J'ai besoin que tu fasse preuve de ferveur

Le bruit de mes talons résonne lourdement dans l'église. Il n'y a plus grand monde à cette heure de la journée et c'est tant mieux. J'ai besoin de parler à David, et je n'ai pas envie que quelqu'un nous interrompe. Je viens discuter avec lui d'un sujet très important, et je sais déjà qu'il n'aura surement pas très envie de me parler à la base, à cause quelques petits différents qui nous arrive d'avoir lors des réunions pour la cause, alors si en plus on venait à nous importuner, ça serait le comble. J'avance calmement, vers lui. Je n'avais pas mis longtemps à le trouver. Il faut dire qu'un homme de sa trempe avec les cheveux blancs, cela ne court pas les rues. D'ailleurs, je me suis toujours demandé pourquoi ils étaient blancs, alors qu'il semble nullement être daltonien. Enfin, soit. Bien que cela puisse me rendre curieuse, je ne pense pas que nous soyons assez proches pour que je vienne à lui poser la question.

Je m'approche de David, le voyant en pleine prière, à genoux, entre deux bancs. Je l'observe un instant, ne disant pas un mot, avant de m'asseoir calmement à ses côtés. Il est plus qu'impoli de déranger un homme qui prie le seigneur. Je reste donc là à attendre qu'il ouvre les yeux, qu'il décroise les mains et qu'il finisse par se redresser pour prendre place à côté de moi. En attendant, je pose le regard vers la statue du Christ crucifié. Ma main se lève et vient se poser sur la croix que je porte autour de mon cou. Mes doigts viennent caresser le bijou, avant de le serrer tout doucement. Seigneur. Est-ce que je fais le bon choix en choisissant de venir parler de "ça" à David ?

C'est alors que je commence à me questionner, que je vois David finir par ouvrir de nouveau les yeux. Nos regards se croisent un instant, avant que je ne repose les yeux sur la statue du Christ. Ma main a quitté mon collier pour se poser sur mon autre main, qui est elle-même posé sur mes jambes croisés. Je reste silencieuse un moment. Du coin de l'œil je vois David se redresser et s'asseoir sur le banc, non loin de moi.

« J'espère que je ne t'ai pas dérangé dans ta prière. »

Je ne quittais pas la statue du regard, comme si je sentais le Christ lui-même me regarder. Je restais droite comme un I, le dos bien droit, frôlant à peine le dos du banc.

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J'ai besoin que tu fasse preuve de ferveur

J'entends David soupirer, et je viens à en faire de même, mais intérieurement. Je ferme les yeux, une fraction de seconde, avant de les réouvrir, regardant toujours la statue du Christ devant moi. Je savais que cela n'allait pas être facile de lui, mais je ne pensais pas que cela commencerait de façon aussi tendue entre nous. Enfin, ce n'est pas comme ci nos rapports avaient été un jour amicaux. Je regrette pendant, un court instant, d'être venu le voir. Heureusement, ou malheureusement, je me rappel que je n'ai pas d'autre alternative, à part lui. Je dois me concentrer sur ça. Mettant de côtés toutes les petites querelles qu'on a pu un jour.

« C'est plus complexe que ça... » Répondais-je calmement, tout en baissant presque tristement le regard.

Je finis par tourner les yeux vers lui. Je ne peux pas lui demander une telle faveur sans le regarder dans le blancs des yeux. Après tout, ce n'est pas comme si je lui demandais simplement un câlin, ou d'écouter l'une de mes confessions. Non, la demande que j'allais lui faire était bien plus complexe que cela, et je n'avais vraiment personne vers qui me tourner.

« David, je sais que tu ne m'aimes pas beaucoup. Tu ne peux pas le nier. Il faut dire que j'ai jamais vraiment mis du mien aussi. Mais au moins, nous défendons la même cause avec la même ferveur. »

Je regarde discrètement derrière, à droite, à gauche, puis je me rapproche de David, glissant légèrement vers lui. Je ne peux pas parler tout fort de notre cause, cela pourrait nous porter préjudice. On ne sait pas à quel point notre ennemi peut être proche de nous, à tout moment.

« Si je viens de voir aujourd'hui, c'est pour te demander une faveur. Une immense faveur. Si tu l'accepte, je te serais éternellement reconnaissance. »

Mes yeux étaient plantés dans les siens, et il pouvait lire dans mon regard, tout comme il pouvait l'entendre dans le timbre de ma voix, que j'étais en peu plus sérieuse.

« Beaucoup de nos frères et nos sœurs, sont malheureusement mortes lors de notre première action pour la cause. Ils sont morts en héros, et je sais que leurs âmes se trouvent à présent auprès de Dieu. Mais... Cela aurait pu être toi, tout cela aurait pu être moi... »

Je ferme les yeux un instant à nouveau, pensant à chacune des personnes mortes au non de la cause. Je prie presque tous les soirs pour eux. Je suis sûr que le seigneur les a accueillis les bras grands ouverts.

« Je n'ai pas peur de mourir pour la cause, au contraire, cela serait un honneur. Cependant... Si je viens à quitter ce monde pour rejoindre le paradis, je me dois de penser à la personne que je laisserais derrière moi... »

Ma voix est soudainement remplie de beaucoup de tristesse. Je viens poser une main sur la sienne. C'est la première fois que j'ai un geste aussi doux et gentil envers lui.

« David... Si je viens à mourir, j'aimerais que tu te charge de veiller sur mon petit frère. » Finissais-je par lui dire, tout en sentant les larmes me monter aux yeux.

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J'ai besoin que tu fasse preuve de ferveur

Charlie a toujours été une personne à part du reste du monde. Il a été toujours été différent, mais c'est ce qui le rend si unique, si bon et si gentil. Je me suis promis, depuis la première fois ou j'ai posé les yeux sur lui, de veiller sur lui et ceux jusqu'à la mort nous sépare. Je l'aime plus que ma propre vie et je serais prête à tout pour le protéger. C'est un petit angelot. Il est fragile, incapable de vivre sans que quelqu'un à ses côtés pour le guider. Il est tel un enfant, un enfant pour l'éternité. Dieu lui a donné ce don, ce don merveilleux lui permettant de voir pour toujours le monde à travers le regard d'un jeune enfant découvrant le monde. Il est de mon devoir de le protéger, de faire attention à chaque pas qu'il fasse et cela est plus qu'un honneur. Cependant... J'ai compris il y a peu que je ne pourrais pas être éternellement avec lui...

C'est pour cette raison que je suis venu voir David aujourd'hui, guidé par la voix du seigneur, afin de lui demander de bien vouloir prendre ma place le jour ou je devrais quitter le monde, montant au paradis, et sans doute plutôt que prévue aux vues des événements récents qu'on subit d'autres membres dans notre cause. David semble très troublé par ma demande, ce que je peux tout à fait comprendre. Il me demande si je suis sûr qu'il soit la personne idéale, ajoutant qu'il a du mal à s'occuper de lui-même. Il continue en parlant de son logement trop petit et de son salaire trop faible.

« David, tu n'as pas à t'en faire pour tout ça. » Disais-je calmement, en serrant doucement sa main dans la mienne, cherchant à le rassurer. « Pour ce qui concerne le logement, tu irais vivre chez moi. Ma maison est très grande, et tu aurais ta propre chambre, ainsi que ta propre bible dans ta table de chevet. »

Je rigolais légèrement, un léger rire cristallin, cherchant à détendre quelque peu l'atmosphère malgré la gravité du sujet que j'abordais. Ma mort.

« Au niveau de l'argent, sache que j'ai beaucoup hérité de mes parents adoptifs, quand ils sont morts... J'ai toujours pris soin de garder une certaine somme de côté, assez conséquente, si un jour je ne pouvais plus travailler pour une quelconque raison. Tu aurais donc ce qu'il faut pour toi et mon frère jusqu'à la fin de vos vies à tous les deux, sans le moindre problème. »

À m'entendre, il était clair que j'avais beaucoup réfléchis à d'éventuel obstacle que Dieu aurait pu mettre sur ma route. C'est d'ailleurs pour cette raison que j'étais ici, afin de me préparer au pire. Même si, si je viens à mourir, cela signifie que Dieu a eut raison de le faire.

« J'ai confiance en toi David, plus qu'en qui compte. Je sais ce que je te demande est bien plus qu'une simple faveur, mais je sais également que tu serais t'occuper de mon frère correctement. Tu es un homme bon. »

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J'ai besoin que tu fasse preuve de ferveur

Je sens mon cœur se remplir de bonheur et de soulagement face à David. Il vient d'accepter de s'occuper de mon petit frère, si jamais je venais à mourir. Savoir cela me rassure grandement, me donnant même le sentiment que je pourrais sans problème de mourir demain, si le seigneur venait à m'appeler à le rejoindre au paradis. La mort ne me fait nuellement peur, car si cela vient à arriver, ça serait un choix que Dieu aura fait, et personne ne peut contester un choix divin tel que le sien.

Je sens l'autre main de David se poser sur la mienne, l'entourant. Je sens une douce chaleur m'envahir, une sensation de bien être et de paix intérieur. Cela me fait regretter nos querelles du passé. Nous aurions pu devenir de bon amis si nous l'avions seulement voulu. Mais... Ce n'est peut-être pas trop tard ?...

« Merci infiniment, David. En échange, je te promets que si à l'avenir tu as besoin de quoi ce soit, je dis vraiment quoi ce soit, sache que je te dirais oui, sans poser la moindre question. »

Si un jour David venait à sonner à ma porte, avec une pelle dans une main, me disant qu'il faut enterrer un cadavre, je le ferais. Je ne lui poserais pas de question, je creuserais un trou avec lui, dans mon jardin si il le faut, mais je ne demanderai pas d'information sur ce cadavre qu'il chercherais à cacher. J'ai confiance en David. Tout comme moi, son cœur est bon et pure. Il est tourné vers Dieu et vers notre cause.

David vient à me demander de lui parler de Charlie, ayant envie de le connaitre. Un sourire vient illuminer mon visage. J'aime tellement mon petit frère, même si le sang nous ne lie pas, notre passé commun le fait amplement. Je suis vraiment heureuse que David ait envie de le connaitre. Cela me fait chaud au cœur. Il me demande même si il peu le voir. Il a vraiment envie de faire sa connaissance.

« Eh bien... Pourquoi tu ne viendrais pas diner à la maison ? Tu pourrai le rencontrer et aussi voir ou j'habite, on ne sait jamais. » Proposais-je en souriant. « J'aimerai beaucoup que tu fasse sa connaissance. Charlie est vraiment une personne formidable, très gentille et je suis qu'il t'aimera beaucoup. »

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J'ai besoin que tu fasse preuve de ferveur

Je suis vraiment très heureuse que David accepte mon invitation à diner, afin de rencontrer Charlie. Je sais d'avance qu'il va l'adorer. Qui ne peut pas adorer mon petit frère ? C'est un amour, un petit ange bénie des dieux. Attention, pas comme Gabriel, ça n'a clairement rien à avoir, mais Charlie lui aussi a reçue un très beau cadeau du seigneur, bien moins grand que son fils certes, mais cela reste reste un don. Je pense que cela surprendra David au début, mais il est une bonne personne et verra surement Charlie comme moi je le vois. Il le verra comme une personne ayant reçu le don de voir à jamais le monde à travers les yeux innocents et pures d'un enfant. Devrais-je le prévenir ? Non, je ne pense pas.

Mon sourire s'agrandit un peu plus quand David vient à me demander ce qu'aime Charlie, car il aimerait lui offrir un petit quelque chose.

« Les manchots. » Répondais-je très rapidement sans réfléchir un seul instant. « Charlie adore profondément ces animaux-là. Ils les fascinent réellement. Mais tu peu lui offrir n'importe quelle peluche, livre parlant des animaux, ou même n'importe quel conte, que cela lui fera très plaisir. »

Je pose une main au niveau de mon cœur, étant vraiment touché par le geste de David. Cela me fait vraiment chaud au cœur tout ça, surtout de voir que nous pouvons si bien nous entendre finalement. Le seigneur a bien fait de guider mes pas jusqu'à lui. À présent, je ferais en sorte que notre relation reste ainsi, douce et amical.

David vient à me demander si nous sommes orphelins. Une question qui me surprend un peu, mais je comprend vite pourquoi il me l'a demandé. Avant que je n'aie le temps de répondre, il m'avoue être orphelin. Sa main serre la mienne, et mes doigts viennent doucement s'entrelacer avec les siens.

« En fait... Je suis plus ou moins orpheline... »

Est-ce que je dois parler de mon histoire à David. Mon regard se tourne vers la statue de Jésus, cherchant la réponse à ma question. Le seigneur m'a guidé jusqu'ici. David a accepté de prendre soin de Charlie si je viens à mourir. Alors je peu surement me confier à lui.

« Mes parents sont morts quand j'étais toute petite. On m'a placé dans un orphelinat et c'est là que j'ai rencontré Charlie. Nous sommes pas frère et sœur de sang, mais je sens que notre destin était de l'être. On a été ensuite été adopté ensemble, mais... Cet homme et cette femme avaient clairement vendu leur âme au diable. Ils nous ont fait beaucoup de mal... Ils sont beaucoup blessés Charlie... » Ma voix est un mélange de tristesse et de colère. « Heureusement, ils sont morts, brûlée par les flammes de l'enfer. »

De ma main de libre je viens à faire le signe de croix, tout en fermant un instant les yeux. Je me tourne ensuite vers David.

« J'aimerais te poser des questions à mon tour sur ton passé, mais je me dis que tu n'as peut-être pas forcément envie d'en parler, et je respecte ton choix. »

David finit par me demander à quelle heure il puisse venir diner. Alors que je réfléchis, quelques instants, il me demande si il y a un dress code en souriant avec amusement. Je sens mon cœur faire un léger boum dans ma poitrine. Son sourire, on dirait le même que Charlie. Tout cela me fait sourire à mon tour.

« A 20 heures cela serait parfait. Pour la tenue, viens comme tu veux. Comme tu te sens le plus à l'aise. D'ailleurs, quel est ton plat préféré ? J'aimerais te remercier pour tout cela en t'offrant le diner qui te ferais plus que plaisir. »

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