Après quelques semaines resté à l'hôpital, me voilà enfin sorti de cet endroit. Mais pour faire quoi ?? Je n'ai plus de toit, ni de femme... et mon enfant... je n'ai toujours pas pu le voir... tout ça parce qu'il est en voyage scolaire... l'idée de le revoir... c'est la seule chose qui me tient encore en vie... Je suis sorti ce matin et je titube dans la ville. Je me sens affreusement faible. Je me suis arrêté dans un magasin dans l'unique but de m'acheter une tenue. J'ai eu la sensation de revivre un peu l'espace d'un instant... J'avais trouvé un appartement sur internet, depuis mon lit d'hôpital. Alors je l'ai loué. Alors oui on peut dire que j'ai un toit, quelque part où aller... mais c'est un endroit vide de sens et de vie...
J'ai passé l'après midi assis dans un café à penser à mon ancienne vie... à mon fils qui courait dans le jardin, qui mangeait le repas que je lui avais préparé avec un immense sourire. Je revois les blagues qu'on se faisait parfois, la complicité entre nous... et s'il m'avait oublié lui aussi ? Si tout comme sa mère, il avait fait son deuil, et était passé à autre chose ? Et cet homme qu'elle a épousé... si mon fils le considérait lui, comme son père, désormais ? Toutes ces pensées me terrifient. Je me sens horriblement seul...
La nuit commençait à tomber et j'étais toujours dans ce café, trainant sur mon téléphone à regarder des photographies vieilles d'il y a dix ans, alors que pour moi, c'était il y a moins d'un mois... J'ai fini par décidé de sortir, et d'aller boire, encore et encore, jusqu'à oublier ma propre vie. Après tout, tout le monde a très bien vécu sans moi depuis dix ans... alors qui ça pourrait bien gêner que je sois ivre à en mourir ?
C'est ainsi que j'ai décidé de me rendre dans une boite de nuit que j'ai croisé. Le bruit assourdissant et l'ambiance tamisée me plaisent. J'ai la sensation de ne plus entendre mes propres pensées. Je me pose à une table et je commande à boire. Je bois encore et encore, jusqu'à être vraiment ivre. C'est là que j'ai commencé à me lâcher. En sentant cette légerté m'envahir. Je suis allé danser parmi la foule. Je me suis lâché comme jamais. J'ai même flirté avec une fille, mais j'ai fini par m'éloigner. J'ai complètement perdu les pédales. Je me suis éloigné de la piste, j'ai récupéré mon verre d'alcool, et je suis monté sur une table sur laquelle je me suis mis à danser et me déhancher de façon sensuelle et exagérée.