J’attendais la réponse du jeune homme en restant silencieux. Je le regardais toujours, me demandant s’il allait arriver jusqu’à chez lui sain et sauf. Il me répondit alors qu’il habitait à Brooklyn. Cela ne m’étonnait pas, c’était un des quartiers le plus habité de la ville. J’acquiesçais alors d’un geste de la tête. Oui, 20 minutes me semblaient correctes. Je ne savais pas trop si utiliser son téléphone serait une bonne excuse mais de toute façon, il fallait que le destin s’acharne vraiment pour qu’il lui arrive encore quelque chose, non ? Et j’avais tendance à détester le destin et tout ce qui s’en approchait. Alors je préférais croire qu’il ne lui arriverait rien. Il m’avait répondu qu’il garderait le secret pour lui et je le croyais. Elio n’était clairement pas du genre à trahir la confiance des personnes qu’il rencontrait, j’en étais certain. J’avais cependant plisser un peu des yeux lorsqu’il me dit qu’il ne mettrait pas un Androïde en difficulté. Je me demandais pourquoi… Pourquoi il semblait vouloir défendre notre cause. Mais j’étais resté silencieux sur ce sujet, je me disais que si un jour je le revoyais, je pourrais lui poser la question en temps voulu. Oui, je prévoyais bien de le revoir, c’était presque sûr en soi. Mais de préférence, dans d’autres conditions que celles-ci... Le jeune garçon se dirigea alors vers l’intérieur de chez moi. Je lui emboitais lentement le pas, je le laissais être premier à avancer. Il me demanda alors quelque chose d’un peu étrange mais compréhensible. Brûler ses vêtements. J’avais hoché la tête pour lui signifier que je le ferai sans aucun problème. Bon, je comptais quand même pas faire un feu dans mon appartement mais je connaissais des endroits peu fréquentés pour faire ce genre de choses sans soucis. J’étais rentré à mon tour alors qu’il s’était dirigé vers la salle de bain. Je fermais la baie vitrée derrière moi en poussant un long soupir. Je m’étais approché de la vitrine dans laquelle se trouvait mon précieux fusil alors qu’il était revenu, sa veste sur lui à présent. Il me déclara alors qu’il reviendrait à mon bar. J’arquais un sourcil avant de lui répondre.
D’accord. Mais sans abuser de l’alcool, de toute façon, je ne te laisserai pas faire n’importe quoi.
Et j’étais sérieux à ce niveau-là, hors de question qu’il finisse complètement alcoolisé chez moi. J’allais alors vers la porte pour le raccompagner. Je devais refermer derrière lui de toute façon. Je l'accompagnais donc jusqu’en bas, suivant son rythme de marche à lui. Et alors qu’il passait la porte du Bauhaus pour s’en aller, je me surpris à le regarder quelques instants s’éloigner. J’esperai de tout coeur que tout irait bien pour lui. Que l’avenir serait plus “rose” que le présent. Et j’avais bon espoir au fond. Je lui avais fait un signe de la tête pour lui dire au revoir tandis que sa silhouette disparaissait dans la nuit noire. Je rentrais alors, fermant les portes derrière moi et arrivé en haut, je sortis le fusil de la vitre scellée et retournais bien vite sur le balcon. Après avoir activé la vision de nuit, je posais ma précieuse arme sur la rambarde et le cherchais de loin avec la lunette. Je finis par le trouver, je suivis alors chacun de ses pas jusqu’à la distance maximale. Ah Elio… On se reverra. Et cette fois, tu te battras. Je le sais. Je continuais de le suivre de la sorte, tout en fumant une cigarette qui, finalement, semblait s’éteindre d’elle-même. J’esperai qu’il ferait bon usage de mon argent et qu’il irait au moins voir un médecin… Je soupirai alors qu’il avait définitivement disparu. La soirée était terminée. Et quelle soirée. Je voulais ranger mon fusil mais une silhouette attira mon regard lorsque je balayais ma vision. C’était l’homme de toute à l’heure. Celui à qui j’avais brûlé les parties intimes. Tout ce qui s’était passé remonta en moi, une certaine colère de la vision d’Elio et de ses noires pensées semblaient me torturer à cet instant. Je stoppais alors ma respiration, et sans réfléchir plus longtemps, j’appuyais lentement sur la gâchette. Un tir pour une vengeance. Un tir bien placé, en plein milieu du front. Cet homme ne se relèverait jamais. Je n’étais pas quelqu’un de bien. Et ce tir m’avait profondément soulagé pour une obscure raison. Je tirais une dernière fois sur ma cigarette avant de rentrer chez moi, pour me mettre en veille. Apaisé presque parce que je venais de faire.
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