Ma vie est entre tes mains [Alice][+18]

Merde merde merde... Je suis dans mon atelier dans notre nouvelle villa. J'adore cet endroit, je suis tellement heureux de vivre ici avec Alice... Mais là... Je viens de m'apercevoir que mon coeur artificiel est fissuré. Je sais pas quand c'est arrivé ni depuis combien de temps... Mais heureusement que je m'en aperçois. Ca aurait pu très mal finir... Il faut que je le change.

J'ai donc passé la matinée à me construire un nouveau coeur mécanique. Maintenant, il fallait que je remplace l'actuel... C'est ma fille qui me l'avait installé... Mais j'ai abandonné ma famille... Enfin en réalité... Je n'ai jamais été présent pour eux...

Je retire mon tee shirt et m'installe dans un fauteuil du labo que je mets en position quasi allongée. Je commence à retirer le coeur fissuré, tremblant un peu. Je ne l'avais jamais changé et surtout pas tout seul... Ah putain ! Je sursaute de douleur en touchant le contour de ce trou dans mon torse. Ce contour de métal qui me permettait d'insérer ce truc...

Je lâche un soupire. Je n'y arriverai pas tout seul. Je récupère mon oreillette sur l'établi et la porte à mon oreille.

- Appeler Alice.

J'entends sa voix dans mon oreille et ça me rassure immédiatement.

- Ma poupée... J'ai besoin de toi. C'est important.

Je la regarde arriver dans mon labo et taper le code de la porte qu'elle connait, évidemment. Jamais je ne lui interdirais l'accès de quoi que ce soit.

- Ok... Panique pas. J'ai du... Changer mon coeur robotique. L'ancien était fissuré. Mais j'ai besoin de toi pour mettre le nouveau. C'est facile tu verras ! Il suffit de retirer le cable qui est dedans sans toucher tout autour, et remettre le nouveau. T'as des petites mains ce sera parfait.

Je lui adresse un sourire rassurant. Je stresse un peu mais je ne lui montre surtout pas.

Je fais tout mon possible pour la rassurer, même si je ne suis pas rassuré moi-même. J'ai entièrement confiance en Alice, mais c'est la première fois que je fais ça. Et je dois la guider presque à l'aveuglette. Je vois bien qu'elle stresse... La pauvre... Emy ? Je crois qu'elle m'engueulerait si je lui demandais ça. J'ai envie de rire à cette idée. Mais c'est pas le moment. Je prends doucement sa main dans la mienne pour la rassurer. Je lui souris.

- Je veux que ce soit toi. En plus c'est urgent... Et j'ai confiance en toi ma poupée.

Je ne peux pas rester dans cet état trop longtemps. Il faut qu'on enclenche le nouveau cœur. Je lui montre le cœur en question et les deux câbles qui en pendent.

- T'as juste à brancher ça au fond c'est facile. Si possible sans toucher les parois... Ca me fera mal mais ça me blessera pas au pire ok ? Parcontre si tu branches ce truc, ça me sauveras la vie.

Je fais une petite grimace l'air de dire "y'a pas trop le choix". Je serre doucement sa main avant de la lâcher.

- Tu peux le faire t'en fais pas. Il suffit de brancher les deux câbles. Y'a pas de sens peu importe. Ca va bien se passer mon ange.

Je prends une grande inspiration pour me préparer. J'ai totalement confiance en elle. Et si ça fait mal tant pis je peux bien supporter ça. C'est rien comparé à la crise cardiaque que j'ai vécu... Et ses mains seront toujours plus fines et minutieuses que les miennes... Alors... Je suis prêt.

Je prends doucement sa main et l'amène délicatement vers moi, la rapprochant de mon cœur.

- Tout va bien.

Un léger sourire joueur s'affiche sur mes lèvres.

- Jarvis. Mets nous Aimer de Roméo et Juliette.

La musique se déclenche. C'est la chanson préférée d'Alice. Je ris un peu et me mets à chanter pour faire rire Alice et qu'elle se détende.

J'arrête de chanter. Je dois rester le plus immobile possible. Et puis j'adore entendre la voix de ma chérie. Elle chante tellement bien. Je souris, je suis content de voir que mon idée fonctionne. Ca a l'air de la détendre un peu. Et moi aussi, en l'entendant chanter de sa si belle voix.

Je n'ai pas le temps de réagir quand Alice parle d'un truc gluant. Elle touche une paroi et je lâche un cri de douleur sans me contrôler. Ca fait un mal de chien !

- C'est rien c'est pas grave, t'en fais pas... Continue... Ce que tu sens fait partie de l'appareil. Ca vient pas de mon corps. Tout va bien...

Elle branche finalement le nouveau coeur, ce qui me fait sursauter légèrement. Mais ça y est c'est fait. Tout est en place.

- Super. Merci ma poupée. Tu m'as littéralement sauvé la vie.

Alors qu'elle me dit de ne plus jamais lui demander ça, j'affiche une petite grimace triste.

- Mais... Je n'ai que toi...

Je me redresse et attrape une feuille de sopalin sur l'établi. J'essuie délicatement sa main avant de poser la feuille n'importe où.

Je vois ton regard se perdre. Tu sembles songeuse. Je m'assois face à toi. Je te regarde et attends que tu me parles. Je te souris tendrement. Je suis content que tu me poses ce genre de question. Même si c'est délicat, je préfère que tu te confies à moi, que tu ne gardes pas des questions en toi qui pourraient te travailler.

- Tu peux me poser autant de questions que tu veux tu sais.

Je me lève et te tends ma main afin que tu te lèves à ton tour. On s'approche d'un miroir de plein pied dans le laboratoire. Je me place derrière toi, mes mains posées sur ta taille, comme pour te soutenir.

- Si tu le souhaites, tu peux demander à ton système de retirer sa peau. Et je peux te montrer. Mais tu dois être prête.

Je dépose un baiser sur ses cheveux.

- Je t'aime ma poupée.

Je ne veux pas qu'elle soit effrayée par ce qu'elle va voir. Je veux qu'elle sache à quelle point je l'aime. Pour ce qu'elle est réellement. Moi je la trouve vraiment magnifique...

J'espère qu'elle a raison... J'ai tellement peur de la solitude, de l'abandon. Même Alice... J'ai peur qu'elle finisse par m'abandonner pour quelqu'un d'autre... Quelqu'un de plus jeune, de plus stable que moi...

Elle me demande alors comment elle est faite, à l'intérieur. Je l'accompagne face au miroir, restant derrière elle pour qu'elle ait moins peur. Je lui répète à quel point je l'aime. Je veux qu'elle n'en doute jamais... Mais maintenant elle va devoir apprendre à s'aimer elle même. Je ne peux qu'imaginer à quel point ça doit être difficile de découvrir tout ça. Je me sentais étrange aussi au début avec mon cœur artificiel. Mais ce n'est pas vraiment comparable...

Ses mains prennent les miennes. Son baiser me fait sourire. Alors qu'elle me dit qu'elle est prête, je comprends qu'elle veut que ce soit moi qui désactive sa peau. Alors je le fais. Petit à petit, sa peau et ses cheveux disparaissent, laissant apparaitre sa couleur blanche brillante. Je souris. Je la trouve si belle. Mais elle semble si mal à l'aise... Ca me fait mal au coeur. Mon sourire disparait bien vite alors qu'elle reprend la parole. Je me sens tellement mal...

Je pose doucement mes mains sur ses épaules et l'oblige délicatement à se tourner vers moi. Je dépose ensuite mes doigts sous son menton et lève son visage vers moi, l'obligeant à me regarder. Je lui fais un doux sourire, tentant de la rassurer. Je caresse doucement sa joue.

- Il n'y a pas de vraie ou de fausse Alice. Tu es toi. Tu es Alice et tu es magnifique.

Je prends ses mains dans les miennes et m'assois au sol, l'entraînant avec moi afin que l'on soit assis en face à face. Je dois lui dire. Elle a le droit de savoir même si c'est difficile...

- Comme tu l'as vu dans son journal... Carole a mal supporté sa grossesse...

Je la regarde dans les yeux. Même si c'est très dur. Je veux toujours lui dire la vérité. Sans détourner le regard. Elle le mérite.

- Elle a tué sa fille par accident... Et quand elle s'en est aperçue... Elle s'est suicidée.

Je caresse ses mains avec mes pouces. Je serre doucement ses doigts entre mes mains. Je veux être là pour elle. Je veux la soutenir dans toutes les épreuves que la vie lui imposent...

Je la sens serrer ses mains sur les miennes et j'en fait autant. Je ne peux qu'imaginer à quel point c'est difficile... Je la sens retirer ses mains des miennes d'un coup, me disant qu'elle n'est pas à l'aise, qu'elle se sent moche. Mon coeur se serre. Je peux la comprendre mais... Je la trouve tellement belle. Je m'en veux qu'elle se sente si mal...

Je dépose à nouveau mes doigts sous son menton et relève son visage vers le mien afin de l'embrasser. Je l'embrasse tendrement, avec amour, passant ma main dans sa nuque, caressant sa peau blanche brillante. J'aime ce contact. C'est doux. Lisse. Mes doigts glissent sur son épaule, puis le long de son bras, jusqu'à sa main. Mes lèvres se détachent des siennes. Je la regarde avec tendresse mais aussi avec sérieux.

- Moi je te trouve magnifique. Vraiment. Tu peux rester ainsi autant que tu veux.

Je la pousse doucement, l'allongeant par terre, la dévorant des yeux. Je ris doucement, un air joueur sur le visage. Je retire rapidement mon pantalon, restant en caleçon pour qu'elle ne se sente obligée de rien. Je ne veux pas la brusquer... Je me penche au dessus d'elle. La lumière de mon nouveau coeur se reflète dans sa poitrine. Je trouve ça beau. Je l'embrasse à nouveau, déposant doucement mon corps contre le sien, retenant mon poids sur mes avant bras. Mes mains se placent délicatement de chaque côté de son visage tout en prolongeant ce baiser. Je m'éloigne ensuite doucement d'elle et lui dis en toute sincérité, avec beaucoup de sérieux.

- J'ai envie de toi ma poupée. Comme tu es. Mais tu n'es obligée de rien. Si tu préfères remettre ta peau tu peux. Si tu veux qu'on ne fasse rien, on ne fait rien. Mais sache que je te trouve vraiment sublime.