors que mon visage c'était doucement rapproché du sien. Je sentais mon cœur battre doucement dans ma poitrine. C'est là que je lui demandais si il voulait bien m'embrasser. La question était presque sortie naturellement d'entre mes lèvres. J'avais besoin de contact, de son contact. Je voulais le sentir contre moi, je le voulais tellement. Ma respiration s'accéléra doucement, alors que son front vient se poser contre le mien. Il caressait avec tendresse mes mains avec ses pouces. C'est si doux.
Mon cœur rata un battement quand il posa enfin ses lèvres sur les siennes. Ce n'était pas la première fois que quelqu'un m'embrassait, mais c'était la première fois que je ressentais quelque chose d'aussi doux et tendre. Mes yeux se fermèrent doucement, alors que ma main quitta la sienne pour venir se glisser sur sa joue, la caressant doucement. Je profitais pleinement de ce baisé qu'il était en train de m'offrir.
Je mentirais si je disais que cela me suffisait. Je voulais plus, tellement plus. Heureusement, en essayant de me redresser un peu plus pour approfondir ce baisé, une vague de douleur m'envahit. Je grimaça, mettant fin à ce moment si magique.
« Aih... Cette cote est vraiment douloureuse... »Disais-je tout en laissant mon dos rejoindre mon coussin.
Ma main quitta doucement le visage de Chappie, pour retomber le long de son bras, venant reprendre sa main. Je ne veux plus le lâcher, plus jamais. Soudain, quelqu'un frappa à la porte de la chambre et une infirmière entra, poussant un fauteuil roulant vide.
« Parfait, le médecin devrait pas tarder à passer pour vous faire un compte rendu. En attendant, je vais aller vous chercher un plateau repas. Je pose juste votre fauteuil juste ici. »
« Un fauteuil roulant ? Attendez ! Comment ça ? »
« Oh... Hé bien... Le médecin vous expliquera tout ça tranquillement. Je vais vous cherchez à manger. »
« Attendez ! »
Trop tard, l'infirmière venait de sortir de la chambre en quatrième vitesse. Mes yeux se posèrent sur le fauteuil roulant, comme ci c'était la chose la plus effrayante du monde qui existe.
« Chappie... Est-ce... Est-ce que tu sais si mon bébé va bien ? »Lui demandais-je soudainement très inquiète, en tournant les yeux vers lui.
La culpabilité grandissante d'Emily le chamboula plus que de raison, et sa proposition de lui trouver un autre maitre encore plus. Chappie ne voulait pas la voir ainsi, ne voulait pas qu'elle ça pour la raison stupide qu'elle lui fait du mal. Il voulait la voir sourire, la voir rire. Il voulait qu'elle soit heureuse. Il voulait la rendre heureuse, peut importe comment, peut importe s'il avait la capacité ou pas. Alors il accéda à sa demande de l'embrasser, pour elle. L'androïde lui donna tout ce qu'il pouvait lui donner pour le moment. Un baiser, de la douceur, de la tendresse. Tout ce qu'Emily avait besoin en ce moment.
Le contact se rompit, laissant Emily grimaçante. Il ne fallait pas qu'elle bouge trop à cause de sa côte. Eh merde il avait complètement oublié ça. Il était trop perturbé par les émotions de sa maitresse pour faire attention à sa santé. Il remonta un peu la couverture sur elle, un peu fâché d'avoir été distrait, et un peu déçu que le baiser s'arrête soudainement. Mais ça, il ne le fera pas remarqué à Emily.
-Allez-y doucement.
Une infirmière rentra à ce moment précis. Chappie resta en retrait, écoutant attentivement les paroles de la femme et elle partit aussitôt son travail fait, laissant les questionnements de sa maitresse en plan. Il eut quelques secondes de silence avant que la voix d'Emily se fit entendre de nouveau, s'adressant à lui. -Non. Mais je suis sûr qu'il va bien.
Chappie l'espérait pour elle. Sa soirée a déjà été éprouvante comme ça, pas besoin de la perte de son enfant pas encore né en plus. Il ne fallait surtout pas qu'elle le perde. Il ignorait comment elle le prendrait, sa vie était déjà assez difficile comme ça, et ces derniers temps n'étaient pas un cadeau. -Est-ce que...vous avez déjà penser à des noms?
Si le baisé de Chappie avait pu me faire, un tant soit peu, du bien au moral, l'arrivée de l'infirmière m'avait fait replonger dans une profonde tristesse et un grand désarroi. Elle m'avait laissé dans le doute, dans la peur, ne semblant pas vouloir répondre a la moindre de mes questions, me laissant même avec pour nouvel ami un fauteuil roulant. D'ailleurs, pourquoi ? Certes je sentais bien que ma cote était encore douloureuse à cause de l'opération récente, mais pas au moins de ne plus pouvoir me déplacer complètement. Est-ce que cela avait un rapport avec ma grossesse ? Cette idée m'effrayait au plus haut point. Et si il l'avait blessé gravement à force de me faire battre ? Et si il fallait m'opérer de nouveau pour l'extraire de mon ventre afin de le faire grandir dans une sorte d'œuf ? Et si... Et si il était mort ?... J'avais envie de pleurer de nouveau, de crier a cette infirmière de revenir pour répondre au moins a cette question. Mais je n'avais pas la force de faire cela... J'étais épuisé physiquement, moralement et émotionnellement. Je me tournais donc vers Chappie, cherchant cette fameuse réponse a ces côtés.
Pendant tout ce temps, j'avais gardé la main de Chappie dans la mienne. C'était comme si je me raccrochais à une bouée de sauvetage en plein milieu d'un océan, avec aucune île a l'horizon. Sans lui je serais surement en train de devenir folle. D'ailleurs, même si il n'avait pas clairement de réponse a ma question, concernant l'état actuel de mon bébé, ses mots arrivaient un peu à me calmer. Je resserrais un peu ma main dans la sienne, souriant très légèrement en réponse a ses paroles qui se voulaient réconfortante. Il chercha même à me changer les idées en me demandant si j'avais des idées de prénom pour ce futur enfant.
« Oh... Eh bien... Jusqu'à maintenant, je... Je ne savais pas encore si j'allais le garder... »Disais-je quelque peu gênée, en baissant les yeux.
Depuis le moment où j'avais appris son existence, dans mon ventre, je n'avais cessé de me poser des questions. Devais-je le garder ? Devais-je avorter ? Devais-je en parler au père ? Devais-je me taire et trouver un autre homme pour jouer ce rôle ? Devais-je en parler à mes amis ? Tellement de questions qui m'avaient rendu quelque peu insomniaque. Mais cette nuit... Ce qu'il c'était passé... Tout cela m'avait fait comprendre à quel point cette petite vie comptait pour moi. Il méritait de vivre, d'avoir une vie merveilleuse. Je ne serais sans doute pas la meilleure mère au monde, mais je ferais tout pour le rendre heureux.
« Peut-être... Peut-être que si c'était un garçon je pourrais l'appeler Greg... »
À peine avais-je prononcé son nom qu'un horrible frisson parcouru tout mon corps. Greg, Alice, Elio, Ellis... Merde... Des larmes se remirent à couleur doucement sur mes joues. Ou sont-ils ? Comment vont-ils ? Alice... Elle... On lui a tiré dessus, non ? Elio... Il a essayé de me protéger, mais on l'a frappé aussi, non ? Merde j'ai l'impression que ma mémoire me joue des tours. Il faut que je les voies, que je sache si ils vont bien, si ils sont vivants, si... Je n'arrête pas de pleurer, mais je prends sur moi pour essayer de me redresser malgré toute la douleur que je ressens.
« Chappie, il faut aller voir les autres ! Ellis, Elio, Greg, Alice ! Il faut que je les voies. Je dois savoir si ils vont bien, si ils sont vivants ! »
Je veux sortir de cette chambre, là, tout de suite. J'ai vraiment besoin de les voir. Je me redresse, essayant de pousser la couverture, pour sortir de ce lit.
Malgré le manque de sensation le baiser l'électrisa plus que de raison. Pas de le sens propre du terme mais il provoqua quand même quelque chose en lui. Quelque chose d'humain. Le simple fait de rompre le contact avait provoquer un manque. Mais Chappie était un androïde. Le manque était une chose inconnu et non nécessaire pour lui. La seule chose dont il avait réellement besoin était de se recharger. Rien de plus. Et pourtant...Pourtant. Le voilà, qui ressentait des émotions, qui embrassait sa propre propriétaire comme si c'était complètement normal. Mais cela ne l'était pas. Pas pour quelqu'un pour lui. Ça devrait l'effrayer. Il devrait ne pas vouloir tout ça au risque de se faire prendre et être détruit pour être ainsi brisé. Et pourtant, il voulait vivre tout ça. Il voulait être aussi libre que l'était James et les autres qu'il avait recruté. Il voulait être aussi humain pour elle. Il ne voulait pas la décevoir en restant ce pauvre androïde tellement droit et froid qu'elle ne voudra plus de lui. Il voulait l'aimer autant qu'elle l'aime.
«Il se sentira honoré.»
Chappie savait parfaitement d'où venait cette idée de prénom. Emily portait son ami très profondément dans son coeur. Alors qu'elle puisse vouloir que son enfant pour son nom pourquoi pas. Se demandant si comment elle appellerait une fille, il l'a vit soudainement pleurer. Il paniqua sur le coup. Pourquoi elle pleurait de nouveau? Pourquoi elle paniquait ainsi? Rapidement il posa une main sur son épaule pour l'empêcher d'aller plus loin. Qu'est-ce qui lui prenait? Elle était blessé, elle ne pouvait pas partir comme ça. Et si elle se faisait plus mal? Et si sa blessure s'ouvrait? Chappie s'en voudrait.
«Vous ne pouvez pas, pas dans votre état. Attendez l'arrivée de votre médecin pour lui demander. S'il vous plait, vous sortez à peine du bloc.»
Il poussa doucement sur son épaule pour lui faire comprendre qu'elle devait se recouché. Il ne fallait surtout pas qu'elle se blesse plus qu'elle ne l'est déjà. Ces dernières heures ont été suffisamment pénible pour lui. Pas question de la perdre en plus.
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