J’étais pour le moins contrarié sur le chemin qui me conduisait au nouveau cabinet médical où j’avais pris rendez-vous. Je n’adressait aucuns mots à Jasper qui eu le bon ton de n’en dire aucuns lui non plus.
Il faut dire que je n’aimais pas particulièrement changer mes habitudes lorsque je ne l’avais pas désiré par moi-même. Et pourtant je me trouvais en route pour un nouveau cabinet médical qui n’avait ouvert qu’il y a peu et dont je n’avais aucune information.
Mon médecin habituel m’avait fait faux bon au dernier moment et je refusais de dormir ne serait-ce qu’une nuit sans somnifères.
Et oui car si je dormais comme un bienheureux depuis des années, ce n’était du qu’a une seule chose, mes petites pilules.
Oh pour un homme de 65 ans je me débrouillais bien ! Je n’avais aucuns problèmes techniques ni d’estomac, ni de colons, ni même sexuel et encore heureux !
Mais s’il y avait bien une chose qui nécessitais aide médicale, c’étais mon sommeil, extrêmement léger voir même inexistant parfois et toujours, toujours remplis de cauchemars.
Il y avait bien longtemps que j’avais adopté ses merveilleuses pilules qui me permettaient de prendre tout le sommeil dont j’avais besoin et d’être serein.
Cependant il s’agissait de pilules a haut dosage disponible que sur ordonnance et voilà que j’étais à cout de l’un comme de l’autre.
J’avais décidé de tenter un nouveau médecin. Oh d’autre médecin, mieux notés, plus haut de gamme m’auraient bien pris si j’avais mis le prix qu’il fallait pour annuler leur consultation de se jour. Mais malgré ma contrariété, je n’ai pas voulu aller voir ses médecin misanthropes et avares qui s’occupais de la population bourgeoise de New York.
C’est donc ainsi que je me retrouvais en route pour un humble cabinet médical dans le Queens.
Jasper me déposa devant l’entrée et je sonnais avant de passer la porte d’entrée.
Je ne pus m’empêcher de sourire à la vue d’une salle d’attente aussi… peu commune pour un médecin. Et avec mon sourire, ma contrariété diminua quelque peu.
L’arrivée du dit médecin fit pour ainsi dire complètement disparaitre ma contrariété.
Je souris franchement en me levant, tendant la main au médecin.
_ Eh bien, vous me voyez enchanté de faire votre connaissance docteur… Dubois si je ne m’abuse ? Français je suppose ?
Je souris largement en utilisant la langue de Molière avec mon léger accent américain.
_ [Un bien beau pays qu’est la France. J’ai eu beaucoup affaire avec vos compatriotes.] (en français)
Je savais bien parler français. Avec le russe et le mandarin, c’était la langue que je métrisais le mieux hors ma propre langue. L’avantage d’être né riche.

Un charmant jeune homme vraiment… bien loin de l’image que je m’en faisais… et de l’image de mon médecin traitant jusqu’à lors. Je songeais qu’il me fallait à tout prix changer de médecin traitant très vite…
J’aimais sa réaction lorsque je pris la parole en français. Il me répondit en français aussi, visiblement heureux de mon intervention. J’aimais son sourire et son entrain. C’était décidément un homme… intéressant.
Je ris légèrement en entrant dans son cabinet. J’étais satisfait d’avoir commencé à me rapprocher de lui. Mais j’avoue avoir eu bien d’autres idées en tête en voyant son charmant sourire.
Je tiquais légèrement à l’emploi du vouvoiement mais je m’installais tout de même en silence et toujours souriant. C’est à ce moment que mon nouveau médecin fit le lien avec mon nom, surement inscrits sur les papiers de renseignements sur la construction de cet endroit.
_ Eh bien oui, c’est bien Wallace inc. qui a construit ce bâtiment ! Bonne mémoire mon cher.
J’aurais pu m’offusquer du fait qu’il avoue m’avoir reconnu mais a vrais dire, mon ancien médecin savait également qui j’étais et ne se privais pas d’en profiter. Oh bien sur j’en tirais profit aussi mais en voyant se jeune médecin souriant, je me dis que j’en avais peut-être assez de ce jeu avec l’autre.
Je pris mon fauteuil et le tirais afin de m’approcher du bureau du médecin. Je posais mes coudes sur la table et laissais ma tête reposer sur le dos de mes deux mains jointes, un grand sourire aux lèvres.
_ Tout d’abord docteur, j’aimerais que nous passion au tu si cela était un effet de ta bonté. Je ne supporte pas entendre les gens me vouvoyer et c’est particulièrement le cas pour mon médecin. Après tout, je viens ici pour expliquer comment mon corps marche ou plus précisément, comment il ne marche pas. Puisque tu sauras tout de moi, inutile de mettre des barrières n’est-ce pas ?
Je le regardais dans les yeux, avec un sourire charmeur dont j’avais la spécialité.  
Après quelques secondes en suspens ou je ne quittais pas le regard de mon médecin, je finis par changer de position et de me caler contre le dossier du fauteuil, les mains sur les accoudoirs.
_ A vrai dire cela fait des années que je ne passe pas une nuit sans un médicament précis pour dormir. Hors je n’ai plus se médicament et je n’ai plus non plus d’ordonnance. Je viens simplement pour m’en faire refaire une et ainsi dormir en toute tranquillité.
Je pris de la poche intérieure de ma veste une ancienne ordonnance où se trouvait le nom du médicament qu’il me fallait et je la tendis au docteur Dubois.

Quel dommage que ce docteur Dubois ne comprenne pas mes sous-entendus !
Pas un air gêné, pas même un petit sourire en coin qui me fasse espérer une compréhension.
Non mais il souriait cependant sincèrement et accepta ma requête.
Ce n’est pas grave, je suis un homme patient ! Et inutile de se précipiter lorsqu’un bel homme se présente à vous…
La consultation se poursuivit donc.
J’expliquais la raison de ma venue rapidement. Je ne voulais pas m’embêter avec toute cette paperasse pourtant…
Je fus surpris il faut le dire par sa réaction.
Il ne se contenta pas d’écouter, il examina avec attention l’ordonnance. Et après cela il réclama… que nous en parlions ?
Je ne pus m’empêcher d’afficher un air surpris.
D’habitude, mon médecin ne se préoccupe pas vraiment de tout ça. Il se contentais de renouveler l’ordonnance, a la rigueur nous discutions d’affaires puis il me faisait payer et prenais son client suivant.
Et puis… parler de tout cela ? Qu’y avait il a dire ?
Mon organisme n’étais simplement pas fait pour dormir tranquillement voilà tout ! Rien de bien exceptionnel !
Je repris mon sourire pour lui répondre, bien qu’un peu diminué par l’étonnement et l’inconfort de parler de telles choses.
_ Tu sais… Je n’ai pas vraiment peur du danger. Je suis vieux à présent, j’ai bien vécu. Et je dois dire que je n’ai aucune envie de m’embêter à faire de longues recherches pour un problème si mineur. Et puis puisque ce médicament-là fonctionne, pourquoi s’embêter ?! Je préfère une courte vie tranquille à une longue vie d’embêtements !
Je me replaçais sur ma chaise, légèrement mal a l’aise.
Mal a l’aise de parler de tout cela à voix haute bien que j’y avais déjà longuement réfléchit mais étalement mal a l’aise d’y penser.
Je repris toute fois contenance, réaffirmant mon sourire et me penchant de nouveau vers mon médecin.
_ Mais je te remercie de ta prévenance. Il est rare de voir un médecin avec un tel professionnalisme je te félicite ! J’espère que le lobbying ne te changera pas au fil de ta carrière, prend en garde.

Malgré le fait que certaines pensées m’avaient incontestablement mises mal à l’aise, j’étais satisfait de la tournure des choses.
Satisfait que le docteur Dubois comprenne mon point de vue. Peut-être même soulagé a vrai dire.
Je le complimentais donc sur son travail en toute sincérité et il me répondit avec une sincérité et une simplicité toute charmante.
_ Oh surement mon cher, surement. Mais je n’ai que rarement vu des médecins dont le but n’est pas un moment ou un autre de s’enrichir. Tu es une perle rare docteur Dubois.
Je souriais franchement à présent, tout mal aise oublié.
Je le regardais alors qu’il pianotait tranquillement sur son ordinateur. Il était franchement mignon mon nouveau docteur, surtout lorsqu’il se concentrait ainsi…
Je me concentrais sur lui alors que lui se concentrais sur son écran. Le visage posait sur le dos de mes mains jointes, posés sur les accoudoirs, je ne le quittais pas des yeux jusqu’à ce qu’il me tende l’ordonnance.
J’haussais un sourcil lorsque je l’entendis repasser au vouvoiement. Je souriais, attendant amuser qu’il remarque son erreur.
Il m’arrivait souvent de rencontrer des personnes qui, peux habitués au tutoiement, repassaient au vouvoiement par erreur et leurs réactions étaient souvent amusantes.
Je pris l’ordonnance et la pliais pour la ranger dans la poche intérieur de ma veste, reprenant ensuite ma position sur le fauteuil, souriant d’une aire un peu ironique.
_ Vous ? Tu es sur ? Mon cher docteur tu me blesse profondément là, je vais devoir demander réparation…
Je souriais de plus belles en me levant et en m’approchant de lui, contournant le bureau pour m’appuyer dessus, de son côté du bureau. Les bras croisés sur mon torse, j’avais le regard rieur mais sur de moi.
A présent que j’avais ce pourquoi j’étais venu, je n’étais pas contre prendre un petit bonus et je savais déjà parfaitement quel genre de dédommagement je voulais.

Je me retins d’éclater de rire lorsque se bon docteur Dubois se rendit compte de sa bêtise.
Il était mignon gêné comme il l’était. Et il le fut encore un peu plus lorsque je vins me placer à ses côté, brisant, je le savais bien, une frontière implicite entre lui et moi.
A présent nous étions égaux. Je n’étais plus le patient et lui le médecin. Nous étions du même côté, sur la même ligne, le même rang… et très proche physiquement…
D’autant plus lorsqu’il se leva.
Mon sourire s’élargit alors. Il venait exactement de faire ce que je voulais qu’il fasse.
Je le regardais d’un air rieur alors qu’il se démêlais dans ses propres mots. Il me demanda si je voulais autre chose et je lui répondis l’air toujours amusé.
_ Oui, je t’ai demandé un dédommagement pour la peine provoqué par se vouvoiement et je compte bien avoir mon dû.
Je me relevais un peu, cessant de m’appuyer sur le bureau pour me rapprocher encore un peu plus de lui. Très proche.
_ Oh tu n’as pas d’inquiétudes à avoir, je ne veux pas de dédommagement financier simplement…
Je pris quelques secondes pour réfléchir faussement.
_ Et si je te réclamais un baiser ? Un simple baiser et toute offense sera à jamais oublié. Qu’en dis-tu docteur ?
Alors que je parlais, je laissais mes mains vagabonder, repositionnant le col correctement le col de la chemise de mon médecin par-dessus son pull.
_ Et puis… recevoir un baiser de toi… je suis sûr que ça m’aiderait à bien mieux dormir… ne penses-tu pas… Lucas ? Ne fait on pas un bisous aux enfants sur leurs bobos pour que toute douleur passe ?
Je dis son prénom avec douceur mais une certaine langueur dans la voix. Je voulais nous rapprocher encore un peu plus que physiquement et l’appelait par son prénom était une barrière de plus de brisée.
Je ne savais guère si ma technique était la bonne pour séduire l’homme que j’avais en face. Mais je devais bien avouer que ses réactions étaient tout à fait plaisantes et ne me donnaient que trop envie de jouer avec lui.