Un pas derrière l’autre, il s’entrainait pour ne rien perdre durant le spectacle. Il voulait faire de son mieux, de son maximum. Imaginez si son père venait vraiment ! Il lui avait dit qu’il viendrait, mais… Mais Sam avait encore du mal à y croire. Tout ce temps il avait attendu que son père fasse attention à lui et maintenant il était si présent, que Sam craignait la moindre erreur, le moindre faux pas.

Alors que son père fasse irruption à son spectacle pour le voir…
Le reste de la troupe sentait son stress, mais ne lui en tint pas rigueur. Ils savaient. Les Brooklyn Fairies n’étaient pas si nombreux, et ils se connaissaient bien. Et puis, ils savaient qui était Sam. Parce que le nom Theïrin n’était pas inconnu. Au-delà de ça, ils avaient même été surpris que Sam rejoigne la troupe sans même se poser de question.
Forcément, il était parfois l’une de ses célébrités qu’on voyait passer dans le journal.
Mais Sam leur avait aussi dit que son père venait, et que c’était la première fois.

Et finalement, si la troupe ne tenait pas rigueur à son stress, c’était bien parce que l’idée que Gregory Theïrin, qui n’était rien de moins que le directeur d’Androïd Technology, débarque parmi eux, les stressait aussi.
Oh, il venait surtout pour voir son fils, mais il en restait que la plupart des autres membres de la troupe sentaient qu’ils allaient devoir mettre les bouchées doubles pour que le spectacle soit parfait.

Mais par amitié pour Sam, il lui avait même laissé une danse solo. Et puis, ils savaient que le garçon maitrisait ce qu’il faisait, donc qu’il n’y aurait pas de problème.
Seulement, maintenant, Sam stressait. Et s’il était incapable de danser correctement parce que son père était dans la salle ?

Il repensa à Judi alors. Judi qui s’il avait été là l’aurait soutenu. Judi qui existait, maintenant. Judi existait. Il n’arrivait toujours pas à y croire.
Il n’en avait pas parlé à son père. Pas encore. Il…Ne voulait pas. N’osait pas ? Oui aussi.

Mais Judi avait été là pour lui, son premier ami de la danse.
Et le fait qu’il ait dansé avec le vrai « Judi » l’aida à se sentir mieux.

- Ca va aller, Sam. Ca va aller.

Enfilant ses chaussons, il se dit aussi que ce n’était pas la première fois que son père venait. Mais la dernière fois, c’était un petit spectacle. Là, c’était un spectacle qui avait même été annoncé dans le journal, et où il y avait tout le monde.

- Il est déjà venu. Ca va aller.

Il vit les autres sembler stresser aussi, et se sentit moins seul.
Quelques heures plus tard, tout le monde avait enfilé ses costumes, s’était préparé, avait révisé, et le Little Shakespeare commençait à accueillir le monde nécessaire pour remplir la scène.

Ce fut une fille qui s’occupait de l’entrée qui accouru vers Sam et lui fit :

- Il est là.
- Oh mon dieu. Il est là, répéta Sam, n’étant pas sûr d’être prêt
- Ca va aller Sam ! Je l’ai mis au second rang, comme ça il te verras bien !
- Tu es parfaite Cindi !

La jeune femme partit, et Sam souffla un peu plus. Le spectacle commençait dans quelques minutes. A peine cinq. La salle était sûrement bien remplie, et lui avait le ventre qui se tordait.
Mais ça irait.
Ca irait.

Judi avait dit qu’il dansait bien. Même son père avait dit qu’il dansait bien. Plusieurs fois.
Mais était-ce une raison pour faire qu’il ait une danse solo pour le spectacle ?
Déjà le spectacle commençait.

Sam était habillé d’une tenue légère, rappelant presque une fée. Le spectacle tournait autour de ça. Le spectacle était inspiré du songe d’une nuit d’été. Il avait un maquillage qui brillait, il avait même été décidé qu’il serait Puck cette fois.
Il connaissait les danses de Puck, mais quand même.
Les Brooklyn Fairies en avaient trop fait parce que son père venait. A son humble avis.
Il s’élança avec les autres, et le spectacle pu commencer.

[AAAALORS POUR LES EXPLICATIONS. Je suis fan d’un film gay qui s’appelle Were the World Mine qui est vraiment inspire du songe d’une nuit d’été (c’un spectacle musical) et du coup Sam doit ressembler à ça :
Et à ça : http://www.filmoutsandiego.com/images/poster-WereTheWorldMine.jpg
Mais le spectacle de danse est pas gay hein, juste s’inspire aussi de la pièce de thâtre du songe d’une nuit d’été xD https://i.servimg.com/u/f30/19/45/51/53/maquil10.png
Le titre c’est un extrait d'une chanson d'ailleurs xD]

[Est-ce ironique que c’est les musiques de Chris Colfer qui vont à Sam ? Je pense que oui. Je pense que mon esprit veut toujours jouer Harry :p *sbaff*]
Sam s’était élancé sur scène avec les autres. Il connaissait par cœur chaque pas, mais s’assurait de ne jamais se tromper. En même temps, il y mettait toute son énergie.
Il voulait que son père soit fier de lui. Tellement fier de lui. Si son père n’était pas fier de lui, alors il… Non il ne devait à penser à rien d’autre que les pas. La danse.
Son père serait fier de lui.
Allez.

Tournoyant même dans les airs, c’est pourtant durant son solo, que le jeune homme prit conscience de quelque chose qui manqua de lui faire un faux pas. Son père semblait mal. Plus encore, son père fini par se lever pour partir.
Sam ne voyait pas grand-chose, bien sûr, le public n’étant pas tant éclairé. Mais il le vit, et là, rata un pas.

Se rattrapant comme il put, il poursuivit, mais il ne pouvait s’empêcher de le suivre du regard. C’est là qu’il le vit tomber.
Et que si la musique continuait, Sam, s’était arrêté brusquement, écarquillant les yeux.
Bien sûr, son père était sorti de l’hopital il y a tout juste un mois…Mais qu’il s’effondre comme ça… Ne pensant même pas au fait qu’il pourrait mal réagir vis-à-vis de sa phobie, il oublia tout, même le spectacle.
En fait, il y repensa alors qu’il courrait pour descendre de scène, regardant le public :

- Désolé, je… Il vient de tomber !

Sautant de la scène qui n’était pas si haute, il courut pour aller voir. Son cœur battait. Il avait peur. Tellement peur.
Plus rien ne comptait à part savoir comment allait son père. Et si la troupe sembla le comprendre parce que les lumières se rallumèrent brusquement, Sam était déjà vers lui.

Il le secouait, essayait de sentir sa respiration, la sentit, se rassura pendant un instant, mais il paniquait.

- Papa ! Papa, réveille-toi !

Des larmes perlaient déjà à ses yeux maquillés, et si ça ruinait tout ce que le maquilleur avait pu faire il s’en fichait. Il ne pensait à rien d’autre qu’à son père. Son père qui avait perdu connaissance. Son père qui toussait trop. Son père.

Sam avait peur. Si peur, que par bonheur, il ne regarda pas les mains de son père, il ne vit pas le sang, il paniquait juste. Sa respiration tendait à son tour à accélérer de façon trop répétée. Il avait si chaud, et il…
Son père.

Il pleurait, sentant sa respiration trop rapide, mais l’ignorant. Il savait très bien ce que c’était. Il savait pourquoi, mais il l’ignorait, hurlant qu’on appelle une ambulance, et s’écroulant presque sur son paternel.
Il ne pouvait pas…Il ne pouvait pas partir comme ça hein ? Parce que…Sam venait à peine de le retrouver. Il ne voulait pas le perdre. Pas maintenant. Pas comme ça.
Il avait encore besoin de lui pour savoir où aller.

A côté de lui, la troupe s’agitait. Sûrement qu’un appela les services nécessaires. D’autres essayaient de soutenir Sam, il sentit même une main sur son épaule. Mais pour le coup, ça ne changeait pas grand-chose.

La seule chose qui comptait, c’était son père.

Sam avait l’impression d’être le spectateur de ce qui se déroulait devant ses yeux. Lui qui était acteur de ce spectacle de danse, il y a un instant, avait foncé, presque s’envolant, comme si les ailes dans son dos lui avait permis. Et maintenant ? Maintenant, il entendait le monde s’agiter autour de lui, mais il pensait juste à son père.
Son père qui s’était effondré sous ses yeux.
Quelque chose battait dans son corps, et c’était bien la seule chose qui arrivait à comprendre ce qu’il devait faire en ce monde.
Sam lui, ignorait ce qu’il pouvait faire.

Il lui sembla que sa meilleure amie fut là pour agir. Qu’elle le repoussa doucement, pour faire ce qu’elle savait faire : montrer qu’elle étudiait en médecine, que ça avait de l’utilité, faire quelques premiers secours.
Il lui sembla ce fait, mais il ne fut pas sûr. Peut-être que Sam aurait préféré que son père saigne. Si cela était arrivé, alors il aurait perdu connaissance. Et tout serait allé plus vite.

Là il ne savait pas. Il ne savait pas ce qu’il se passait, et se sentait terrifié, tandis que ses yeux s’embuaient de larmes, qu’il n’arrivait pas à retenir.
A un moment donné, l’ambulance termina d’arriver, et il en fut presque soulagé. Il faisait confiance à Alex. Mais il faisait encore plus confiance aux gens équipés pour aider son père.
Personne ne demanda l’identité de l’homme au sol. Tout le monde connaissait Gregory Theïrin, et les journalistes qui voulaient affluer, n’aidaient pas à la cacher.
On demanda pourtant à Sam, s’il était bien son fils.
C’est vrai que le père et le fils n’avaient pas tant été vus ensemble durant toutes ses années. Il ne sut comment, mais il parvint à confirmer.

Gardant son costume de fée, son maquillage ruiné, il suivit, comme un pantin vide d’âme, les gens lui disant de monter dans l’ambulance.
Alex sembla montrer son soutien, mais Sam était perdu dans un monde qui n’avait rien du pays imaginaire, se rapprochant plus du cauchemar. Il était tellement inquiet. Il avait tellement peur de perdre ce qu’il venait juste d’avoir. Il ne voulait pas. Il avait peur. Ses mains tremblaient, son corps aussi, aurait-il respiré trop vite, que personne n’aurait été surpris.
Dans l’ambulance, il resta inquiet.
Jusqu’à ce que son père ouvre les yeux. C’était comme un espoir, une preuve que son père n’était pas encore parti. Il avait laissé derrière lui, loin très loin le spectacle de danse.
Sam se redressa vite, rassuré de voir son père les yeux ouverts.
Son père qui s’inquiétait pour le spectacle. Sam qui s’en fichait bien que celui-ci fut gâché, qui s’inquiétait juste pour ce père qu’il avait tant voulu avoir.

Il se sentit pourtant tout gêné. Ne sachant pas quoi répondre.

- Papa ! Ca va aller….

Mais la discussion coupa court. Il fallait bien que Gregory reste calme, se repose. Pour le moment, le personnel médical ne disait rien sur ce qu’il s’était passé. Et Sam resta silencieux, mais inquiet. C’était le mot. Paniqué aussi.
Quelque part, il avait peur du verdict. Tellement peur. Devait-il appeler sa famille ? Non. Il ne se sentait même pas capable de parler. Il attendrait. Pardon tout le monde, mais il attendrait. Oh. Et si Alice apprenait ça…Elle serait tellement…

Sam serra les poings, se sentit mal, baissa la tête, et son maquillage coula un peu plus.
L’ambulance fini par arriver. On guida Sam en salle d’attente, lui faisant signe de patienter. Quelle horrible demande que voilà. Patienter.
Et si entre temps, son père expirait ?
Non non non non.
Sam ne pouvait même pas danser pour se calmer. Il se mit à jouer nerveusement avec son costume, se demandant si pendant un instant, il pouvait devenir une vraie fée. Les fées avaient des pouvoirs pour guérir les gens ?
Il joua avec son téléphone. Il n’osait toujours rien dire à personne, et répondit subrepticement aux SMS de sa meilleure amie qui s’inquiétait.

Cela le détendit un peu. Alex avait les quelques mots pour le réconforter.
Mais ça ne suffisait pas.
Sam regretta de ne rien avoir sur lui pour écouter de la musique.
Il manquait aussi de la sérénité de sa chambre. Et des moments passés chez son père. L’angoisse lui tordit tant le ventre à un moment donné, qu’il se leva pour aller aux toilettes.
Tant pis pour le diner pris avec la troupe.

Seulement, il était déterminé à ne contacter personne. Il n’osait pas.
Portant sur lui toute sa peur, seul. Tant pis. Tant pis il pouvait le faire !

Finalement, un médecin accepta de le laisser entrer dans la chambre où se tenait son père. Sam fut soulagé. Si son père tenait encore dans une chambre, alors, il était vivant.
Le garçon s’y précipita, ses ailes semblant le faire s’envoler. Forcément, on le regardait étrangement, mais il n’en avait cure.
Il resta assis. Le temps ne semblait plus avoir d’emprise sur lui, enfermé dans sa bulle. Il se laissait noyer sous ses mauvaises pensées.
Au fond, sous ses larges sourires, Sam n’avait jamais été si optimiste que ça.
Il se demanda même un instant si c’était sa faute.
Mais voyons. Non.

Personne ne l’informa de rien, et il resta dans l’inconnu, juste inquiet de voir son père se réveiller. Ce qui fini par arriver. A un moment donné. Sam ne savait pas combien de temps avait passé, mais il devait être la nuit, très fort. Plus que quand il avait quitté le spectacle.
Les premiers mots de Gregory pour Sam, furent des excuses, et le garçon secoua la tête.

- Non c’est pas ta faute !

Il n’avait toujours pas enlevé le costume, ou tenter de se soulager des ailes, ni même du maquillage qui à présent lui donnait une drôle de mine, vu qu’il était totalement dévasté.
Sam n’y avait même pas pensé. Lui qui pourtant pensait toujours à être présentable devant son père.

Il voulut parler plus, mais on l’interrompit de nouveau.
A croire que cette fois, il fallait que père et fils ne soient pas si rassemblés. Il baissa un peu la tête quand un médecin entra.
Est-ce que son ventre pouvait encore se vider ? Il n’en savait rien, mais il avait l’impression de ne plus avoir de ventre, tellement il se tordait.
La crainte. Toujours elle. Posée sur ses épaules, les serrant plus fort que jamais. Mais il ne devait pas tant le montrer.

Sam voulait être fort devant son père.
Son père ne devait surtout pas savoir que son fils était un pleurnichard.
Sam se concentra sur les mots du médecin. Et, le choc le renversa un peu plus. Par bonheur, le cadet des Theïrin était assis, sinon il serait probablement tombé.
Son père, empoisonné ?! Bien sûr, ça n’était un secret pour personne que Gregory Theïrin avait des ennemis. Son bras manquant en était la preuve. Mais… Quelqu’un l’avait empoisonné ?!

Les sourcils de Sam se froncèrent comme jamais, tandis que d’autres larmes perlèrent à ses yeux. Il ne pourrait pas les retenir, pas avec un tel choc.
Sam laissa son regard se tourner vers son père. Y cherchant un indice. Une idée. Peut-être que son père savait qui aurait pu faire ça ?
Pas Alice tout de même ? Non voyons ! Sam était un idiot de penser à ça ! Alors qui ? Qui pourrait vivre avec lui et l’empoisonner ?

Le médecin poursuivit, expliquant plus de détails, mais tout ça ressemblait juste à un long cauchemar sans fin. Et si à chaque fois que son père sortait, quelqu’un lui faisait du mal ? Depuis l’incident du zoo…Depuis le jour de son anniversaire, Sam avait toujours quelqu’un pour veiller sur lui. Son père aussi, sûrement.
Mais tout de même !

Son père était sorti tout juste de l’hopital ! Enfin…Cela faisait un temps, mais tout de même ! …Des petites doses à long terme.
Qui ? Comment ?
Pourquoi ? Pourquoi est ce que le monde en voulait autant au directeur d’Android Technology au point de vouloir à point sa mort ?
Sam n’avait jamais été bon pour résoudre des énigmes. Et même s’il s’était rapproché de son père, il ne voyait personne qui aurait pu faire ça.
Peut-être parce que son père connaissait trop de monde, et était connu de trop de monde.

Et si ça recommençait ? Si son père était à nouveau menacé de mort ? Il sembla un instant que la tête de Sam lui tourna. Est-ce que ça faisait trop ?
Après tout, c’était la chose qui lui avait été tant précieuse, qui était menacée de mort. S’il le perdait alors il…

Il secoua la tête. Sam essayait de se reconcentrer. Le médecin était sorti, son père ne disait rien. Mais Sam ne voyait pas quoi dire non plus. Depuis le moment où son père avait perdu connaissance, là-bas, loin, au spectacle, il lui avait semblé devenir muet. Il avait été tout juste bon à dire « Je suis bien son fils » et c’est tout. Oh…Et les paroles qu’il lui avait adressé aussi.

Mais Sam se dit que son père devait être en détresse aussi. Après tout, il venait d’apprendre qu’il avait manqué de mourir, parce qu’on avait tenté de le tuer avec du poison non ?
Sam ne devait pas montrer sa propre peine. Ni son inquiétude. Sam devait aider son père. Sam voulait aider son père.
Soufflant, il prit sur lui. Oh, comme il était douloureux de voir à quel point il savait enterrer ses sentiments. Il ne sourit pas néanmoins. Mais se voulu rassurant. Cherchant les mots pour ça.

- Papa…Je… Je sais pas qui a pu faire ça… Mais ils vont trouver quelque chose, j’en suis sûr ! On va trouver qui a fait ça ! On…Tu penses à quelqu’un ? Ca va aller. Le personnel médical est compétent. Tu es sûr de pas vouloir prévenir la police ? Oh Papa….

Et pourtant, malgré tout ce que Sam voulait employer comme moyen, il prit soudain conscience qu’il ne pouvait retenir sa détresse.
Probablement qu’elle était trop forte pour cette fois. Probablement qu’il ne pourrait pas la retenir assez. Il avait besoin de s’assurer que son père était là.

Cela lui rappelait le cauchemar du zoo. Celui qu’il avait vu à la télé, avant de passer cette horrible nuit. Le pire anniversaire de tous les temps, ça, c’était sûr.
Il avait encore manqué de perdre son père. Sauf que cette fois, il était le seul à le savoir, comme il n’avait encore rien dit à personne.
Il se leva, et durant un instant, Sam se demanda comment il faisait pour tenir debout. En faisait-il trop ? Probablement que non.
Probablement que son lien vis-à-vis de Gregory était de cette force là.
Il avança doucement, parce que ses jambes restaient lourdes, et il prit très doucement son père dans ses bras.
Pas si fort. Le moins fort possible. Il ignorait quel type de poison c’était, et les conséquences que ça avait.
Il avait juste vu son père s’évanouir sous ses yeux, alors….

Il le serra un peu, et sentit d’autres larmes couler.
Décidément, ses derniers temps, leurs enlacements n’étaient pas si positifs.

- Tu es vivant… C’est…C’est ce qui compte. Maintenant qu’on sait que quelqu’un essayait de… Voilà, ça n’arrivera plus !

Sam voulait y croire, mais il disait bien cela pour rassurer son père, parce qu’au fond de lui, une terreur intense ne cessait d’augmenter dans la moindre parcelle de son corps.
Parce que si un jour son père venait à disparaître…Que ferait-il sans lui ? Où irait-il ? Même son métier avait été choisi pour lui plaire.

Quelque part, c’était peut-être trop, mais il devait bien avouer quelque chose : beaucoup de choses dans sa vie dépendaient de son père. Il n’y avait bien que la danse…Cette passion qu’il avait justement voulu encore un peu montrer à Gregory, qui lui appartenait réellement.
Alors c’est pour cela, que la terreur allait finir par l’étouffer. Parce que sans Gregory, Sam avait l’impression de n’être plus rien.

Et c’était peut-être égoïste, et peut-être dangereux aussi.
Mais c’était un fait, et Sam s’en rendit compte au moment où il posa ses yeux sur son père, probablement encore malade de la prise de ce poison inconnu donné par une personne inconnue.
Et il n’y avait rien de plus terrifiant, outre la perte de sa raison de vivre, que des équations à trop d’inconnues.

Quelque part, ça semblait logique, que son père lui dise que ça allait. Parce que Sam paniquait, qu’il était dans un état relativement médiocre et que son visage avait un maquillage si coulé qu’il était plus proche du panda que d’une fée.
Mais Sam savait que son père mentait sûrement. Comment cela aurait-il pu aller, alors qu’il avait été empoisonné ?
Et Sam se sentait si impuissant de ne rien pouvoir faire de ça.
Il voulait pourtant aider. Protéger son père. Faire quelque chose. Maintenant qu’il l’avait retrouvé, ça lui semblait logique, non ?

Alors à la place, à défaut de pouvoir faire quelque chose, il le serra contre lui. Comme ça, il sentait son corps, il sentait sa vie. Il le sentait exister, comme il se sentait à présent un peu plus exister. Parce qu’après tout, il avait eu peur.
Et la peur, nous faisait oublier qui on était, nous transformant parfois juste en lambeau mouvant.

Son père pouvait lui affirmer que ça allait aller, Sam savait que c’était faux.
D’abord son bras, maintenant ça. Son père était en danger. Vraiment. Et s’ils ne trouvaient pas ? Et s’ils ne parvenaient pas à comprendre ce qu’il s’était passé ? Et si la prochaine fois son père y passait ?
Et si.
Sauf qu’avec des si, on pouvait juste couper des arbres, pas prédire l’avenir.
Pourtant, Sam prétendit aussi la même chose.
Tout va bien. Tout va bien.
Comme un talisman, se basant sur la morale et les lois.
Gregory sembla préférer que son fils rentre. Et bien qu’il fût vrai que Sam était un poil épuisé, il se voyait mal rentrer. Parce que ça ne changerait rien. Il allait juste ressasser ce qu’il s’était passé, tourner en rond dans sa chambre, se sentir mal, et voilà.

- Je…Je veux rester !

Il essuya encore ses yeux pandesques. Il sentait le poids léger de ses ailes lui peser malgré tout sur le dos, à force.
Peu importe.

- S’il te plaît. Ça ne servira à rien que je rentre…Je veux rester. Vers toi. On…On peut parler ? Je ne sais pas de quoi mais… Si tu veux je peux même te faire la danse que j’aurais dû faire !

Bon.
Il n’y avait pas tant la place dans la chambre.
Mais après tout, si ça pouvait permettre à quelque chose. Comme se changer les idées. Se défouler. Laisser couler tout ce qui lui faisait des larges poids dans les jambes.

Sam avait l’impression de dire n’importe quoi. De proposer n’importe quoi.
Ce qui sortait de sa bouche n’était pas utile, il en était sûr. Il se sentait tellement mal de voir son père tellement mal. Qu’il avait dit ce qui sortait de sa tête.
Mais franchement, faire la danse qu’il avait raté ? C’était idiot !

Sam se sentait embarrassé. Mais son père ne sembla pas lui en vouloir, ni même trouver ça stupide. Il fut un peu rassuré.
En fait, Gregory adorerais même, selon ses dires, voir ça.
Ca surpris Sam qui se sentit presque rougir. Juste presque.

Mais d’abord, son père sembla vouloir s’occuper des messages, et Sam hocha vivement la tête :

- Oui ! Bien sûr !

Il resta assis à jouer avec ses doigts.
Ca aussi, il aimait bien le faire. Jouer avec ses doigts. Rougir. Parfois se mordre les lèvres. Il se sentait aussi si souvent stupide.
Comme précédemment. Quand il ne savait pas quoi faire, quand il regardait presque pas son peur de peur de s’évanouir s’il y avait du sang. Quand Alex l’avait poussé pour gérer.

Alors danser pour aider son père, vraiment ?
Il se sentait crétin même après que son père avait semblé enjoué.
Quelque part, les deux se découvraient.
Sam était sûr qu’un jour, son père finirait par ne plus le voir.
Mais il vit la main de son père, que celui-ci lui tendait. Il hésita. Avait-il le droit ?
Ca faisait un mois qu’il le redécouvrait, et il hésitait toujours.
Il prit pourtant sa main.

- …Tu es sûr pour la danse en fait ? …Je veux dire…Tu veux peut-être plus qu’on parle ? Ou je sais pas… Ou…Ouais…

Ah. La gêne. L’angoisse. La timidité. Et la peur.
Sam pouvait être cette boule d’énergie souriante, qu’en fait, vu la situation, il commençait doucement à s’effriter.