Ça devient problématique. Tout devient problématique… je me suis déjà fait attraper une fois. Je ne suis pas à l’abris de l’être une seconde fois avec une personne beaucoup moins magnanime et compatissante. Je dois trouver une solution durable pour vivre correctement sans entrer dans la vie de plein de gens différent et squatter chez eux comme une vulgaire clocharde. Pas de boulot, pas de vie et plus de fric… c’est la merde. Je réfléchis en tailleur sur le canapé de Judi et Emy… je tourne mon cerveau dans tous les sens… le problème c’est mes parents et tant que ce problème ne sera pas réglé je ne pourrais pas vivre tranquillement loin d’eux. Mais en même temps qu’est-ce que je peux faire ? Je n’ai pas envie de quitter le pays et de toute façon j’ai plus d’argent. Aller voir la police ? Je suis illégal… il pourrait me désactiver ou je ne sais quoi donc clairement la case suicide une fois, pas deux. Je me sens perdu. Dans tous les cas je ne peux pas rester ici. C’est vraiment adorable à eux de m’avoir accueilli quelques semaines mais j’ai largement abusé de leur gentillesse. À moi de me débrouiller comme une grande fille. Sauf que, je ne sais pas comment je dois m’y prendre.

J’ai bien une idée, celle que j’ai en tête depuis mon arrivé à New-York… même depuis mon départ de Boston mais… c’est trop dur. J’ai si peur de sa réaction, j’ai si peur qu’elle me rejette et je ne pourrais pas le supporter. Je n’ai qu’elle et si je la perds. Je n’ai plus rien à quoi me raccrocher dans ce monde. Je ne veux plus mettre Emy et Judi en danger en me gardant chez eux. Je décide de rassembler mes affaires, je prépare le repas du soir, tout prêt dans le frigo avec un petit mot.

« Merci pour tout. Vous êtes les meilleurs parents du monde. Le repas est au frigo, ne vous inquiétez pas pour moi, j’ai décidé d’affronter mes problèmes. J’ai laissé la clef dans la boite aux lettres. On se reverra bientôt ! Bisous aux jumeaux, je vous aime tous les quatre. »

J’ai signé de mon prénom et laisser le post-it sur le frigo. Je regarde une dernière fois cette maison qui m’a apporté plus de chaleur que je ne l’aurais imaginé. Je n’ai jamais vécu ce genre de moment avec une famille. Tout était compétition, jugement. Ici tout n’était que sourire, amour et gazouillis. J’ai un pincement aux cœurs d’avoir connu une vraie famille pour seulement quelques semaines. Mais c’est mieux que rien du tout. Je ferme la porte et laisse comme promis, la clé dans la boite aux lettres avant de partir définitivement.

Une capuche sur ma tête, je marche en direction de la maison de ma cousine Alice. Je connais le chemin par coeur. Pourquoi ? Parce que j’ai dû y aller des centaines de fois depuis que je suis arrivé a New-York sans trouvé la force de frapper à sa porte… J’ai bien essayer de l’appeler depuis une cabine téléphone mais à chaque fois je raccrochais… Pour lui dire quoi ?! Salut, je me suis barré de la maison, tu fais quoi ce soir ?! Non c’est tout pourri ! Et même là, en ce moment je ne sais pas encore quoi lui dire. Comment lui dire. Je suis presque sûr que maman a dû l’appeler… J’ai plusieurs solutions… soit elle appelle mes parents, soit elle appelle les flics… soit je suis sauvé… où son milliardaire me dissèque. On dit ça d’un androïde ?

Allez Kate ! Prend ton courage à deux mains et avance. De toute façon, il fait faire un choix et s’est maintenant que je dois le faire… je ne peux plus reculer, dos au mur je ne peux qu’avancer désormais. J’avance dans la grande allée menant jusqu’à la maison et me stoppe devant la porte d'entrée. J'hésite, je fais un pas en arrière.. non ! non Kate ! Je refais un pas en avant. Mon dieu je ne me sens vraiment pas bien. Je fini par sonner rapidement. Voilà c'est fait, je soupire un grand coup. Je déglutie difficilement. Les mains dans les proches de mon sweet je croise les doigts pour qu’elle accepte de me faire entrer sans appeler mes parents… pitié Alice fait moi d’abord entrer … Ouvre moi la porte également. Je la vois enfin m'ouvrir la porte. Merci mon dieu ce n'est pas Gregory ! « Salut Alice... je t'en supplie n'appelle pas mes parents... il faut... il faut que je te parle. » J'ai déjà les larmes qui montent aux yeux à l'idée de tout ce que je dois lui dire.

Ça fait tellement de bien ! De la sentir tout contre moi. Sans même attendre j’entour mes bras autour d’elle également. Ma cousine, ma meilleure amie. Celle sans qui je ne peux vivre. Ça fait tellement longtemps que j’attend de pouvoir la serrer dans mes bras, de pouvoir être à ses côtés mais j’appréhende tellement de devoir tout lui dire. J’ai une boule dans la gorge à l’idée d’imaginer sa déception… je ne suis plus sa cousine chérie. Notre étreinte terminée, elle prend ma main et me pose une multitude de question marquant son soulagement de me savoir vivante. Mais à peine prononce-t-elle me mot « parents » que les larmes reviennent de plus belle et je fonds en sanglot. Heureusement qu’elle me tient la main. C’est une chose qui me permet de rester encré à la réalité et de ne pas fuir une nouvelle fois devant sa maison. Je serre naturellement sa main, j’en ai besoin. J’essaye d’arrêter de pleurer mais j’ai trop mal et bien trop peur. Je ne peux plus faire chemin arrière.

Alice me fait entrer chez elle. Je ne regarde même pas la main et me contente de la suivre à l’intérieure comme une enfant qui a un gros chagrin. « Les …les … les appelle pas… si… s’il te plait… » réussis-je à dire entre mes pleures. S’ils savent où je suis… je pense que je fini reprogrammer ou je ne sais quoi. Ou pire désactiver. Je respire, j’essaye de reprendre le contrôle. C’est difficile mais j’y arrive en me concentrant sur ma respiration, et sur Alice à mes côtés. Ça me rassure toujours de voir ses grands yeux vert plein de tendresse. « Je… je suis partie, je … je voulais venir te voir mais j’avais trop peur de t’attirer des ennuis. J’avais peur que tu m’en veuilles ou que tu sois en colère contre moi… » Je ne lui révèlerai pas l’existence du refuge. Bien que celui-ci est changé depuis le peu de temps où j’y suis rester. J’ai fait une promesse aux Androïdes de New-York. Puis clairement ce n’est pas pour que Gregory y aille et les recycles tous.

Comment je peux lui dire la vérité… comment je peux lui dire que je ne suis plus la Katherine qu’elle connait… Celle avec qui elle a passé tant de temps, tant de souvenir peut-être en ai-je des effacés ? Je n’ai pas fini de lire mon journal intime. Il n’y a pas de mot ou de phrase d’accroche toute faite pour dire à la personne qu’on aime qu’on ait été remplacé par un androïde… un tas de ferraille ! Je ne sais même pas si elle voit une différence dans mon comportement ou ma façon d’être. Je suis perdu, angoissé. J’ai juste envie de me cacher dans un petit trou de souris et attendre que le temps passe, tout simplement. S’y on m’a fait du mal ? Plus qu’elle ne peut l’imaginer. Je me demande seulement si elle pourra imaginer, ou même comprendre ce qu’il m’arrive. Ou si seulement elle m’acceptera encore dans sa vie après. Je renifle, arrivant petit à petit à me calmer, retrouvant mon souffle et un peu mon calme. Je suis en sécurité, dans la maison. C’est ce que je me répète, que je suis en sécurité, que tout va bien se passer. Bien que je n’y croie guère. Je serre avec ma main la lanière de mon sac, fermement. Il y a mes biens les plus précieux à l’intérieure, mon ancienne vie.

« J’ai besoin d’aide Alice… C’est super grave ce qu’ils ont fait… Tout va changer et… j’ai vraiment peur… Je veux pas te perdre. » Je ne quitte pas sa main de la mienne. Jamais, je ne veux pas la quitter j’aurais l’impression de la perdre pour toujours.

Les mots de ma tendre cousine est un remède. Avec elle, je sais que je suis en sécurité et prêt d’elle en confiance. Il faut simplement que j’arrive à trouver les mots, les bon mots… Y en -t-il seulement ? Elle est inquiète et cherche à me rassurer. Comment est-ce que j’ai fais pour vivre autant de temps sans toi… Sans lui dire toute la vérité. Ça me ronge et ça me rend malade également. À ces sentiments bienveillants à mon égard, je la regarde, séchant mes larmes avec la manche de mon sweat à capuche. Je pense qu’elle peut réellement voir la peur sur mon visage ainsi que mon chagrin, tout comme je vois son amour et affection. J’avale ma salive et j’espère vraiment que rien ne nous séparera.

Ma main tenant toujours fermement la hanse de mon sac sur mon épaule je m‘arrête devant l’îlot de sa cuisine. Je sais que je peux lui faire confiance, qu’elle est la seule à pouvoir m’aider dans cette situation. Je ne pense pas qu’elle puisse me comprendre mais si elle m’aime vraiment comme elle le dit… elle ne me laissera pas tomber. Mais comment je dis une telle chose ? Je suis morte et mes parents m’ont remplacé par un robot. « Je sais pas comment le dire… C’est… ça va être un choc. » Oui ça j’imagine, tout comme moi quand je l’ai appris. Alors j’essaye de rassembler mes mots, mes idées. Je vais commencer, je pense, simplement par le début.

« Avant que je parte… j’ai surpris une conversation étrange entre papa et maman à propos de moi. Et … j’ai fouillé de bureau de papa. » Je me remets à pleurer. Je ne vais pas y arriver ! Le simple fait de revoir ces images dans ma tête… revivre une énième fois ce moment terrifiant. « Ils… ils m’ont remplacé… comme une poupée en plastique. Je… J’ai appris que je me suis pendu, il y a deux ans et … ils m’ont remplacé par un androïde… » Mes yeux se floutent dans mes larmes, perdu dans le néant. Je ne vois plus rien, je sens seulement des larmes et toujours plus de larmes couler sur mes joues rouges. J’ai une boule dans la gorge à force de pleurer. Je n’ai plus qu’une crainte désormais… qu’Alice me rejette face à ce que je viens de lui dire.

Ce moment où je la vois reculé de plusieurs pas me brise définitivement le cœur. Ne m’abandonne pas… pas toi… J’ai besoin de toi. Alice… c’est ce que j’aurais voulu lui dire mais aucun mot ne pouvait sortir d’entre mes lèvres. Ce que je craignais le plus se déroule sous mes yeux, ce simple recul. M’aimera-t-elle encore comme elle l’a dit quelque seconde plus tôt ? Mais rapidement je sens ses bras m’entourer, fermement. J’explose en sanglot, mon visage dans son cou. J’ai juste besoin de ça. D’évacuer toute ma peine, mon chagrin, ma colère et ma peur dans ses bras bienveillant. Je glisse mes bras autour de sa taille pour me tenir à elle. Je ne veux pas qu’elle me lâche, j’ai trop besoin d’elle. « Ou… oui » réussis-je à prononcer entre deux sanglots.

Il faut que je me reprenne, j’essaye de retrouver mon souffle et de me calmer. « Il… il a dit qu’il devait me...me trouver un… un mari sinon il me désactiverait… » J’essaye de reprendre mon souffle, je tousse, sans reprendre le dessus. « Je c… je co… je comprends plus rien… Alice… » Ca y est, je craque… tous ces mois à tout garder pour moi finisse par exploser. Je me sens si perdu, je ne me sens plus moi-même. Finalement suis-je moi ? Est-ce que je pense c’est Kate ? Ce que j’aime ? Ce que je veux… c’est Kate ou mes parents ?

Je suis dans le flou, qui suis-je, ce que je suis… Je ne plus sûr de rien. Et que vais-je devenir maintenant ? Comment me sortir de tout ça ? Alice pourra-t-elle m’aider ? Tout autant de question qui me font perdre pied. Je fini par lâcher Alice pour plaquer mes mains sur mon visage pour essuyer mes larmes. Mes jambes ne me portent soudainement plus et je tombe simplement sur le sol. Je voudrais m’effacer à ce moment-là… pourquoi essayer de survivre quand on n’est qu’un tas de circuit et de ligne de code. La triste réalité c’est que je suis morte. De la main je fais un signe à Alice lui montrant mon sac en bandoulière contenant un énorme dossier. Celui d’une vie, la mienne. Un tas de papier, de contrat de fabrication, de souvenir artificiel… d’une vie qui n’était qu’une partie la mienne, la réalité et une fabriqué de toute pièce. Des photos de la morgue, des tas de papiers, de test … tant de chose qui me font vomir.

J’ai les yeux perdus dans le vide. J’essaye encore de comprendre comment… pourquoi… mais c’est impossible d’accepter leur motivation car elle n’est qu’interessé.

Je ne dirais pas que ça va mieux, mais de la sentir me prendre dans ces bras… j’ai la sensation que ça va s’arranger. Je ne sais pas comment. Mais elle ne me rejette pas. Sentir ses bras autour de moi veut dire beaucoup. Et je suis plus que ravis de les sentir sur mes épaules. J’ai frappé à la bonne porte. Elle demande à une sorte d’intelligence artificiel d’appeler Greg. Incapable d’en penser quoi que ce soit. Je suis bien trop dans le mal pour réagir, dire quelque chose. Je n’aime pas Greg plus que ça… Je le trouve bien trop… vieux pour elle, et puis bien trop arrogant et nombriliste. A mon sens elle mérite mieux mais… il est peut-être la seule personne qui peut m’aider sur cette terre.

J’essaye de calmer mes sanglots, sécher mes larmes mais j’ai l’impression que plus j’essuies, plus mes yeux fondent en larmes. C’est la voix de Gregory qui me fait sursauter. Aller ! Reprend toi Kate ! Je frotte mon visage avec les manches de mon sweat et avec l’aide d’Alice je me relève du sol. Tremblante, je cherche mes mots. Il me propose son aide, que je suis la bienvenue. Je suis terrifié par la situation. Pas tant à cause de Greg’, mais d’affronter la vérité, le regard d’Alice… et enfin trouver une solution pour m’en sortir après tout ça. Je doute de remonter la tête hors de l’eau, tout me semble si … compliqué et ingérable. Depuis que je sais que je suis une androïde, j’ai l’impression que tout a changé, que rien n’est comme avant alors que… en dehors de mon esprit, rien n’a changé.

Je me contente de lui faire un petit « oui » de la tête. Je récupère mon sac à mes pieds et le pose sur l’îlot de la cuisine. Instinctivement, je regarde Alice. Il n’y a cas elle que je fais confiance dans cette maison. Elle seule… Après, je me dis que si elle l’a appelé… c’est que peut-être je peux lui faire confiance ? Ou du moins lui montrer mon souci. Je sors de mon sac le gros dossier qui a tout fait basculer dans ma vie et le lui fait glisser sur l’îlot. « Vous pouvez m’aider ? » Réussis-je à dire d’une petite voix tremblante. Je réalise que je tiens la main d’Alice, je ne sais pas depuis quand mais je n’arrive pas à la lâcher. Ça me fait peur, j’ai l’impression d’être prise dans une tempête et que quoi que je face, je n’arrive pas à remonter à la surface. À chaque minute une idée noir, une peur, une angoisse.