Halloween est une période un peu particulière pour moi.
Lorsque j’étais encore à la rue, je me souvenais de cette période comme d’un moment doux et léger. Il ne faisait pas encore trop froid à cette époque et le jour même d’Halloween, nous avions le droit à une distribution de bonbons, de confiseries et de vin chaud dans certains lieux de la ville.
Je me souviens de la première fois que j’ai gouté un bonbon piquant. Ça faisait trois ans que j’étais à la rue. Les deux premières années avaient été rudes pour moi et je souffrais trop pour m’accorder se genre de plaisir. Et bien évidement, je n’en avais jamais mangé au couvent.
Je me souviens de mes yeux se mouillant alors que le gout sucré crépitait dans ma bouche.
Depuis j’aime Halloween.
Dans ma vie de DF, je préparais toujours un bol de friandises pour attendre d’éventuels petits monstres.
Alors quand David m’a proposé qu’on aille se promener déguiser, je n’ai pas hésité un seul instant.
Pour choisir nos déguisements, j’ai longuement hésité entre deux tenues, un déguisement de chat noir, comme Lucifer avec lequel je me suis comporté comme un chat pour amuser David, puis un autre, plus classique de militaire napoléonien.
J’ai fini par choisir le deuxième de peur de ne pas assumer le premier en public.
La préparation le soir même a été un moment magique en soi. David jouait le zombie et je mimais la peur, le fuient en riant. Finalement il réussit à m’attraper et il me lécha la joue. Je riais en l’embrassant puis en mimant à mon tour la zombification.
Une fois prêt, nous nous sommes dirigés vers la fête.
David est presque effrayant avec ses lentilles et tout le sang mais il rayonne tellement qu’il en devient beau comme un dieu à mes yeux.
Je le regarde en souriant, ne lui lâchant pas la main, le cœur léger et heureux. Tellement heureux que ça en parait presque trop beau.
David semble impressionné par l’endroit.
Pour ma part, je suis déjà venu ici.
_ Tu sais que j’ai travaillé quelques jours ici ? Avant de trouver mon post au magasin de meuble j’ai aidé un peu pour noël, ils avaient beaucoup de monde, encore plus que se soir ! C’est un milieu très fermé mais vraiment sympathique.
Des enfants viennent nous voir et David leur parle. Je le laisse faire, craignant trop de mal me comporter ou de dire n’importe quoi face à eux.
J’admire tellement mon homme, je n’ai d’yeux que pour lui.
Se soir c’est comme si la vie entière ne pourra qu’être aussi belle et légère.
_ Tu as vraiment un don avec les enfants, c’est impressionnant.
Je lui souris tendrement avant de déposer un rapide baiser sur ces lèvres.
_ Que veux-tu faire en premier ? Le manoir hanté c’est là où j’ai travaillé entre autre, je peux peut être nous avoir des tarifs plus bas s’ils se souviennent de moi !

De ma vie je ne suis pas sure de n’avoir jamais eu une soirée telle que celle-là.
L’ambiance est magique, les attractions sont une totale découverte pour moi et le bonheur d’être avec David est infini.
La soirée arrive petit a petit à sa fin et je me sens si léger…
Ma main dans celle de David, je le regarde en souriant alors que nous nous nous rapprochons de la sortie.
J’ai l’impression d’avoir la tête dans les étoiles alors que nous nous embrassons amoureusement. Ma main qui n’est pas dans celle de David se pose doucement sur sa joue et je ne pense plus qu’a lui.
Malheureusement, ça ne dure pas longtemps.
Quelqu’un nous bouscule assez violement et nous insulte directement après.
Des insultes, j’ai l’habitude d’en recevoir. J’ai passé ma vie à m’en prendre jours après jours… Mais cette fois c’est différent.
Parce que cette insulte, elle ne me touche pas seulement moi, elle touche aussi celui que j’aime. Elle touche ce pour quoi je l’aime et je me sens réellement blessé.
Pourtant, je fais comme j’ai toujours fait pour ne pas avoir à utiliser la violence, j’ignore en serrant la main de David.
Un autre homme se met à nous insulter aussi et mon cœur se met à battre plus vite.
Je ferme les yeux et essaye de ne pas y penser, tirant un peu David pour que nous partions plus vite.
Malheureusement, David fini par leur répondre. Bien sûr, ils se mettent immédiatement à répondre à leur tour.
L’un des deux s’approche de moi et me colle jusqu’à me bousculer. Je suis dégouté par cet homme. J’essaye de m’esquiver mais il me suit. Je me sens sale rien qu’a sentir son corps contre le mien.
David essaye de me défendre mais les mots ne font rien.
L’homme me pousse de nouveau, plus fort cette fois et je me retrouve un peu plus loin, titubant pour ne pas m’écrouler au sol.
Le temps que je me remette sur pied, David est au sol et les deux hommes commencent à le rouer de coups de pieds.
Mon cœur s’accélère soudain dans ma poitrine et je me précipite sur l’un des deux hommes.
Je le pousse violement et fait de même avec le deuxième.
Je me baisse immédiatement pour m’assurer que David va bien mais je me prends un coup de pied dans les côtes qui me déstabilise.
Je me relève immédiatement et décoche une droite à celui qui est le plus proche. La sensation de l’impact me donne presque envie de vomir à elle seule mais je refuse de les laisser s’en prendre à David.
Pourtant bien vite, je ressens à nouveau la douleur vive d’un coup de point dans l’estomac se qui me fait plier en deux. Profitant que je me sois planché, l’un des deux hommes m’envoie son genou dans le visage.

Mon corps me fait mal. Mes côtes, mon estomac… Et bientôt ma bouche qui se remplie de sang après le coup de genoux de l’un de nos deux assaillants.
Je tombe à genoux et crache dans l’herbe le sang que j’ai dans la bouche, tremblant légèrement, les yeux remplis de larmes de douleur.
Je m’attends à recevoir un nouveau coup, mon temps de réaction étant déjà trop long. Mais rien ne vient.
Je relève la tête vers l’homme qui m’a frappé en dernier. Son regard est posé devant lui, remplis de terreur. Il ne bouge pas.
Je suis moi aussi son regard et finis par voir David.
David… il… il est déchainé.
Je recommence à trembler de tout mon corps alors que mes mains couvrent ma bouche comme pour me retenir de crier.
Il frappe l’homme qui est à terre encore et encore. Des larmes coulent sur mon visage. Je voudrais crier mais je suis sans voix.
J’entend a peine l’homme à côté de moi partir en courant. Je l’entends cependant chuchoter les mots « fou » et « dangereux ».
Je me relève à ces mots. Je tremble toujours. Le gout du sang est encore présent dans ma bouche et je le ressens comme si c’était le sang de l’homme sur lequel les points de David s’abattent.
David hurle.
Et moi je ne sais pas si je dois partir en courant ou si… je ne peux pas abandonner David. Je ne peux pas abandonner non plus l’homme a terre.  
J’ai peur. Oui vraiment. Et mon cœur se serre douloureusement à cette idée.
Finalement, David se relève. Il pleure lui aussi. Au moins autant que moi.
Je ne supporte tellement pas le voir souffrir. Je ne peux pas le laisser souffrir comme ça non…
Je me sens bloqué. Littéralement figé entre mon besoin de l’aider lui de le réconforter, entre ma peur et entre mon envie de vouloir venir en aide à cet homme inconscient dans la boue.
Doucement, je fini par m’approcher de David et… Je le prends dans mes bras. Je le serre contre moi, me battant pour surmonter cette boule douloureuse dans ma gorge, et pleurant encore et encore.
Au bout de quelques longes minutes, je me sépare de lui, toujours en pleurant.
Sans rien dire, je me penche au-dessus de l’homme que mon propre compagnon à maltraité et j’essaye de voir l’ampleur des dégâts.
Je le bouge pour qu’il soit dans la position latérale de sécurité et me relève.
_ Je vais appeler une ambulance. On ne peux pas le laisser comme ca il… il pourrait mourir. On partira ensuite, avant qu’ils arrivent… ça… ça te va ?
Je regarde David avec une sourde peur qu’il ne me laisse pas faire, qu’il veuille que l’on parte en laissant cet homme se vider de son sang.