This was never my world (SKAAN) +18 !!!!

THIS WAS NEVER MY WORLD

Elle était morte, désormais. J’étais définitivement seul… J’étais par terre dans mon bureau, avec une bouteille de whisky à côté de moi. Cadeau d’Adam pour la dernière gâterie que lui avait faite… Il savait pourtant que j’avais un soucis avec l’alcool. C’était comme si… Comme si, au fond… Cet homme me haïssait. Que je le faisais rire, pareil à sa petite poupée, sa marionnette personnelle. Et il m’en donnait plus, toujours plus, pour m’aider à m’auto-détruire. Il me donnait juste assez de lui pour rester addict à sa personne, et trop du reste pour que je me noie et que je cherche à me raccrocher à lui… Uniquement à lui. Je ne pensais que rarement à Skaan dans ces cas là… Pourtant… L’homme avait toujours été là pour moi… Je ne savais pas pourquoi il faisait tout ce qu’il faisait pour moi. Jamais je n’aurais été aussi bon avec quelqu’un d’autre. Quoique ; je me trompais : je l’étais avec Adam. J’aurais tout donné, je donnerais tout ce qui m’est cher pour quelques bribes de son amour. Peut-être que Skaan aussi recherchait l’amour…

… Peut-être même qu’il recherchait le mien, pour être si dévoué ; non, non… Personne ne pouvait m’aimer. Je me haïssais, je me haïssais si fort qu’il était tout bonnement impossible que qui que ce soit puisse m’aimer. Je me recroquevillais contre moi-même, remontant mes jambes contre mon torse et les entourant de mes bras, une de mes mains tenant la bouteille de whisky. Des larmes brûlantes, acides, coulaient le long de mes joues. Elles étaient presque aussi dures et douloureuses que la souffrance qui s’emparait de moi de plus en plus fort, pareille à un magma noir, pareil à un monstre qui hurlerait en moi… Un monstre qui serait cassé, mutilé, blessé, qui saignerait de partout en griffant les murs, en hurlant toute sa douleur comme il le pouvait.

Je le sentais, ce monstre. Je le sentais à chaque seconde qui passait, chaque seconde qui s’égrenait sa présence devenait un peu plus forte. Des voix me murmuraient à l’oreille… Me murmurait d’en finir une bonne fois pour toute… Que je ne méritais rien, que je ne méritais pas ce monde, que je ne méritais rien… Je me balançais d’avant en arrière en pleurant ces larmes brûlantes, sans savoir comment arrêter le mécanisme qui était enclenché. Ces voix… Elles me disait d’en finir. De boire à ne plus m’en souvenir, de boire jusqu’à m’anesthésier ; d’exploser la bouteille et de m’ouvrir les veines avec le verre qui en resterait…

D’écrire une lettre de suicide et de mettre fin à mes jours. Voilà ce que ces voix me répétait en boucle, au plus noir de la nuit… Heureusement, tous les employés étaient partis. Il restait peut-être Skaan… Il avait tendance à trainer tard la nuit, ou le soir, je n’avais jamais vraiment compris pourquoi… Pourquoi il était toujours là pour moi, toujours là, derrière moi… Je ne comprenais pas pourquoi tant de loyauté, de fidélité et de gentillesse envers quelqu’un comme moi… Je méritais le traitement d’Adam, je méritais de souffrir. Je me recroquevillais encore plus à ces pensées, avant de continuer à boire à la bouteille.

J’étais très alcoolisé. Je restais longuement là, à réfléchir… Le regard perdu dans le vide. Oui. J’allais le faire. Au diable mon père, il mourrait de sa propre main, ou la nature ferait son travail. Au diable Adam, qui ne m’aimait pas et ne m’aimerait probablement jamais ; au diable ce monde pour lequel j’étais bien trop inadapté… J’allais me tuer pour faire payer tout le monde, et pour me faire payer moi-même les souffrances que je m’étais infligé… J’allais en finir pour finalement faire taire cette horrible douleur…

Je me levais en titubant et explosais la bouteille sur le coin du bureau - bureau changé toutes les semaines, vu les traitements que je lui réservais…- Plein d’éclats de verre vinrent se loger dans ma peau, me coupant le visage, le cou, les mains… Je m’en fichais… J’allais enfin en finir. Je posais le goulot de la bouteille qui m’étais resté entre les mains sur le bureau abimé, et pris un gros éclat que j’approchais alors dangereusement de mon poignet où déjà, une horrible cicatrice prenait place, symbole de mes dix-huit ans… Et vingt ans plus tard, j’en étais de retour au même point. Isabella… Je suis tellement désolé, mais sans toi, je n’y arrive pas…  

(c) miss pie

THIS WAS NEVER MY WORLD

J’allais le faire. J’allais enfin pouvoir en finir, une fois pour toute. Adieu Adam, adieu Skaan, adieu père… Adieu à ce monde ignoble, si dur, trop dur pour une âme comme la mienne. J’approchais le verre de mon poignet, avec une lenteur extrême, fixant ma cicatrice avec une intensité proche de la folie. J’allais enfin pouvoir en finir, une fois pour toute. Adam n’allait plus jamais pouvoir me torturer, il n’allait plus jamais pouvoir me faire de mal… Il n’allait plus jamais pouvoir m’aimer, si tant est qu’un jour il l’ai fait.

J’allais être hors de portée de ses griffes, de son sourire, de son visage, de son esprit, de tout. Adieu Skaan, oh Skaan, si gentil Skaan, si doux Skaan, Skaan qui restait à mes côtés alors que je le traitais comme Adam me traitait… J’étais une personne horrible, je le savais… Ce monde n’avait pas besoin de moi. Mon père allait finir par mourir de vieillesse, et je lui souhaitais une mort des plus horribles. Mais moi, j’allais enfin être en paix. J’approchais le verre de mon poignet, j’allais faire, j’allais…- Des bras m’entourèrent brusquement, me faisant reculer du bureau. Une main m’arracha le bout de verre d’entre les mains. Je me mis à hurler, à me débattre, des torrents de larmes coulant le long de mes joues. Non, non, non !!! Pas maintenant, pas maintenant ! Par pitié, laissez moi en finir… Qui avait bien pu…? Je restais longtemps à me débattre dans les bras de l’étranger, de l’inconnu, complètement perdu, en dehors de la réalité. Je hurlais des insanités, des mots qui n’avaient ni queue ni tête.

« NON ! NON !!! LAISSEZ MOI PARTIR, LAISSEZ MOI MOURIR BORDEL ! PUTAIN PUTAIN PUTAIN ! BORDEL, C’EST CE QUE JE VEUX, PARTIR ! »

Je ne sais pas combien de temps je passais à hurler, à crier, à m’égosiller en me débattant dans la poigne d’acier de la personne qui me tenait contre elle. Mais le peu d’énergie qu’il me restait partit bien vite, et je finissais, résigné, à pleurer en silence. Je reprenais peu à peu pieds de la réalité… Skaan. Il n’y avait que lui. Je reconnaissais maintenant ses bras, sa main blessée par le bout de verre… Son odeur… Skaan… Mes mains agrippèrent ses bras alors que je me mettais à sangloter comme un enfant ; ces sanglots me faisaient aussi mal que des coups de couteau en plein coeur. J’étais cassé et en sang, et personne n’allait jamais pouvoir me réparer.

Mes jambes ne me supportait plus, heureusement que Skaan me tenait ; sans lui… Je ne sais pas ce que j’aurais fait. Plus d’une fois nous avions été dans cette situation, et il ne disait jamais rien. Il ne m’avait jamais jugé, jamais il n’avait dit quoique ce soit, fait quoique ce soit. Skaan desserra finalement son emprise, et se mit face à moi. Je le regardais, les yeux injectés de sang, le regard vide et sans énergie. Je fermais les yeux lorsqu’il me caressa la joue… J’avais tant besoin de son contact… Il m’emmena avec lui avec douceur, me faisant m’asseoir dans une des chaises du bureau. Il se mit à genoux devant moi, posant ses mains sur les miennes, me regardant avec son éternel sourire d’une gentillesse infinie. Je le dévisageais longuement, reniflant.

« Je ne comprends pas, Skaan. Pourquoi ? Pourquoi tu m’aides? Pourquoi tu es toujours là si tard ? Pourquoi tu m’aides à chaque fois, pourquoi tu fais tout ça pour moi ? Je ne te demande rien mais tu le fais quand même… Pourquoi ? Qu’est-ce que tu me dois…? Rien… Tu pourrais très bien me laisser mourir, tu ne me dois rien.. Alors pourquoi…? » 

(c) miss pie

I FEEL LIKE A MONSTER

Je me mis à rire.  Dmitri... Je fais tout ça parce que je tiens énormément à toi. Tu m'as toujours accepté comme je suis. Sans jamais me juger. Tu es quelqu'un de bon. Moi ? Quelqu’un de bon ? Je créais des enfants robots pour de vieux pervers violeurs et pédophiles, j’essayais de détruire mon plus vieil ami Grégory Theïrin de l’intérieur parce que je projette mes problèmes psychologiques sur lui. J’avais essayé de recréer ma meilleure amie en robot mais vu que ça n’avait pas fonctionné, et que je n’assumais pas, je l’avais faite tuer par la pire personne d’entre tous : Adam. Adam qui avait du lui faire du mal, la torturer comme personne d’autre n’aurait pu le faire…

Et je le savais en la lui confiant… Comme si… Comme si j’avais cherché à ce qu’elle souffre pour avoir déçu mes espérances, pour ce qu’elle ressentait. Parce qu’elle s’était altérée, je le savais. Je l’avais compris. Je n’avais pas les mots pour le dire, pour le définir, mais tout comme Kara que je venais de récupérer pour l’étudier et la tuer, les robots pouvaient se délier de leurs chaînes et ressentir des choses. Mais ça ne m’empêchais pas de continuer à fabriquer ces enfants et adolescents robots pour les pires personnes existantes.

J’étais un monstre. Je n’étais pas une bonne personne, comme Skaan semblait le penser ; il était décidément trop naïf, ou aveuglé par quelque chose que je ne comprenais pas… Il me sourit à nouveau, et je me sentais reculer sous son sourire. Je ne méritais pas pareil sourire… Je ne méritais rien de tout cela. Je ne méritais pas la gentillesse de Skaan, sa bonté, son affection ; je ne méritais rien de tout cela.  Rien du tout… Une larme perla sur ma joue. Il en rajouta une couche et je riais de nouveau, un rire sec et cynique. Si tu voyais ce que moi je vois quand je te regarde... Tu verrais un ange blessé. Un ange qui pourrait resplendir sur ce monde. Je secouais négativement la tête, les larmes remontent à nouveau.

« Skaan… Tu te trompes de personne… Je ne suis rien de tout ce que tu décris. Certainement pas un ange… Tu ne me connais pas, tu ne sais pas tout ce qu’il se passe dans ma tête. Je suis un monstre. Je ne mérite ni ton attachement ni ton affection… Je ne comprends pas. - Je le dévisageais quelques secondes de plus - Je ne comprends vraiment pas… Comment peux tu avoir autant de dévotion envers moi ? Même si je t’accepte comme tu es je ne suis pas le seul, et tu ne présentes pas autant de dévotion envers les autres. Qu’est-ce que j’ai de plus que les autres n’ont pas, dis le moi, Skaan ? »

J’essayais de détourner le sujet vers lui pour que nous oublions la manière dont mon ami me voyait. Un ange déchu… Voilà un bien beau mot pour décrire Lucifer, le diable, un monstre horrible et détruit. Parce que c’était ce que j’étais. Un monstre. Je l’avais toujours su, et c’était pour cela que j’acceptais le traitement d’Adam sans broncher. J’avais ce que je méritais, une punition à la hauteur de la traitrise et de la méchanceté que je répandais en ce monde. J’observais Skaan sans comprendre la dévotion q’il avait envers moi. Une de mes mains vint caresser sa joue.

« Tu peux tout me dire, tu sais.. L’avantage d’être un monstre, c’est que je ne peux m’offusquer de rien. Rien du tout. »

(c) miss pie

I FEEL LIKE A MONSTER

J’étais assis et Skaan… Parlait. J’étais assis et il me déblatérait un monologue sur le fait que j’étais un être humain. Non… Cela faisait bien longtemps que je n’étais plus humain. J’étais juste un monstre qui se rendait compte de sa nature monstrueuse, et qui cherchait à l’arrêter ; non, non… Il ne pouvait avoir raison, ça n’était pas possible… Cela me ferait me rendre compte que j’étais beaucoup trop… Fragile. Mais je ne suis pas fragile, moi, non non non. Je n’ai pas peur de la mort, je l’aime, alors comment puis-je être si fragile…? Il me parla de lui, aussi. Me dit que j’étais comme lui. Juste un humain… Brisé par la vie.

Si tu étais un monstre comme tu le prétends, tu ne pourrais pas te qualifier ainsi. Tu ne pourrais pas te détester, t'en vouloir pour ce que tu fais. Tu ne pourrais pas tenter de mettre fin à tes jours comme tu le fais si souvent …C’est ça un monstre. Quelqu'un qui fait des choses horribles, et qui se pense bon. … Ces mots me firent penser à Adam. Mais j’avais toujours su que l’amour de ma vie était un monstre, encore pire que moi, et ne s’en cachait pas. Il aimait ça, même, il s’en délectait tel un corbeau devant la noirceur de ce monde. Et il se délectait de moi, je le savais… Je déglutissais difficilement, détournant le regard, celui de Skaan se faisant trop intense à mon goût…

Comment faisait-il pour tomber si juste, à chaque fois ? J’avais presque envie de l’étrangler pour qu’il se taise. Je lui jetais un regard mécontent, alors qu’il finissait son laïus. Encore une tentative de suicide ratée à cause de Skaan… Je ne savais pas si je devais le remercier ou l’insulter. Mon potentiel de nuisance envers ce monde était tel que je devrais l’insulter de ne pas m’avoir laissé en finir. Mais je savais aussi qu’Adam serait revenu me chercher jusque dans la mort pour me tuer lui-même, si jamais j’arrivais un jour à mon but final. Tu es brisé. Mais ça te rend encore plus humain. Comme moi. Ses paroles finales me hérissèrent le poil. Je secouais négativement la tête avec vivacité, ne voulant pas entendre pareilles sottises.

« Non, non, non. Tu ne comprends pas. Je suis un monstre, je le sais. On me l’a répété toute ma vie, de partout, je le sais. Même ce que je fais. Jamais je n’arrêterai. Je sais que je fais du mal, je sais que les robots peuvent ressentir maintenant, j’en ai fait tuer une récemment pour qu’elle taise ce secret…Et pourtant je continue à les vendre et à leur faire subir les pires choses dont l’humanité est capable… Je les envoie au casse pipe dès la naissance. Tout comme… J’ai envoyé ma Isabella au casse-pipe. »

J’avais lâché ma dernière phrase en regardant dans le vide, en murmurant. Mais c’est ce moment que Skaan choisit pour se redresser, se mettant debout sur ses longues jambes, et venir m’embrasser. Je fus saisis par l’instant, oubliant l’espace d’une seconde les bombes que je venais de lui lancer. Je fermais les yeux et répondais à son baiser avec la force du désespoir, sentant les larmes remonter de nouveau à mes yeux. Qui était-je ?… Ange déchu ou démon puissant, simple humain détruit par la vie ou sociopathe fini… Je n’en avais aucune idée. Je n’en avais jamais eu aucune, et je pense que je ne connaitrai jamais le fin mot à cette histoire.  

(c) miss pie

I FEEL LIKE A MONSTER

Isabella… Ma Isabella… Qu’est-ce que je t’avais fait subir, en essayant de recréer une androïde à ton image… Elle est aussi brisée que moi. Elle ne fonctionne pas, elle me hait, elle représente tout ce que je ressens envers moi-même. Je ne pouvais pas… Je ne pouvais pas la laisser envie… Je ne l’ai jamais dit à Skaan, mais il était peut-être temps… J’étais toujours assis sur ma chaise, le goût des lèvres de Skaan toujours sur les miennes. Il avait le don pour m’apaiser… Mais pas ce soir. Ce soir, je pensais à Isabella, je… Je devais le lui dire…

« … Elle a ressenti, Skaan… Elle a ressenti… Elle est devenue… Différente des autres robots. J’ai essayé de faire comme Theïrin, de lui implanter une mémoire, mais ça a foiré et… La mémoire ne marchait pas comme prévu. Un coup elle s’en souvenait, un coup non, un coup les souvenirs étaient modifiés, je… Je ne sais pas ce qu’il s’est passé et elle s’est mise… A se rendre compte de sa nature de robot, à comprendre, à savoir… Et à me haïr. J’ai eu beau la rebooter un nombre incalculable de fois, c’était toujours pareil. Alors je… Un soir, j’ai appelé Adam pour qu’il la prenne et qu’il… Qu’il… - Une larme perla sur ma joue - Qu’il la tue… Je ne pouvais pas le faire moi-même… »

Des larmes se remirent à pleuvoir sur mon visage. Mon dieu… Qu’avais-je fait… Je baissais la tête, fermant douloureusement les yeux pour retenir les larmes de couler. Je ne méritais pas de pleurer. Je ne méritais pas d’être triste. Je ne méritais que la douleur d’avoir recréé Isabella à sa propre image, et de l’avoir dénaturée. Mon dieu, qu’avais-je fais.. Je ne le savais pas moi-même. L’une des mains de Skaan vint se poser sur mon torse, me sortant de ma spirale infernale de pensées plus noires les unes que les autres. Il m’embrassa. Je fermais les yeux, essayant de détruire tous mes démons par ce baiser. Demande moi ce que tu veux Dmitri. La seule chose que tu ne peux pas... C'est me demander de te laisser mourir. Pour le reste... Je suis maintenant et à jamais ton serviteur.

Mon coeur rata un battement en l’entendant. Skaan… Pourquoi es-tu si gentil avec moi, pourquoi es-tu si… Parfait ? Je sentais sa main sur mon entrejambe et l’invitation me tenta… Mais j’avais d’autres plans, pour le moment. Je prenais son visage en coupe entre mes mains, le regardant avec amour sans le comprendre. Merci. Merci d’être là. Je me sentais me calmer un peu, avant de me lever à mon tour pour venir enrouler mes bras autour de son torse, et enfouir mon visage dans son cou. Il était plus grand que moi, mais de peu. Je me décrochais de lui quelques instants pour l’embrasser, renvoyant alors cette même invitation de tout oublier, l’espace d’un instant, et de s’aimer… Je l’embrassais longuement, avant de descendre à mon tour ma main sur son entrejambe, la caressant de manière subtile mais invitante. J’espérais qu’il me pardonne pour Isabella GM0011…  

(c) miss pie