Que ferais-je sans toi ? [Emi]

Je n'arrête pas de tourner en rond dans mon appartement, faisant les cents pas de long en large et même en travers. Mes pieds avaient marchés dans chaque recoin de mon si minuscule logement aux yeux de Gregory. Ha Greg, c'était justement à cause de lui que je me faisais autant de sang d'encre. Il était parti si soudainement, plus décidé que jamais à aller enfin tout dire a son meilleur ami, qui est également le père de sa chérie Alice. Il voulait tout lui avouer, lui parler enfin de son histoire d'amour avec sa fille. Avant de partir, il m'avait dit de ne pas l'attendre, qu'il ignorait quand il rentrerait. Pourtant, je n'avais pu me réconforter à attendre sagement en entendant ses mots.

Je n'avais pas pu dîner, ne trouvant pas l'appétit pour avaler quoi ce soit. Pour ce qui était du sommeil, c'était pire. Il m'était impossible de dormir en ayant aucune nouvelle de mon meilleur ami. Allait-il bien ? Et si le père s'en était pris à lui ? Et si Alice avait décidé de nier toute l'histoire devant son papa ? Peut-être que Greg était en train de se bourrer la gueule dans un bar, ou pire encore... Non, non, faut pas que je pense au pire, c'est ridicule, Greg ne ferait jamais une telle chose. Pourtant, je ne peux pas m'empêcher de m'inquiéter pour lui, espérant recevoir un message de sa part, juste n'importe quoi. Peut-être que je devrais essayer de l'appeler... Mais et si il était toujours en pleine discussion ? Ha, je ne sais pas quoi faire !

Soudain, j'entends la clé tourner dans la serrure. Je bondis de mon lit pour aller dans la cuisine. Il est la, juste devant moi, et il a l'air entier. Il commence à s'excuser de ne pas m'avoir écrit avant de s'effondrer dans mes bras. Presque par automatisme, mes bras passèrent autour de lui, afin de mieux le serrer dans mes bras. Je le laissais pleurer contre moi, essayant de décrypter ses paroles.

Greg me dit qu'Alice sait tout, mais qu'elle ne lui en veut pas. Elle sait tout ? Elle sait qui elle est ? Comment ? À la base, il devait juste aller dire au père de famille qu'il était amoureux d'Alice et c'est tout. J'ai envie de lui poser des questions, mais je me retiens, le laissant pleurer et parler son rythme

Mon sang se glace quand il me dit que l'homme avait failli le tuer, avec un flingue en plus. Ouah, ce mec est pire que protecteur avec sa fille. Mais qu'est-ce qu'il c'est passé ? Pourquoi il n'a pas tiré ? Attention, je suis soulagé et heureuse de retrouver mon ami en entier, mais j'ai du mal à comprendre toute son histoire.

Je regarde Greg tituber jusqu'à mon canapé, ne sachant si je dois être triste ou contente. Il semble, en tout cas, complétement épuisé parce qu'il vient de vivre. Il me demande à boire, et je me doute bien qu'il ne parle d'eau. À ses mots, Chappie qui était en veille, tranquillement assise sur une des chaises de la table à manger, ouvrit les yeux.

« Puis-je vous servir un verre de whisky, monsieur Theïrin ? » Demanda-t-il en s'apprêtant à se lever.

« T'inquiète, Chappie. Remets-toi en veille, je me charge de tout. »

« Bien, Emily. » Rapidement, l'androïde ferma de nouveau les yeux, sa LED changeant de lumière.

J'attrapais dans un placard de la cuisine une bouteille de whisky, merci Greg, au passage, de remplir mes placards. Je l'ouvris et bu une gorgée directement à la bouteille, pas besoin de verre, on allait surement finir cette bouteille à nous deux. Je viens m'asseoir à côté de Greg, lui passant le whisky.

« Bois un coup, respire et reprend tranquillement, ok ? Qu'est-ce qu'Alice sait exactement ? »

Les paroles de Greg me brisent le cœur. C'est sûr que tout cela à du lui faire un choc émotionnel. Un mélange de bonheur et de malheur à la fois. Il a besoin de dormir je pense, mais surtout de boire un bon verre de whisky. Enfin, un verre, plutôt une bouteille oui, car je la ramène sans prendre le moindre verre dans ma cuisine. On va surement avoir une belle gueule de bois demain matin, mais je prends totalement ce risque pour mon ami. Et puis, ce n'est pas comme ci je n'avais jamais la gueule de bois.

Je lui tends la bouteille, après avoir bu une bonne gorgée au préalable. Je le laisse tranquillement, en profitant pour me rapprocher de lui, il a autant besoin d'attention que de cette bouteille. Je pose ma main sur son bras libre, lui montrant que je suis là, qu'il n'a plus à s'inquiéter. Il m'avoue que pour lui aussi toute cette histoire c'est un peu le bordel dans sa tête. Tu m'étonnes.

Il recommence donc à me raconter ce qui c'est passé, dans l'ordre et en prenant son temps. Je le vois essuyer du sang séché au niveau de son nez. Merde, son meilleur l'a carrément frappé en apprenant la nouvelle. Aïh. Mon pouce vient caresser doucement le bras de Greg. Je n'ose rien dire, de peur de l'interrompre et surtout de le faire pleurer de nouveau.

Alice a donc essayé de s'interposer suite au premier coup de poing de son père sur son petit ami. Résulta, elle s'en prit une aussi, pauvre choupette. Le père à carrément insulter Greg de violeur. Il est vraiment pas allée avec le dos de la cuillère avec les insultes celui-là.

« Tu sais ce que ce n'est pas vrai. » Disais-je calmement en venant placer ma main libre dans ses cheveux.

Je me rapproche un peu plus de mon ami, voulant lui montrer que je suis là pour lui, mais aussi que je le crois. La suite de ses paroles me font mal. La mère d'Alice détestait sa propre fille ? C'est vraiment horrible, et je sais ce que doit ressentir Alice en sachant ça. Ma propre mère m'a presque tourné le dos en se trouvant un nouveau copain. J'étais de trop dans leur vie. Alice, petite princesse, ne t'en fait pas, tu arriveras à surmonter cela je t'assure.

Greg boit encore de longue gorgée de whisky comment cherchant à trouver la suite de ses paroles dans l'alcool qui coulait dans sa gorge. Je prends la bouteille qu'il me tend, tout en écoutant chaque mot qu'il prononce. Greg voulait tout avouer à Alice, mais le père refusait, au point de pointer une arme sur son meilleur ami. Il était prêt à le tuer pour garder son secret. Je vois de nouvelles larmes perler sur les joues de mon ami, et je dépose rapidement la bouteille sur la table basse, pour venir l'enlacer.

Je sens des larmes me monter aux yeux, mais j'essaye d'être forte, pour lui, pour moi, pour nous. Alice était prête à mourir pour Greg ? Elle était prête à terminer ainsi sa vie, si celle de son être aimé se finissait ? C'est à la fois beau et triste. Je serre un peu plus Greg contre moi, essayant d'apaiser sa peine. Je me détache doucement, quand il cherche à reprendre la bouteille pour boire. Je reste tout près de lui, alors qu'il me raconte que le père a fini par dire à sa fille qu'elle n'était pas humaine.

Je n'arrive plus à résister, des larmes coulaient à présent sur mon visage. Alice aime Greg, elle lui a dit, elle lui à montrer et à présent elle est chez Ellis. J'ôte la bouteille des mains de mon meilleur ami et le force à passer ses bras autour de moi. Je le serre fortement contre moi, laissant une main venir caresser son dos. Des doux "chut" sortent de ma bouche, alors que je le berce légèrement. Je le laisse pleurer, se vider de tout ce trop plein d'émotion. Il faut que ça sorte.

Au bout d'un certain temps, sentant que les larmes se calment peu à peu, je me détache doucement de Greg. Mes mains se placent sous son visage et je le force à me regarder.

« Ça va aller Greg, ne t'en fait pas. » Mes pouces caressent ses joues humides, essayant de les sécher de la sorte. « Alice t'aime, elle t'aime plus que tout au monde. Vous allez vivre ensemble, dans une grande et immense maison. Vous adopterez un chien et vous l'appellerez FanstasmeBoy Junior. » Disais-je en riant légèrement, espérant le faire rire à son tour.

Cela me fait beaucoup de mal de voir mon meilleur ami de la sorte. Je ne peux qu'imaginer ce qu'il a vécu, ce qu'il a traversé ce soir. Par contre, je sais ce qu'il doit ressentir à cet instant, ce sentiment d'abandon, de solitude. Oui, à présent il a Alice, même si elle a surement besoin de réfléchir un moment. On vient quand même de lui avouer qu'elle était une androïde. Cela doit remettre toute sa vie en question. Greg et Alice ont autant besoin l'un de l'autre, et savoir que leur amour est intact me rassure profondément.

« Je ne sais pas non plus, Greg. » Disais-je avec un doux sourire sur les lèvres.

Je ferme quelques secondes les yeux, alors qu'il vient embrasser mon front. Je le vois ensuite récupérer la bouteille de whisky pour boire de longue gorgée en notre amitié. J'attrape à mon tour la bouteille que je porte rapidement à mes lèvres. Moi aussi j'ai besoin de boire, peut être pas plus que lui, mais j'en ai besoin aussi. Je sens l'alcool me brûler agréablement ma gorge. On s'échange plusieurs fois la bouteille, la vidant en quelques minutes seulement.

Je cligne plusieurs fois les yeux. Je sens l'alcool me monter à la tête. Mon corps semble flotter légèrement au-dessus du canapé. Je souris inconsciemment, heureuse de ressentir l'effet de l'alcool envahir mon corps peu à peu. Je ressens tout de même la main de Greg se poser sur ma cuisse. Automatiquement, je pose une main par-dessus la sienne, la serrant doucement.

« Zamais Greg, ze te le promets. Ze sais à quel point cela peu faire souffrir d'être zabandonné. Tout le monde à toujours finit par m'abandonner. Alors... Je te laisserais zamais tombé, tu m'entends ?! »

Je me lève difficilement du canapé, tirant Greg contre moi. Je manque de tomber en attrapant mon ami. Je me mets à rire tout en faisant chut en même temps. Je tire Greg jusqu'à mon lit ou on tombe machinalement. Je viens enrouler mes bras autour de mon ami.

« Zalice à de la chance de t'avoir ! »

J'embrasse le front de mon ami, puis ses joues, puis ses lèvres. C'est juste un doux baisé rapide, sans importance. Avant que je mette à sourire amusé tout en laissant tomber ma tête contre le matelas.

« Dodo ! » Décrétais-je tout en commençant à m'endormir.

Je me réveille doucement, voyant Ellis à mes côtés. Il dort, il est si mignon. Il finit par ouvrir doucement les yeux et il me sourit. Il s'approche de moi et m'embrasse tendrement. Je fonds sous son baisé. Je sens le soleil caresser ma peau et la réchauffer doucement. Il m'enlace avec douceur, avec tendresse, avec beaucoup d'amour. J'ouvre les yeux pour le regarder, mais soudainement tout s'assombrit autour de moi. Je ne suis plus allongé, je suis debout face à lui. Tout est sombre autour de nous. Il pleure, il me dit à quel point je lui ai fait du mal. Je veux courir vers lui pour lui demander pardon, mais je n'y arrive pas. Je baisse les yeux et vois des chaines entourer mes chevilles. En regardant mieux je vois du sang, et quand je tourne la tête je vois un énorme boulet, beaucoup plus gros que moi. J'essaye de bouger, mais rien y fait. Ellis s'approche de moi et me dis à quel point il me déteste, à quel point je l'ai déçu et surtout à quel point il m'aimait. Je veux lui parler, lui demander pardon, mais tout reste bloqué dans ma gorge. Il s'éloigne de moi et je ne peux rien faire, ni parler, ni bouger. Je fonds en larme, alors que je vois une immense ombre noir, semblable à un loup, s'approcher de moi la gueule grande ouverte. Il vas me dévorer tout entier...

J'ouvre brusquement les yeux, je sens mon cœur battre à cent à l'heure dans ma poitrine. Je me sens tout moite, toute transpirante, comme si j'avais couru un marathon. Je sens une larme perler sur ma joue, tout comme celles dans mon rêve. J'entends un ricanement dans mon dos, c'est celui de Greg. Il me dit que je n'ai pas pu résister. Mes doigts viennent frôler ma bouche et me souvient du baisé que je lui ai donné. De nouvelles larmes rejoignent la première, j'essaye de les faire disparaitre rapidement. Je ne veux pas qu'il me voie pleurer.

« Que veut tu, tu es trop sexy ! » Disais-je en riant faussement, avant de placer une main sur ma bouche, alors les larmes se font plus nombreuses sur mes joues.

Je me force à me lever, restant de dos à Greg. Je ne veux pas qu'il me voie, je ne veux pas qu'il me pose de question. Je devrais me jeter sous la douche pour faire disparaitre tout ça rapidement sous l'eau chaude, mais il faut d'abords que je me calme. Mais j'y arrive, les flashs de mon rêve me reviennent en tête et un sanglot s'échappe de ma bouche, alors que mon corps commence à trembler.

« Pardon... Tu devrais aller... Prendre ta douche.... » Finissais-je par dire avec énormément de difficulté.

Je n'arrive pas à arrêter les larmes de perler sur mes joues, c'est plus fort que moi. Oui, moi et Ellis on c'est parler depuis qu'il a quitté si brusquement mon appartement, et aussi ma vie. On est amis à présent, on se parle de temps en temps, on s'envoie des messages et on se croise aussi à l'université. Mais je n'ai jamais oublié la peine que je lui ai fait endurer, des larmes qu'il a versées et des paroles qu'il a prononcés. Je n'oserais jamais lui dire que je regrette amèrement ce que j'ai fait. Je l'ai laissé partir, comme ça, tout ça par fierté, mais aussi par peur. Putain, pourquoi ce connard de loup ne peut pas me laisser tranquille ?

J'essaye de faire au mieux pour cacher cette lourde peine qui éclate en moi, ne voulant pas inquiéter mon meilleur ami, mais je sens ses bras venir m'entourer, me tirer vers lui, afin de m'enlacer. Je me calme pendant une seconde, comme si je me sentais honteuse, tel un enfant dont on viendrait de découvrir la bêtise qu'il a faite.

J'essaye de me calmer, voulant mentir, dire que tout va bien, pour ne pas avoir à révéler la vérité. Je me sens prête, intérieurement. Je me sens prête à dire que j'ai trop bu la veille et que je décuve mal. Que c'est rien de grave ou je ne sais quoi, mais les paroles de Greg, sa voix si triste, font soudainement revenir toutes les larmes. Pourtant, dans un dernier effort, qui est totalement vain, je viens cacher mon visage entre mes deux mains. Ne me regarde pas, ce n'est rien, car c'est totalement ma faute.

Il vient embrasser ma joue et je sens mon cœur se serrer horriblement. Je suis un monstre Greg, je ne suis pas une bonne personne... Il tente de faire de l'humour, mais mon cœur est noyé sous la peine que je me suis auto causée. Un nouveau bisou dans mon cou, celui de trop. Je me sens vider de toute force, j'ai envie de m'effondrer par terre, et c'est grâce à Greg que je reste debout. Il doit le sentir, tout mon poids qui veut soudainement s'écrouler.

« Greg... Greg... »

Je pleure tout en prononçant son petit nom, tremblant de plus belle sous les sanglots.

« Ellis... Il est venu habiter ici un temps... Il... On a vécu une histoire... Et... Je l'ai laissé partir... Par fierté... Parce que je suis conne... Parce que je voyais d'autres mecs... Parce que je croyais qu'il allait me quitter... »

Sans trop comprendre comment, je me retourne pour faire face à mon meilleur ami. Mon regard humide venant croiser le sien.

« Je crois que je l'aimais... »