C'est fait. Je l'ai fait. J'ai sauté le pas. Pour moi, pour elle. Je suis passé d'un simple androïde ménager vieux de 23 ans, à un homme. Du moins à un semblant d'homme. Et je ne suis toujours pas habitué à ça. En même temps, ça ne fait que quelques heures, et j'ai encore du temps devant moi pour apprendre, à découvrir cette vie d'humain. Je suis resté chez Gregory un moment pour me stabilisé, car à mon réveil, tout tournait. Je n'ai jamais expérimenté ça. Mon ventre me fait encore mal, mais ça, je sais que c'est la faim. Je vais attendre d'être rendu à la maison pour savourer ce que la nature et l'art culinaire me réserve.
Et parlant de maison, j'ai hâte d'y être. J'ai hâte de revoir Emily. De la prendre dans mes bras, de sentir son parfum, sa chaleur. Hâte d'entendre sa voix. Hâte de voir son sourire, heureuse. Surtout quand je vais tout lui avouer. Mais ce que j'ai surtout hâte c'est de savoir ce que je vais ressentir quand je vais poser mes yeux de nouveau sur elle. Je sais que je ressens des choses pour Emily, même bien avant ma transformation. C'est une des raisons pour quoi j'ai subi cette opération. Pour pouvoir d'être libre de l'aimer librement. Rien que son manque me suffit pour comprendre qu'elle importe beaucoup pour moi.
J'y suis maintenant. Devant notre porte. Je me donne du courage avant de tourner la poigné et d'entrer. Depuis quand suis-je aussi nerveux? C'est nouveau? Je ne sais plus. Peu importe, je dois y aller, me lancer. J'y vais et...ne l'a vois pas. Bon, pas dans le salon, ni dans la cuisine. Je me dirige directement dans sa chambre pour l'y retrouver.
Qu'elle est belle, même de dos. J'ai toujours aimé sa longue chevelure dorée, mais là, je ne sais pas, j'y trouve un certain charme, bien plus qu'avant. Mais ce que j'aime par-dessus tout chez elle, ce sont ses yeux. Tellement magnifique, passant tellement de message sans dire un mot. Elle a le don d'apaiser. Bon aller, faut bien commencer quelque part, ne pas rester à l'entrée.
-Emily.
Naturellement, j'ai abandonné la politesse du robot de service que j'étais. Je ne voulais plus de ça, et puis, elle non plus, vu comment elle a arraché ma LED.
Je rentre presque à pas de loup dans ma propre maison. Personne. Chappie n'est pas encore rentré de chez Greg. Il ne se sait donc pas que j'ai passé la nuit dehors, dans un hôtel, avec Judi. Pourquoi cette information me rassure ? Le fait qu'il ignore tout. Pourtant, je ne peux pas lui cacher ce qui c'est passé hier, mais je ne peux pas parler des lèvres de Judi qui se sont posé sur les miennes, de son je t'aime et de tout ce qu'on c'est promis sous la douche. Tout cela c'est-il vraiment passé la même nuit ? À y penser, j'ai l'impression que je sors de mon dixième rendez-vous amoureux avec lui. Dire qu'à la base... Je lui avais juste donné rendez-vous, car je voulais le revoir... Comment je pouvoir dire tout cela à Chappie ? Je sens mon cœur se serrer, mais... Ce n'est pas grave, non ? Il ne m'aime pas, donc cela n'est pas grave si je suis avec quelqu'un d'autre. Il sera heureux pour moi... N'est-ce pas ?
Je vais rapidement dans ma chambre, pour retirer ma robe de soirée, la mettant dans le panier de linge sale, ainsi que mes sous-vêtements. J'essaye de réfléchir à la meilleure façon d'annoncer à Chappie que Judi va venir vivre ici, tout en attrapant un jogging pour trainer noir, de grosses chaussettes bien chaude et un top blanc un peu moulant à cause de mon gros ventre. J'enfile tout ça rapidement, ne sachant vraiment pas comment lui parler. Existe-t-il seulement une manière pour lui annoncer tout ça ? Je ne crois pas...
Je m'approche de mon lit, soulevant mon oreiller pour attraper mon petit carnet à dessin qui est caché dessous. Je l'ouvre, allant à la page ou se trouve le dessin que j'ai fait de Judi, de mémoire seulement. J'avais vraiment envie de le revoir. Je ne pensais pas que cette soirée me mènerait jusqu'à une histoire. Je n'arrive même pas à croire que dans quelques heures, il viendra habiter ainsi.
Je sursaute soudainement en entendant la voix de Chappie. Chappie. Je suis tellement surprise que je lâche mon carnet à dessin par terre. Il est déjà rentré ? Je ne suis pas prête... Je ne suis pas du tout prête... Je ne sais pas quoi lui dire... Mon cœur bat tellement vite dans ma poitrine. Je me force pour me tourner un instant pour le regard. Un étrange sourire se forme sur mes lèvres. Tout va bien. Tout va bien se passer.
« Chappie, tu es rentré ? »
Je me retourne très vite, me baissant difficilement pour récupérer pour carnet à dessin. Mon gros ventre m'empêche vraiment de trop bouger, comme je veux en tout cas.
« Alors ? C'était bien chez Greg ? Il a été gentil ? Alice va bien, d'ailleurs ? »
J'essai du mieux que je peux d'arrêter de l'admirer pour me concentrer un peu plus sur ses réactions, à l'approche de la conversation qui va venir. Je m'en veux un peu de lui avoir fait peur. Après, elle devait vraiment être perdu dans ses pensées pour ne pas m'avoir entendu arriver. Je ne me suis pas approché à pas de loup non plus. Je baisse mon regard sur ce qu'elle fait tombé sur le coup de la surprise. Ah oui, je reconnais son carnet. Voilà un moment que je ne l'ai pas vu dessiner dedans. Je suis heureux de constater que la passion lui reprends de nouveau. Je vois rapidement que le carnet est ouvert sur le croquis d'un homme. Un homme qui me semblait vaguement familier. Est-ce...oui oui je me souviens de lui. James. Un androïde qui m'avait beaucoup aidé à voir les choses autrement, même s'il voulait me recruter au final. Emily devait sans doute avoir besoin d'inspiration et elle est tombé sur lui. Je suis un peu déçu qu'elle ne sois pas venu me voir mais je dois accepté les faits. Notre relation était un peu tendu ces derniers temps. Elle ne voulait sans doute pas briser la glace pour le moment, même pour un dessin.
Bref, je n'en fais pas un cas et fait comme si je ne l'avais pas remarqué, espérant seulement avoir été assez discret pour qu'elle n'aille pas vu mon regard se baisser vers le carnet. Par contre, je ne suis pas le seul à vouloir faire semblant. Sa raison je l'ignore par contre. Je le vois bien qu'elle est nerveuse. Très nerveuse. Je le vois à son sourire, si fade, si faux. J'en suis même un peu mal-à-l'aise. J'ai vu beaucoup de facette de sa personnalité. Ce n'est pas la première fois qu'elle retient tout en elle et affichant un faux visage heureux pour ne pas inquiéter personne de son mal-être. Et ça je l'ai toujours trouvé admirable pour ça, même si ça agaçait les gens qui la connaissait bien. Mais là, je sens que c'est différent. Elle cachait quelque chose à moi volontairement. Alors qu'on discutait toujours sans tabou. Je ne le sens pas. J'aime pas ça. Et puis ça...comment on dit déjà? Ah oui, je me sens blessé par son attitude.
-Euh oui. Tout c'est bien passé. Ils vont biens.
Mais je ne voulais pas parler dans le vide. Je dois entrer dans le vif du sujet. Je voulais lui faire une surprise et je vais le faire, qu'elle soit étrange ou pas. Plus tard peut-être, elle m'en parlera d'elle-même de ce qui la tracasse, ou je lui posera la question, si j'ose le faire. Je m'approche d'Emily et lui prend ses deux mains, donnant un baiser sur chacun d'eux, ne les lâchant pas pendant que je l'a regarde dans les yeux.
-Je dois t'avouer quelque chose. Je n'ai pas été chez Gregory pour me faire réparer. J'y suis allé pour tout autre chose.
Je garde un silence volontairement après lui avoir dis ça. Je guettais son expression, pour voir si elle le réalise déjà ou si je dois continuer dans ma déclaration.
Je serre fortement mon carnet contre moi, comme ayant peur qu'il tombe de nouveau. Il agit comme une barrière, à mes yeux, contre Chappie. Je pourrais presque sentir le dessin que j'ai fait de Judi me brûler les doigts. Pas de façon douloureuse, mais plus de façon chaleureuse, comme voulant m'encourager à parler. Parler, justement... Je pensais avoir le temps de me préparer, de trouver les mots qu'il conviendrait pour expliquer ce qu'il sait passer avec Judi. Notre rencontre. Notre baisé. Notre première fois. Le théâtre. La rivière. L'hôtel. Les confidences. Les je t'aimes. Tout est allée si vite entre nous, mais tout sait passer si... Naturellement d'un côté. On dirait que nous étions deux êtres, deux âmes sœurs, qui étaient destinés à se retrouver et à s'aimer.
Je n'ai pas le courage pour parler de tout ça tout de suite. Cependant, je ne peux pas attendre éternellement. Les heures sont comptées avant l'arrivée de Judi. Une heure, cela peut être me suffire pour trouver les mots. Une petite heure. Le temps de lui demander comment il va, comment c'est passé ces deux jours avec Greg et tout ça. Des banalités en somme, quand j'y pense. Suis-je horrible ? Non... Je ne veux juste le blesser. Mais est ce que je peux vraiment le blesser ? Après tout, il l'a dit lui-même à l'hôpital, il ne peu m'aimer. Alors, il sera heureux pour moi, non ? Pourquoi est-ce que je doute ?...
Je l'entends me répondre, me dire que tout c'est bien passé et que Greg et Alice vont bien. Je pose le carnet sur le lit, alors que je vois Chappie s'approche de moi. Il prend mes mains et je sens mon corps se figer. Il... Il embrasse mes mains ? Quoi ? Comment ? En dehors de ce moment à l'hôpital, jamais il n'avait fait fait ça. Je me sens trembler quand son regard croise le sien. Quelque chose... Quelque chose semble avoir changé dans ses yeux. Mais quoi ?
Il commence à parler et je sens mon esprit s'emballer. J'étais tellement obnubilé par mon histoire par Judi, par Judi lui-même, qu'à aucun moment je n'ai pensé à ce que Chappie faisait chez Greg pendant tout ce temps. Deux jours. Il est resté deux jours tout de même. Pas pour une réparation ? Pour quelque chose ? Son geste... Son regard... Oh mon dieu... Ce n'est pas... Greg ne l'a... Je me sens soudain mal à l'aise à cette idée. Ce n'est pas possible. Chappie n'aurait pas fait ça sans me le dire. Et si... Et si il l'avait fait pour... Non ! Non, je refuse cette idée.
« Oh... Heu... D'accord... Je... Si tu avais envie de voir Greg, tu pouvais. Pas besoin d'inventer une excuse. » Tentais-je en souriant faussement.
Ce n'est pas possible. Cela ne peut pas être ça. Il n'a pas pu faire ça. Je me sens encore plus mal à l'idée de parler de Judi. Du temps. J'ai besoin de temps. Je viens retirer mes mains des siennes, délicatement, mais rapidement, les posant sur mon ventre.
« Oh, je crois que les jumeaux on faim. Je... Je vais aller manger un bout. »
Est-ce que je suis en train de fuir ? Oui, totalement. Mon cœur bat à mille à l'heure, et cela m'aide à sortir rapidement de cette chambre pour aller jusqu'à la cuisine. J'ai peur. J'ai peur des paroles que pourrait prononcer Chappie. Et si... Et si il avait vraiment fait ça ? Comment pourrais-je lui parler de Judi ? Je me sens de plus en plus mal. De plus en plus triste. Un sentiment de culpabilité vient envahir mon cœur, le noyant presque. C'est à cet instant que je regrette d'être enceinte, car j'aurai bien besoin d'un verre.
J'attrape la bouteille de lait, me rendant compte que mes mains tremblent. J'essaye d'ouvrir le bouchon de la bouteille, mais cette dernière m'échappe des mains au moment où j'arrive à retirer le bouchon. Elle tombe lourdement sur le sol. Le lait coule sur le sol, ayant éclaboussé les meubles, mais aussi moi.
« Merde... »
Je me penche rapidement par terre, en grimaçant, attrapant au passage du sopalin pour essuyer tout ça. Mon cœur bat de plus en plus vite.
Je ne comprend plus ce qu'il se passe. Je crois qu'elle réalise ce que je lui dis. Mais je ne sais pas comment décrire ce sentiment que je vois dans ses yeux. Je ne veux pas dire qu'elle panique. Mais ça ressemble tellement à ça, que je refuse de l'admettre. Après tout, pourquoi elle paniquerait? Quelle en sont les raisons? Pourquoi n'était-elle pas plus heureuse que ça? N'était-ce pas ce qu'on rêvait tout les deux? Que je sois libre de tout restriction pour qu'on puisse vivre notre amour simplement? Est-ce que...est-ce qu'elle a changer d'avis? S'était-elle résolu que je ne puisse lui donner ce qu'elle voulait?
Je sens mon coeur se serrer à cette éventualité. J'espère vraiment que ce ne soit pas ça. Mais qu'est-ce que ça pourrait être d'autre? Je suis de plus en plus perdu. De plus que sa réponse me fit froncer les sourcils. Elle cache de plus en plus quelque chose, sa réponse est tellement bizarre. Une excuse? Pour vouloir voir Gregory? Si ce n'était que ça je lui en aurais parlé. Non elle refuse catégoriquement de me parler de quelque chose. Quelque chose...qui me concerne. Qui pourrait me blesser, bien plus que sa fuite. Car c'est ce qu'elle fait depuis que je suis revenu. Même maintenant en prétextant que les bébés avaient faim.
Déboussolé, je la suis tout de même dans la cuisine. On peut pas finir ainsi. À des faux-semblant éternellement. Je devais lui dire à vive voix que je suis libre, même si elle semble l'avoir compris d'elle-même. Et Emily devait retirer le poids qui lui pèse sur les épaules. Même si je n'ai pas envie de l'entendre, il faut qu'elle le dit. Un jour ou l'autre. Je me précipite plus rapidement à l'entente de son cri. Oh non, il ne faut pas qu'elle fasse trop de mouvement en ce moment, encore moins se pencher comme ça. Je l'a rejoins sur le sol pour lui prendre le sopalin des mains, doucement pour ne pas trop la brusquer. Elle semble vraiment à fleur de peau. Je m'inquiète de plus en plus pour elle.
-Laisse, je vais le faire. Vas t'allonger. Je vais te préparer une boisson chaude d'accord? S'il te plait.
Je me fige, n'osant lever les yeux quand je vois Chappie me prendre doucement le sopalin des mains. Mon cœur se serre de plus en plus dans ma poitrine. Je baisse la tête, alors qu'il dit de le laisser faire et d'aller m'allonger. Il enchaine en disant qu'il me préparait une boisson chaude. Il c'est ce que j'aime. Il sait comment préparer un thé préféré à la perfection. Pas trop chaud. Pas trop froid. Avec un sucre. Il sait ce que j'aime. Il le sait... Je sens des larmes monter à mes yeux, alors que je lève enfin le regard vers lui. Je me sens déchiré en deux, alors que je l'observe quelques instants. Une partie de moi me hurle dessus en me disant de parler sans t'attarder. Une autre me supplie presque de quitter cette cuisine pour rejoindre ma chambre pour faire semblant de dormir. Je sens ces deux parties batailler en elle, menant un combat silencieux dans mon esprit troublé. Mon cœur finit par couper court à cette guerre intérieure.
« J'ai... J'ai rencontré quelqu'un. »
J'avais lâché ces mots comme une bombe. Sur le moment, juste après avoir dit ça, je retiens ma respiration, comme espérant bloquer le temps ainsi. Je sentis mon cœur trembler et je détourna rapidement le regard, alors que l'envie de pleurer devenait de plus en plus forte. Pourquoi c'est si dur ? Je devrais heureuse d'annoncer à Chappie, non ? Alors... Pourquoi ? J'avale difficilement ma salive, laissant au passage une larme faire son chemin sur ma joue.
« Enfin... Tu... Tu te souviens de l'androïde qui t'avais aidé, une fois, à ramener les courses à notre ancien appartement ? Eh bien... Je l'ai revu récemment... Une fois... On c'est super bien entendu... Et... Hier, je l'ai emmené au théâtre et... »
J'avais tort Judi. J'avais totalement tort. J'aurais voulu que tu sois là, avec moi, pour parler à Chappie. J'ai l'impression de ne pas trouver mes mots pour dire une chose aussi simple. Pourtant... Si j'avais Skaan en face de moi, j'ai l'impression que je pourrais parler de cette histoire pendant de longues heures avec un air rêveur. Mais là... Cela me semble impossible...
« On s'aime... » Lâchais-je de nouveau, comme une nouvelle bombe, alors qu'une deuxième larme perlait sur mon visage.
Je lui reprends des mains le sopalin et lui incitant d'aller s'allonger puis je commence à essuyé le sol. Elle est beaucoup trop stresser ce n'est pas normal. Ce n'est pas la première fois qu'elle échappe des choses ça peut arriver à tout le monde. Mais là je le vois bien qu'elle est nerveuse, au point de faire n'importe quoi. D'ailleurs ce silence me rend moi-même nerveux. Elle n'a pas bougée. Je ne sais pas pourquoi mais je crains les prochains mots qui vont sortir de sa bouche.
Je stoppe mon geste une millisecondes avant de rependre le nettoyage. Non, je n'ai pas entendu ça. Ce n'est pas possible qu'elle ait osée le dire. Pourquoi elle le ferait? Je t'en prie, ne dis plus rien de plus. Je préfère faire comme si tu n'avais pas prononcé un mot. Ne me dis pas que tu as rencontré quelqu'un d'autre. Pas quand il y a peu on s'était promis de faire en sorte qu'on puisse vivre comme un couple normal. Du moins essayer de la faire. Ne me dis pas que cette personne est quelqu'un que je connais, juste pour me donner un autre coup de poignard dans le coeur. Et surtout, ne me dis que cette personne a méritée ton amour que tu me réservais. Je ne peux pas entendre tout ça.
Debout, je jette le papier imbibé de lait dans la poubelle. Je fixe l'objet métallique un moment avant de m'accrocher à l'îlot devant moi, les yeux fermés de douleur et d'incompréhension. Faut que j'arrête ça. Je ne peux pas faire l'autruche éternellement et continuer ma nouvelle vie comme si rien n'était. Je dois me rendre à l'évidence. Emily a...Emily a rencontrée une autre personne et elle est tombée amoureuse de lui.
-Pourquoi?...Je ne comprends pas...
Quel était son état d'esprit à ce moment là, quand elle a rencontrée James? Quel a été le moment décisif, pour ainsi oublier mon existence, pour avoir oublier ce qu'elle ressentait pour moi. Je n'arrive pas à comprendre son agissement. A-t-elle abandonnée? Si facilement?
Je sens mon cœur se serrer si fort dans ma poitrine. Mon corps tremble presque de tout son long. Ma gorge c'est noué après avoir réussi à avouer que j'aime quelqu'un. Quelqu'un qui n'est pas lui. Quelqu'un qu'il a déjà vu. Je retiens comme je peux les larmes qui menacent de couler. D'ailleurs, j'essuie rapidement cette gouttelette d'eau salé qui c'était échapper, sans que je puisse l'arrêter. Pourquoi est ce c'est difficile d'annoncer ça ? Pourquoi je n'arrive pas à l'annoncer avec le sourire ? Avec le cœur qui bat joyeusement au nom de Judi ? Et pourquoi Chappie reste-t-il si silencieux ? Son silence me tue. Les secondes me semblent devenir des heures. Je n'ai toujours pas osé bouger, étant toujours assise par terre en attendant... En attendant un je ne sais quoi de sa part.
Pourquoi ? En entendant cette question sortir de la bouche de Chappie, je leva les yeux vers lui, le voyant proche de l'ilot la cuisine, semblant... Aller vraiment mal... La suite de ses paroles, le "Je ne comprends pas", vient me détruire de l'intérieur. Je viens rapidement poser mes mains sur ma bouche, voulant étouffer le long sanglot qui voulait s'en échapper. Je ne pouvais plus retenir mes larmes qui perlaient en masse sur mes joues. J'avais ce sentiment horrible de... D'avouer que... Je lui avait été infidèle... Pourtant... Ce n'était pas le cas... Nous étions pas ensemble... Il ne le pouvait pas, pas vrais ? Ces mots... Ces quelques mots étaient comme une bouée de sauvetage à laquelle je me raccrochais pour ne pas me noyer.
J'essuyais nerveusement mes joues humides, tout en reniflant, essayant de contenir un nouveau sanglot qui était au bord de mes lèvres. J'étais comme une enfant qu'on venait de prendre sur le fait de sa bêtise.
« Tu as dit que tu ne pouvais pas... Tu as dit que tu ne pouvais pas m'aimer... » Peinais-je à dire tout en pleurant. « On... Regarde nous... C'est à peine si on arrive à rester dans la pièce depuis... Depuis... »
J'avais du mal à terminer ma phrase, mes mots mourant dans ma gorge bien trop nouée, ce qui me faisait tousser. Je m'étais replié sur moi-même, la tête et le dos baissé, pleurant comme jamais. Je n'avais plus la force de contenir mes larmes. J'ai l'impression de sentir mon cœur se briser en mille morceaux dans ma poitrine.
Je n'arrive même pas à la regarder. Son comportement me blesse bien plus que je ne croyais. Je me sens...comme si j'étais rien à ses yeux. M'aimait-elle vraiment? Ce n'est pas l'impression que j'ai en ce moment. Même si je sens que de ma l'annoncer a été très difficile pour elle, vu qu'elle me l'a cachée depuis un bon moment. C'est ridicule, on dirait presque que j'ai été trompé lors qu'officiellement on ne sortait pas ensemble. Mais pourtant c'est comme ça que je le ressens. Je me sens rejeté, abandonné, oublié. Ce n'est pas agréable du tout comme sensation. Je comprends maintenant pourquoi certaine personne tombe en dépression après avoir eu le coeur brisé. Avec tout ce flot d'émotions qui me poignarde l'un après l'autre, je pourrais presque croire que je le suis aussi.
-Ce n'est pas- !!
Oulah, qu'est-ce que c'est? Suis-je vraiment énervé? Je regarde un moment mes mains pour m'en rendre compte que, si, je le suis vraiment. Les poings desserrés, je prend une grande inspiration pour me calmer et réfléchir quelque seconde avant de dire quelque chose qui dépassera ma pensée. J'ai conscience de ce qu'elle vient de me dire, j'ai ma part de responsabilité dans les paroles que j'ai prononcé. Je sais très bien ce que je lui ai dis à l'hôpital. Non, ce qui me fâche, c'est que selon elle, c'et de ma faute si elle s'est tournée vers un autre. A-t-elle oublier tout le reste? Son geste quand elle a retiré ma LED était-il banal à se point? Ses paroles étaient-elles du vent?
-Je sais ce que j'ai dit, et c'était vrai à ce moment là...mais...
Je reprend ma position initial devant elle, accroupi, et essaye de ne pas craquer avec mes prochaines paroles.
-Ma...ma libération totale était ton idée à la base. Je ne l'ai pas fait rapidement parce que...parce que ça devait venir de moi. Je sais que mes paroles t'ont blessés malgré moi, je l'ai vu dans ta façon d'agir alors je t'ai laissé de l'espace. J'ai aussi beaucoup réfléchis sur notre situation et sur ce que je devais faire.
Je prend une pause en me demandant si je devais continuer. Si je devais lui dire à voix, sachant malheureusement que ça ne fera qu'aggraver les choses dans l'esprit d'Emily. Mais elle a été honnête avec moi, donc je lui dois également.
-Je suis allé chez Gregory de mon propre fait, j'ai pris la décision moi-même d'être celui que je devais être. Pour moi, pour toi, pour nous deux. Je le savais, au fond de moi, que je ressentais quelque chose pour toi. Mais ma condition d'androïde m'empêchait de le ressentir pleinement...Emily...je...c'est vrai, cette fois c'est vrai. De tout mon être...Je t'aime Emily. Je sais que que ça ne changera rien puisque ta décision semble prise mais je me devais de te le dire. Je t'aime et...le fait que ce ne soit plus le cas pour toi alors que tu le souhaitais pour moi...je ne pensais pas dire ça dans ma vie mais j'ai mal.
Ce n'est pas possible. Cela ne peut pas être réel. Je veux disparaitre. Je veux disparaitre de cette terre. Comment puis-je passer à autant de bonheur à... tant de douleur. J'ai mal. J'ai tellement dans ma poitrine. Mon cœur se serre si fort en moi que j'ai l'impression qu'il essaye de se réduire pour enfin disparaitre. Les larmes coulent sans fin sur mes joues. Je n'arrive pas à retenir mes sanglots. Ils redoublent même face à la colère de Chappie qui me fait sursauter. Mon corps tremble. Il me fait mal. J'ai l'impression d'imploser. Je ne me suis jamais senti aussi mal de toute ma vie. J'ai comme la sensation que le bonheur que je ressentais la vieille n'est qu'un vieux souvenir. Un mythe. Une légende. Judi... Judi serre moi encore une fois dans mes bras avant que je ne disparaisse à tout jamais dans les ténèbres.
Je n'ose pas lever le regard lui. Je n'en ai pas la force. Je préfère rester en boule sur moi, priant pour que tout cela se termine vite. Je préférais qu'il prenne un poignard et qu'il me blesse avec, plutôt qu'il parle. Les mots. Les mots font beaucoup tellement plus mal. Les mots restent gravés dans la mémoire. Les mots ne guérissent pas comme les cicatrices. Les mots... Les mots sont éternels. Tout comme le son de sa voix. Tout comme sa présence dans la maison. Tout comme ce baisé que je lui avait réclamé... Je me sens honteuse. Horrible. J'ai l'impression d'avoir commis le pire péché du monde. Un péché donc j'espérer le pardon, alors que je ne le mérite nullement. Pourtant... Ce n'est pas totalement ma faute... Non ?
Plus Chappie parlait, plus mon dos se courbait, plus ma tête tombait, plus les larmes coulaient et plus mon cœur se brisait. J'étais à présent en boule sur moi-même, mon front touchant le sol ou tombait mes trop nombreuses larmes. La goutte d'eau de trop fut quand il m'avoua qu'il m'aimait. Non... Tais-toi... Ne dis rien de plus... Je t'en pris... Ne dis pas des mots que j'aurais voulu attendre avant... Ne dis pas ça, alors que j'ai tout fait pour refrénais cette possibilité... cet amour... Non... Non... Non !
Je me redressa d'un bond, posant ma main sur la bouche de Chappie. Mon regard embrumé par les trop nombreuses larmes, était posé dans le sien.
« Je suis désolée... »
Je le regardant un instant, comme ci c'était la première fois que je le voyais, avant de laisser doucement tomber ma main jusqu'au sol. Je me redressa difficilement, me retrouvant assise, la tête penchée en avant, évitant de nouveau le regard de Chappie.
« Je suis tellement désolée... Je... Je ne voulais... Je n'ai jamais voulu te faire de mal... Je n'avais pas prévu que... Je suis désolée... Pardon... Tu dois me détester... Tu dois même me haïr... Gifle si tu veux je le mérite... Je le mérite ! Vas-y ! Frappe moi ! »
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