Je sors petit à petit du sommeil. Une fois de plus, je me sens vraiment bien et je ne comprends pas tout de suite pourquoi. Mais très vite, je prends conscience de sa présence près de moi.
Je n’ai pas encore l’habitude de ce bonheur, il est inhabituel pour moi… mais si doux !
J’observe David quelques instants. Mon cœur se gonfle de joie et d'amour. Il est si beau… Si on m’avait dit il y a encore une semaine que me réveillerais un jour dans les bras de l’homme que j’ai si longtemps aimé, j’aurais certainement ri... puis pleuré un peu. Il m'a peut être fait du mal un jour mais ca n'a jamais été de sa faut. Et je l'aime tellement!
Je finis par me lever non sans avoir déposé un léger baiser sur la joue de David. Je vais directement dans la cuisine, suivis de prêt par Lucifer qui réclame sa pitance.
Après avoir nourri mon chat, je prépare de quoi nous nourrir moi et David avant de tout amener dans le salon en attendant qu’il me rejoigne.
En l’attendant, je plonge dans mes pensées. J’ai encore parfois du mal à ne pas penser que je rêve, que j’ai tout inventé et que je suis toujours seul dans mon appartement ou même en train de dépérir dans un coin sous un pont. Mais non, c’est vrai, vraiment vrai. Il m’a dit qu’il m’aime et… j’ai tellement envie de le croire ! Je pourrais douter, me dire que c’est trop beau, que ça cache quelque chose ou penser que je ne mérite pas son amour. Et c’est peut-être vrai… mais j’ai pas envie d’y croire. Je veux croire en ce bonheur et en son infinité. J’ai envie de croire en mes rêves et en leur accessibilité. Il est mon premier rêve, mon plus grand rêve. Et quant à mon autre rêve… je crois qu’il va falloir que je lui en parle maintenant qu’on vit sous le même toit, surtout si ça concerne de la gestion de l’argent. Ce n'est pas vraiment drôle à faire mais c'est important je pense de mettre les choses au clair dès le début...
Je me lève et sort le dossier que j’ai commencé à constituer en faisant des recherches sur le fonctionnement d’une librairie, sur son coût, son coût à l’ouverture et la manière de faire. C'est un dossier de peut être une centaine de page sur lequel il y a simplement écrit "le goût de la liberté". Je le pose sur la table basse et continue à attendre David, les mains autour d’une des deux tasses de chocolat chaud pour me réchauffer.
Il fini par arriver et je lui offre mon plus beau sourire en lui tendant la tasse que j'ai préparé pour lui.
_ Bonjour David... bien dormi?

C'est fou ce qu’il est beau cet homme. C’est fou comme je l’aime cet homme.
David me sourit et je sens mon cœur bondir dans ma poitrine.
Je ne me lasserais jamais de cette sensation.
De même que le goût de ces lèvres sur les miennes.
Je voudrais vivre ça pour le restant de mes jours. Être avec lui, le voir sourire, écouter sa voix…
Il prend place à côté de moi et j’en profite pour l’entourer de mes bras.
_ Moi je trouve ca étrange, je dors beaucoup mieux depuis que tu es là… Tu ne trouves pas cette coïncidence bizarre toi ?
Je lui caresse un instant les cheveux quand je vois son regard se diriger vers mon dossier.
_ Oh ça, je voulais t’en parler justement.
Je me relève du dossier du canapé pour récupérer le dossier que je pose sur mes genoux sans l’ouvrir. Je ne sais pas trop comment amener ça. Je stresse un peu, je crois. Est-ce qu’il ne va pas trouver ce projet stupide ? Et s’il ne veut pas du tout que je me lance la dedans ? Après tout, je ne suis pas riche, et vivre à deux avec une seule source d’argent risque de sérieusement compliquer sa mise en place.
Je n’ose pas regarder David. Je garde les yeux baissés vers les documents entre mes mains.
_ En fait, depuis quelques mois, j’ai commencé à réfléchir à un projet qui me tient à cœur. J’ai fait beaucoup de recherches et je ne suis pas loin d’avoir tout ce qu’il me faut pour me lancer. Mais c’est un projet qui va coûter cher et maintenant qu’on vit à deux, l’argent il est pour nous deux, enfin pour nous trois.
Je jette un coup d’œil amusé à Lucifer qui passe par là en jouant avec un morceau de carton.
_ Enfin bref, ce que je veux dire c’est qu’il faut que tu sois d’accord, parce que c’est un engagement à long terme que je voudrais faire et ca risque d’être éprouvant financièrement et mentalement. Moi je m’y suis préparé mais toi…
J’ouvre enfin mon dossier et j’étale sur la table les documents qu’il contient. Des photos du local, des grilles remplies de calculs financiers compliqués, des listes de maisons d’éditions, des textes explicatifs sur les méthodes à suivre, des textes de loi…
_ Alors voilà, j’aimerais bien ouvrir une librairie.
Je finis par diriger mon regard vers David, inquiet de sa réaction malgré tout.

J’ai fait tellement de recherches, j’ai pris tellement de temps et j’ai surtout tellement l’envie de me lancer dans ce projet que la réaction de David m’inquiète vraiment.
Mais je me rends vite compte que mon inquiétude était peu être de trop.
David me complimente et semble même vraiment s’y intéresser !
Mes lèvres s’étendent dans un grand sourire alors que je l’enlace de nouveau, pour un vrai câlin cette fois.
_ Je t’aime tellement. Tu peux pas savoir à quel point je suis heureux que tu me dises ca !
Puis, après un petit baiser, je me lance dans des explications, d’autant plus excité par son soutien. Je jongle avec mes papiers, les lui montrant pour illustrer mes propos au fur et à mesure, avide de lui montrer mon travail. Je garde une de ses mains dans la mienne.
_ Le local que j’ai trouvé est un ancien magasin de fournitures de bureau. Ce n’est pas très glamour mais l’avantage c’est qu’il y a déjà des étagères qui peuvent contenir des livres donc pas besoin d’en acheter ! D’ailleurs on pourra même aller le voir si tu veux il est vraiment pas loin d’ici.
Bon par contre il va falloir prévoir des rénovations et un petit coup de jeune, mais ca j’en fais mon affaire. Je crois que je m’en suis pas trop mal débrouillé dans mon appartement et ca coûtera moins cher.
Pour le fond des livres je me suis renseigné auprès de plusieurs maisons d’éditions différentes et pour m’envoyer un fond de base plus des nouveautés et pour le prix ca dépend de la quantité mais comme je commence j’ai le droit de leur payer les livres que 12 mois plus tard.
Je continue ensuite sur des chiffres un peu plus complexes et un peu plus embêtant, sur le statue d’entreprise et sur l’emprunt à la banque au nom de l’entreprise ainsi que sur l’apport que je peux déjà faire avec mes petites économies.
Ce sont des gros chiffres, vraiment, mais je suis confiant et j’essaye de le faire ressentir à David.
_ Dès qu’on aura acheté le local, je me mettrais à la remise à niveau, le soir après le travail ou le matin quand je travaille pas, pour éviter de perdre de ma paye. Les premiers mois, je pense pas que je puisse vraiment me donner un vrai salaire mais j’ai regardé et il y a des aides de l’état pour ce genre de cas… Je suis désolé j’ai beaucoup parlé, mais si tu as la moindre question n’hésite pas hein ? Je ne veux pas que tu puisses t’inquiéter. Ca va être une belle aventure et je suis tellement heureux que tu sois à mes côtés.

David est vraiment un adorable. Il m’écoute parler, parler, parler en souriant.
C’est fou ce qu’il est beau. J’aimerais le voir sourire comme ça pour le restant de mes jours.
La chaleur de nos mains entrelacées me donne l’impression d’être une source de chaleur et d’énergie intarissable. C’est doux, c’est agréable et si puissant ! J’ai l’impression d’être là où j’ai ma place.
Il me propose de m’aider et je sens mon cœur faire des petits bons dans ma poitrine à l’idée de passer du temps comme ça avec lui.
_ C’est génial ! J’aurais sincèrement aimé voir ce que tu as pu y faire même si rentrer dans une église n’est pas toujours la chose la plus simple pour moi. Mais si c’est pour voir ton travail ça n’a pas de prix !
Même parler de l’église ne m’entame pas le moral ! C’est décidément très rare et surtout c’est grâce à David. Je ne sais pas s’il se rend compte de ça mais je me sens tellement bien !
Je suis sincèrement rassuré qu’il ne s’inquiète pas pour l’argent.
C’est vrai que l’église promeut souvent la pauvreté et le dépouillement comme un fondement de leur fois. Rares sont ceux qui respectent vraiment cette doctrine mais David est quelqu’un de sincère et dévoué alors forcément qu’il sait se contenter de peu. Mais je veux lui donner le meilleur. Et quand je me serais installé, c’est ce que je ferais.
Il m’embrasse doucement et je lui rends son baiser avec autant de douceur.
Je suis tellement heureux ! J’espère qu’il ressent ça. J’espère qu’il sait à quel point je l’aime.
J’approfondi mon baiser. Et presque sans me décoller de ses lèvres, je murmure.
_ Je t’aime David. Je t’aime tellement. Je pourrais jamais me passer de toi.
Je finis par passer mes bras autour de lui. Même assis, je suis plus grand que lui mais ca n’a aucune importance.

J’ai un pincement au cœur quand David rappelle que l’église a brûlé.
Non pas que je m’intéresse particulièrement à ce bâtiment, au contraire. Mais j’ai de la peine pour David. Cette église lui tenait à cœur et il doit avoir de la peine de l’avoir perdu…
Mais tout ça est vite oublié quand on commence à s’embrasser. Je sens mon cœur battre plus fort et plus vite. Surtout après qu’il m’ai dit qu’il m’aime.
Je le prends dans mes bras et ferme les yeux, profitant de se câlin. J’aimerais ne plus jamais bouger.
Je caresse doucement la peau nue de son ventre sous sa robe de chambre ouverte, comme par automatisme.
Sa peau est douce et chaude et c’est tellement agréable.
Je reste comme ça un moment avant de me rendre compte que David… David est excité… Je ressens soudain comme une vague de chaleur dans tout le corps.
Je me redresse un peu et caresse doucement son visage pour qu’il me regarde. Je l’embrasse puis lui souri tendrement avant de prendre la parole.
_ David tu veux… tu veux qu’on le fasse ?
On ne l’a pas refait depuis la première fois. J’aimerais bien le refaire mais je n’ose pas lui demander. Mais le voir dans cet état… Je me dis qu’il pense peut-être la même chose que moi ? Et si on n’ose rien chacun de notre côté on n’avancera jamais…
Je le regarde dans les yeux. J’ai envie de lui. J’ai envie de revivre ce qu’on a vécu la dernière fois. Mais sans larmes cette fois-ci. Sans moi qui perds le contrôle parce qu’il a essayé de me faire plaisir et sans lui qui se sent mal à la fin. J’aimerais… J’aimerais que se soit parfait de A à Z.
Mais je ne veux pas le forcer. Je sens… J’ai l’impression qu’il a quelque chose en tête, quelque chose qui le trouble.
_ On n’est pas obligé mais… moi j’en ai envie.
Je rougis d’avoir dit ça mais je ne baisse pas les yeux.
Mon cœur est toujours là à battre beaucoup trop fort et j’ai pris sa main dans la mienne.