Sam n’était pas sûr de la façon dont il s’y était pris, mais il semblait évident pour lui, qu’il était plutôt fier de lui. Après tout… Il avait réussi à dire le fond de sa pensée, sans se figer, sans hésiter. Est-ce que ses entraînements donnaient enfin quelque chose ? Il l’espérait sincèrement.
Mais soudain, l’ambiance sembla changer. Comme plus froide. Ou quelque chose du genre. Presque plus dangereuse.
Adam ne sembla rien dire, prit la flûte vite de Sam, et la posa, avant qu’il ne s’exprime enfin.

- Juste votre client ?

Sa voix presque dure, plus mauvaise, donna un frisson d’effroi à Sam dont le courage n’équivalait jamais trop à grand-chose. Bon. Apparemment il avait fait une bêtise…Mais c’était ce qu’il pensait ! Il ne voulait pas qu’Adam Jefferson s’imagine autre chose, et continue de lui montrer des signes d’affections que Sam ne désirait pas recevoir.
Il devait bien lui exprimer le fond de sa pensée, non ?
Mais soudain, alors que Sam essayait de comprendre ce qu’il devait dire pour calmer le jeu, Adam lui, ne s’arrêtait pas, et ferma l’ordinateur du jeune homme, en se rapprochant de lui à telle vitesse que Sam eut un geste de recul rapide.

Mais la suite le surpris. Une excuse pour le revoir ? Comment ça…Une excuse pour le revoir ? Pour faire quoi ? Mais Sam n’eut pas le temps d’émettre des hypothèses, que son cerveau grilla. Parce qu’Adam posait encore une main sur lui, à un endroit intime, et pire encore, lui tint le visage de façon presque à le piéger.
Sam faisait l’impression d’un lapin surpris par des phares.
Il ne s’attendait pas à ça. Il fallait dire qu’il ne connaissait guère Adam et qu’il le trouvait juste exubérant et…A l’image de l’endroit qu’il tenait, après tout.

Il manque d’hoqueter de surprise, mais déjà, Adam l’embrassait sans même lui laisser le choix. Et si Sam avait de l’expérience en matière de baiser, et sentit que le baiser d’Adam n’était pas si langoureux, mais plus empreint de quelque chose d’étrangement doux, il n’aima pas à ce baiser.
Il ne voulait pas embrasser son client ! Il voulait justement lui faire comprendre qu’il ne voulait pas l’embrasser.
Mais le geste était si surprenant, si choquant, que Sam resta figé un instant, sans savoir quoi faire. Il ne répondait pas au baiser, en tout cas. Il sentait l’alcool brouiller légèrement son cerveau, l’empêchant de se dire sûrement qu’il devait le repousser.

Seulement, lorsque la main d’Adam sembla descendre, Sam se dit qu’il ferait peut-être mieux d’agir avant que ça ne soit trop tard.
D’ailleurs, n’était ce pas trop tard ? Sûrement un peu.
Sam n’eut pas le temps de se défendre. Le client recula brusquement, s’excusant même de ce fait, avec un air si…Troublé. Sam fronça les sourcils et, sembla rebrancher ses neurones, puisque des hypothèses lui revinrent en tête.

- Ne…C’est…

Bon. Les neurones étaient à demi branchées, parce que Sam ne savait pas commencer formuler sa phrase. Il n’osa pas essuyer sa bouche, mais il en avait envie. Très fort. Mais ça serait… Ca serait mal, parce qu’Adam était probablement… Il éprouvait quelque chose pour lui non ? Non ? Sinon pourquoi il aurait fait ça ?
Sam savait que certaines personnes voyaient plus les gens comme des choses pour le sexe que pour l’amour, mais à cet instant, il usait de sa naïveté et commençait à croire qu’Adam Jefferson avait eut un coup de foudre pour lui, mais, comme il n’était pas si exubérant, s’était rendu compte que son comportement était déplacé et avait reculé.

- Ce n’est pas… Enfin, j’aimerais quand même que vous ne recommenciez pas mais… Ce n’est pas grave ! Je…Je veux dire…. On contrôle pas ses sentiments non ? Mais… Je suis désolé, moi aussi.

Il avait un air tout penaud.
C’était le premier cœur qu’il allait brisé, et il s’en sentait si mal. Jamais encore on n’avait semblé amoureux de lui, avant que lui ne le soit, et voilà que ça arrivait avec un homme qu’il n’aimait pas. Preuve en est, qu’il n’avait guère adoré se faire embrasser par celui-ci.

Au-delà de ça, Adam Jefferson était un homme étrange, presque parfois…. Trop extraverti, oui, c’était aussi le mot.
Et peut-être qu’il était charmant, mais Sam ne l’aimait pas comme il pensait qu’Adam l’aimait.

- Mais je …Vous êtes vraiment juste un client pour moi. Alors j’aimerais vraiment…Que vous ne recommenciez pas.

Puis, parce qu’il était Sam, et qu’il n’y avait qu’une personne comme Sam pour réagir comme ça, il releva les yeux vers Adam, et lui fit un tout petit sourire, avenant, gentil.

- On peut être amis, sinon ! …Enfin… Je veux dire, rien n’empêche que je sois ami avec un client, et je préfère ça à …Euh…

Voilà.
Sam était la bonté même, et il n’avait guère conscience qu’en vérité, en face de lui, se tenait un suppot du diable en personne, doué pour faire sa dure besogne, qui était de réveiller chez les gens la luxure ou d’autres péchés guère plus brillants.
En aurait-il parlé à son « oncle » que probablement celui-ci aurait compris, vu combien il était tourné sur la religion.

- Enfin, si vous voulez bien, Adam, fini par conclure Sam, avec un sourire beaucoup trop mignon pour la personne qui se tenait devant lui.

Sam n’aimait pas voir son client dans pareil état. Oh, bien sûr, Adam s’était joué de lui. Il lui avait fait touché des poitrines, il l’avait embrassé sur la joue, il l’avait accueilli dans son endroit, alors que des androids étaient en train de croire que Sam venait pour autre chose. Mais Sam n’arrivait pas à lui en vouloir. Du moins pas totalement. Parce qu’il ignorait à quel point le directeur de l’Eden Club s’était joué de lui, bien sûr.
Mais Sam n’arrivait pas à être en colère de base. Alors que là, il voyait Adam sembler troubler, mal en point, ce genre de chose…Comment aurait-il pu être mauvais avec lui ? Comment ?

Et puis, Sam avait déjà vu des crises d’angoisses.
Parce que c’était déjà sorti de sa propre bouche, quand, durant ses études, il avait obtenu des mauvaises notes, quand il ne savait plus comment faire. Ou même, il en avait déjà géré, comme quand un membre de la troupe en avait fait une avant un spectacle.
Ce qui se tenait devant lui, y ressemblait de plus en plus.
Et Sam n’était pas sûr d’avoir le droit de faire quelque chose.
Alors à la place, il s’exprima à sa façon. Il proposa d’être ami avec Adam. Voyant même que celui-ci semblait si troublé… Il avait même posé sa main sur son cœur ! C’était bien qu’il… Eprouvait sûrement quelque chose non ?
C’était ça. Ou alors non. Mais Sam avait l’impression que c’était ça. Qu’Adam était amoureux de lui, et qu’il ne pourrait pas lui rendre ses sentiments.

Cela sembla faire rire Adam, que Sam propose une amitié. Mais il sembla tout de suite se mettre à tousser. Immédiatement, le jeune Theïrin se leva pour s’assurer que tout allait bien.
Il vit le directeur du club se remplir un verre de vodka et ne fut pas sûr que ce fut bon. Surtout vu comment il le remplit.
Mais alors que Sam alla pour parler, l’autre prit les devants, disant que Sam mentait, parce que son client était un « putain de connard ».
Certes, il était exubérant, et ne vouloir en faire qu’à sa tête, mais de là à dire qu’il était un connard….

Et voilà qu’il toussait toujours…

- Vous verriez mieux... D'y aller... Monsieur Theïrin...

Comment pourrait-il parler alors qu’Adam se sentait si mal ? Non ! Il ne pouvait pas le laisser comme ça.
Il prit sur lui, ignorant l’alcool, tenant encore debout, et lentement il approcha.

- Je…Je ne peux pas partir, vous semblez mal !

Sam était bien trop gentil pour partir. Mais il se sentait mal. Pouvait-il l’aider ? Il avait peur pour lui. Mais il fit outre de sa peur et de ses doutes, et si l’alcool dû aider à ça, le courage qu’il avait pour aider les autres, devait être aussi présent.
Sam mit sa main sur la main qui tenait le verre. Oh, c’était tenter le diable, mais il voulait au moins essayer d’aider.

- Je… Essayez de respirer lentement ? Ca va aller… Et vous n’êtes pas un…Euh…  « Putain de connard ».

Sam détestait lâcher des vulgarités, il avait l’impression que ça brûlait sa bouche.

- Je ne pense pas que boire de la vodka va vous aider…Je…Respirez lentement. Je ne mens pas vous savez ? Vous êtes assez exubérant, et bien plus… Penché sur la chose que moi, mais vous n’avez jamais été trop méchant, si ?

Tellement naïf.
Il ignorait tellement tout. Il ignorait même ce qu’Adam avait fait à la personne qu’il admirait le plus. Il ignorait même que c’était là tout le souci. Il se concentrait juste sur le fait qu’il ne pouvait pas laisser Adam comme ça.
Pas avant qu’il se calme, pas avant qu’il se sente mieux.

- Je vais vous servir un verre d’eau…Ca serait mieux vous savez ?

Il chercha pour trouver un verre et de l’eau. De l’eau, c’était mieux que de l’alcool. Ca brulait moins, ca irritait moins, ça faisait moins tousser.
Mais bien sûr, ça ne faisait rien oublier.

Sam cherchait comme il pouvait de l’eau. C’était peut-être totalement stupide, peut-être que ça n’aiderait pas.
Mais c’était la première idée que Sam avait eu. En même temps, il n’allait pas juste partir et dire « cool cool cool noice débrouille toi Adam ça va aller ».
Non.
Sam avait besoin d’aider, parce qu’il s’inquiétait forcément pour cet homme. Peu importe ce qu’Adam avait pu lui faire.
Il ignorait forcément ce qu’il se passait, mais faisait de son mieux. Et de toute évidence, ça ne suffisait pas.

Sam ne trouvait rien, mais il entendit un bruit différent, et tourna les yeux.
Peut-être qu’il aurait dû éviter. Une fois que c’était devant lui, c’était difficile de se calmer.
Il ne savait plus quand ça avait commencé, cette étrange phobie. Il se souvenait juste s’être déjà évanoui, et qu’on lui ait expliqué le souci.
C’était un secret qu’il gardait précieusement. Parce que c’était…Disons, embarrassant à admettre.
Mais devant lui se tenait son point faible principal et son corps ne sembla pas attendre pour réagir, alors qu’à son tour il se sentit en sueur, comme si la température à l’Eden Club avait augmenté drastiquement.
Mais il sentait bien ses jambes devenir lourd, et sa respiration augmenter en volume, et en intensité.

Ca ne perdait pas de temps, et il n’arrivait plus à parler.
Tout arrivait en même temps et il avait beau essayer de détourner les yeux, c’était difficile. Le sang n’était pas proéminent, il pouvait encore tenir un peu non ?
Il devait tenir !
Sam essaya d’avancer, et c’est là qu’il s’étala au sol.
Il pouvait vouloir tenir, que son corps lui, refusait, et que son cerveau voulait l’envoyer au diable. Mais il ne pouvait pas aider Adam du coup. Et ça…Ca lui pesait.
Heureusement il n’avait plus vue sur le sang, mais l’image restait ancré en lui.

- A….L’aide….Quelqu’un…. L’aide…..

Là, son esprit sembla couper toute signalisation. Pour le protéger, probablement. Le protéger de cette vision d’horreur, qui en plus du trouble et de la panique, n’avait pas aidé à ce qu’il perde connaissance.
L’espoir était-il vraiment perdu ?

Sam avait vu le sang. Et malgré toute la frustration du monde et de sa maudite faiblesse, il s’était laissé tomber. Forcément.
Il aurait voulu être là. Il aurait voulu aider Adam. Parce que eh bien… Parce que Sam était gentil voilà tout.

Et quand il tomba il manqua de lâcher un « zut non » mais n’eut pas le temps.

Lorsqu’il reprit ses esprits, ce fut par un homme qui le secouait en l’appelant du genre « Hey réveille toi », presque aussi doucement que possible. Cet homme n’était pas Adam alors immédiatement il s’inquiéta.

- Où est Adam Jefferson ? Est-ce qu’il va bien ?! Je…Je ne voulais pas m’évanouir !

Mais c’était trop tard, et l’autre ne sembla pas lui donner plus d’informations.
En fait, il l’aida juste vaguement à ranger ses affaires, à prendre son sac, et à le ramener à la sortie. Pas si brusquement, mais avec hâte.

Sam ne comprenait pas ce qu’il venait de se passer, Sam sentait encore son cœur battre à fond.
Sam s’en voulait aussi, et pourtant, lorsqu’il termina dehors, il ne pu pas revenir.
Parce que l’homme qui le mis dehors l’informa de ne pas revenir.

Alors, Sam se retrouva dehors, avec sa culpabilité, ses doutes, sa confusion, et se demanda un instant, ce qu’il venait de se passer.
Serrant son ordinateur contre lui il soupira.

- ….J’ai été trop nul….

Baissant la tête, ce fut un petit bonhomme tristounet qui rentra chez lui, sans oser faire plus que s’inquiéter pour cet étrange homme, qu’était Adam Jefferson

[Fin. *pan*]