Raaah, bordel, j'ai trop la tête dans le cul. Je reviens pas que j'ai passé la nuit au studio d'enregistrement. Faut dire que j'étais trop à fond sur une chanson que je voulais absolument finir. J'avais la fin de la chanson sur le bout de la langue, mais impossible de mettre des mots dessus. J'ai dû la chanter je ne sais combien de fois, avec le dernier couplet qui changeait à chaque fois pour trouver le bon. Dire que pendant tout ce temps, mes hommes sont restés à mes côtés. Oh bordel, putain que je les aimes. Ils sont tellement géniaux. Marcus, c'est presque bousillé les doigts à jouer toute la nuit. Skaan il a essayé de m'aider à trouver des mots. Et puis l'inspiration a réussi à venir, enfin, une fois qu'on, c'est bien envoyé en l'air dans le studio. Que voulez-vous ? Mes hommes sont mes muses. Bref, à la fin on, c'est endormi dans le studio.

Bon, dormir c'est pas le souci, c'est le réveil qui était dur. Car même si le torse de Skaan fait un très bon oreiller, le parquet, par contre, n'est pas un très bon matelas. Résultat, j'ai mal au dos. Sans parler du fait que j'ai dû me réveiller rapidement, car j'avais une interview à l'autre bout de la ville. Au final ? Mal de dos, plus fatigue, plus faim. Et mes hommes me manquent déjà.

Je suis dans la voiture, direction la maison, afin de dormir et surtout bouffer, quand, à un feu rouge, je vois une scène au loin. Un mec qui tabasse un androïde. Putain de connard ! Je ne peux pas m'empêcher de penser à Judi et à tous ceux que j'ai blessé par ma connerie. Ça m'énerve. La colère monte vraiment quand un mec semble vouloir arrêter la scène et se prendre un coup en plein visage. Je réfléchis pas plus longtemps. Je sors rapidement de la voiture, laissant mon homme de main perplexe au volant, et cours vers le connard pour lui foutre une bonne droite, le mettant direct à terre.

« Ça va le spectacle vous plait ? Putain, personne pour avoir les couilles de bouger son cul !  »

Je suis grave énerver, donc je gueule sur tous ses gens qui regardent. M'en fous si on me reconnait. Au moins, ça réussi à dissiper vite la foule, alors que deux de mes hommes de main arrivent en courant pour me prêter main forte.

« Uno di voi vedrà se l'androide sta bene, l'altro getterà quello stronzo il più lontano possibile dalla vista. »

Traduction:

Je soupire d'énervement, avant de poser mon regard sur le mec à terre. Pas celui que j'ai blessé volontairement, l'autre. Je m'agenouille rapidement et sort un mouchoir de ma poche pour appuyer doucement au niveau de son nez.

« Ça va ? Il est vraiment pas allé de main morte ce con... »

Je tourne un instant le regard l'androïde, avant de reposer son regard sur l'homme.

« C'est ton androïde ? Il a l'air un peu amoché, mais ça va. T'inquiète. Il est costaud. »

L'homme semble totalement bouleverser. Il a l'air de s'inquiéter pour son androïde. C'est ce que je suppose, car il répète beaucoup son nom. Jayden. J'essaye de le rassurer, mais pas non plus de lui cacher la vérité. Il me remercie, mais reste très bouleversé. Il a l'air de s'en vouloir de n'avoir rien pu faire. J'ai envie de lui répondre que ça va, un androïde c'est costaud et j'en sait quelque chose, mais... Bon, c'est sûrement pas le genre de truc qui va le rassurer.

« Ne t'en fait pas. Ça va aller, maintenant. » Disais-je d'une voix calme et tout en essayant d'être rassurant.

Il m'explique qu'il faut emmener son androïde dans une boutique. C'est vrai qu'il aurait besoin d'une bonne réparation, ou même, simplement d'un contrôle interne pour vérifier que rien n'à disjoncter. Il m'explique qu'il ne peut pas conduire. Qu'il a besoin de moi. Qu'il... sa canne ? Je l'observe un peu plus longuement et commence à comprendre quelque chose. Doucement, je viens à passer une main devant son visage. C'est bien ce que je pensais... Il ne voit rien. Il est aveugle !

Il s'accroche à mon bras. Il me supplie de l'aider et je peux difficilement lui dire non. Je me vois mal laisser un aveugle en plein milieu de la rue sans qu'il puisse rentrer chez lui. Ça doit être paniquant de vivre sans voir. De devoir dépendre de quelqu'un ou quelque chose. Bon, je suis peut-être pas mieux avec l'alcool et la drogue. Je peux pas vivre sans ça...

« Ne t'en fait pas. Je vais t'aider. On va aller dans la boutique la plus proche. Tiens toi bien à moi. »

Je l'aide à se redresser, venant mettre une main sur ses côtés, en passant derrière son dos. Une fois debout, je l'aide à marcher jusqu'à ma voiture. Mes hommes de main comprennent sans problème le boulot qu'ils doivent faire. Ils attrapent l'androïde et le porte jusqu'au coffre de la voiture.

« Non, vous le mettez sur à l'arrière avec nous ! » Ordonnais-je rapidement à mes hommes de mains qui s'exécutèrent dans la seconde.

Heureusement, ma voiture est petite limousine. Il y a donc assez de place pour moi, l'aveugle, son androïde et mes deux hommes de main. Une fois installé dans la voiture, j'ordonne rapidement à mon conducteur de nous emmener au plus vite dans un magasin d'androïde. Je pris ensuite les mains de l'homme et les posa sur son androïde.

« Il est là. Il va bien. Je t'assure. »

On arrive vite au magasin d'androïde et j'aide l'homme à descendre, pendant que mes deux hommes de mains s'occupent de son androïde. Je me dirige rapidement vers l'accueil.

« On a besoin que quelqu'un examine cet androïde le plus rapidement possible. »

Tout en parlant, j'attrapa mon portemonnaie et sorti une liasse de billet vert au vendeur.

Cet homme tien vraiment énormément à son androïde. Il n'a pas l'air de le regarder, façon de parler, comme ci il s'agissait d'une simple machine. Sa façon d'être, de parler, de réagir, on dirait qu'il s'agit de quelqu'un d'important à ses yeux. Je ne peux pas m'empêcher de penser à Judi, sur le moment. Judi que j'avais longtemps vu comme Judas. Comme mon androïde à moi. Comme une vulgaire machine aussi utile que mon téléphone portable, mais en me rapportant plus d'argent. À présent... mon regard à totalement changé, au point ou j'ai l'impression qu'il s'agit de deux personnes totalement différentes. Rien qu'au niveau caractère, ils sont tellement différents en tout point et... Je n'imagine pas comment je serais si quelqu'un venait à lui faire du mal. Je tiens énormément à lui.

C'est sans doute pour ça que je sors si facilement de l'argent sur le comptoir, car je pense à Judi. À peine la liasse de billet posé, d'ailleurs, que je vois la main de l'aveugle se poser dessus. Il semble surpris. Par la somme ou par le fait que c'est moi qui paye ? En tout cas, il semble surpris et dit vouloir payer. Je le regarde de haut en bas, le jaugeant. Il a les moyens ? Je sais combien les androïdes coutent cher, surtout en réparation.

Je n'ai pas le temps de lui répondre, que le vendeur nous informe que Jayden ne pourra pas être réparé avant demain soir. L'aveugle sans paniquer à mes côtés. Totalement. Je sens mon cœur serrer et je met à imaginer Emy à sa place et Judi à la place de Jayden. Mon bras vient entourer l'homme, l'attirant contre moi, un peu de force, le câlinant à moitié. De ma main libre, je sortis une autre liasse de billet vert. Je sais qu'avec pas mal d'argent on peut quasiment tout avoir.

« Faites en sorte que ça soit votre priorité numéro un. » Ordonnais-je au vendeur, qui me répondit très vite d'un signe de tête en prenant l'argent.

Je me tourna vers l'aveugle, venant lui murmurer avec beaucoup de douceur, tout en laissant ma main caresser son bras que je tiens.

« Je... Jayden à l'air très important pour toi. Cela se voit. Il a de la chance d'avoir quelqu'un comme toi. »

J'hésitai quelques secondes avant de continuer, mon regard se posant sur des androïdes exposé dans le magasin.

« Est-ce que... Tu aurais besoin d'aide en attendant qu'il soit de nouveau sur pied ? Un autre androïde ? Ou bien... Je peux rester encore avec toi, si tu le souhaite. »

C'est mignon. L'inconnu aveugle vient de dire que c'était lui qui avait de la chance d'avoir son androïde. Oui, c'est clair, il tient à lui et pas comme Marcus tiens à sa voiture. Quoi que... Des fois, je me demande si il arriverait à choisir entre sa bagnole et moi. Peut-être que si je suis à poil, le corps huilant, brûlant d'envie, la queue tendu et le regard le dévorant de la tête au pied, là, je passerait peut-être avant sa voiture. Enfin, bref, cet homme semble tenir énormément à son androïde. Je suis même, presque sûr, qu'il le voit autrement. Tout comme je ne vois pas Judi comme l'un de mes anciens androïdes personnels. Je le vois tellement différemment. Il est mon ami. Il est ma famille.

Je proposa à l'homme de louer un autre androïde, en attendant que Jayden soit de nouveau opérationnel. Même si... je me doutais fortement, qu'il n'allait pas vraiment accepter. Ou bien accepter, mais simplement par obligation à cause de son handicap. Je m'imagine mal proposer à Emy un autre androïde comme petit ami pour la journée, le temps que Judi se fait réparer avec Greg. Je les compare peut-être trop, mais c'est plus fort que moi. Et c'est aussi pour cette raison que je lui propose également de rester avec lui.

Je souris amusé quand je vois l'homme me dire qu'il ne peut pas abuser de ma générosité. Hé ben, on me l'avait jamais faite celle-là. D'habitude, les gens profitent sans honte de mon argent, ainsi que de ma célébrité. Et cela, c’est empirer depuis que je suis chanteur. Alors, le fait qu'il me dise ça... je me retiens de rire.

Tout comme je le pensais, il me dit qu'il se sentirait pas à l'aise avec un autre androïde. Il ajoute même que j'en ai déjà tellement fait pour lui. Il est vraiment adorable. Je sens un léger pincement se faire dans mon cœur, quand il me dit que je suis son ange gardien. C'est... J'aime tellement ses mots. Il me donne envie d'être bon. Tout comme... j'avais cette envie... ce besoin... avec David...

« Adam. Je m'appelle Adam. Et toi, mon bel inconnu ? D'ailleurs, tu devrais me tutoyer. Je suis quand même plus jeune que toi. »

Je l'écouta me répondre, avant de prendre la décision, à sa place, sur la suite des événements. Je ne sais pourquoi, mais je viens embrasser son front. Sans doute pour le rassurer et calmer ses larmes.

« Je vais t'emmener chez moi. Je ne vais pas te laisser tout seul. Je commence à bien t'aimer, en plus. » Disais-je en riant légèrement.

Doucement, je l'aida à sortir de la boutique, allant jusqu'à ma voiture. Mes hommes de mains me suivirent, mais je leur fit signe de disposer. J'allais rentrer, je n'avais plus besoin de leur protection. J'aida ensuite Alexander à monter dans la voiture, venant m'asseoir à côté de lui. Je pris sa main dans la mienne et demanda au chauffeur de prendre la direction de la maison.

« Cela fait longtemps que tu connais Jayden ? » Demandais-je tout en envoyant un SMS à mes hommes pour les prévenir de la situation.

SMS

Alexander. Quel joli nom. J'aime bien aussi Alex, c'est plus court. C'est surtout plus pratique à prononcer dans... certaines circonstances. Mais bon, qu'importe, j'aide donc Alex, soit Alexander, à sortir du magasin et aller jusqu'à ma voiture. Je compte bien le ramener à la maison, mais avant cela je préviens mes hommes qu'il y aura un invité avec nous ce soir. Tout en envoyant le SMS, je demande à Alex si il connait Jayden depuis longtemps. J'ai bien dit connaitre et non acheter. Je trouvais que le terme n'était pas du tout approprié. Et surtout, j'avais toujours Judi et Emy dans un coin de ma tête.

J'écarquille les yeux en l'écoutant parler. Tu m'étonne qu'il est attaché à lui. Ça fait 25 ans qu'ils vivent ensemble. Bien sûr qu'il voit autrement que comme un androïde. Surtout qu'il l'aide dans la vie de tous les jours. Un peu comme la voiture de Marcus ?... Ok, faut vraiment que je lui demande si il préfère sa bagnole à moi. Peut-être que lui aussi considère sa voiture comme un membre de sa famille... Il l'aime tellement... J'ai tellement envie, des fois, de l'abimer... Juste un peu. Un tout petit peu.

« Moi, je trouve pas ça stupide. Au contraire, l'inverse m'aurait fait bizarre. Vous vivez ensemble depuis longtemps, normal que tu te sois attaché à lui. »

Tout en lui répondant, je jette des coups d'œil à mes SMS ou la conversation... disons que... voir la tête de mon homme me fait toujours un effet de dingue. Faut que je me calme. Il est peut-être aveugle, mais pas con non plus. Si je me met à respirer rapidement et que mes gestes commencent à être trop... avec lui, il va bien se douter de quelque chose à force.

Je lève les yeux vers Alexander, posant mon téléphone sur mes jambes, le sentant légèrement vibrer, près de mon entrejambe, ayant surement des réponses de mes hommes. Il est trop mignon. Il est gêné. Je ne peux pas m'empêcher, de ma main libre, venir caresser délicatement sa joue du bout de mes doigts.

« Alors, tout d'abord, je vis en trouple avec deux hommes. Deuxièmement, on aime beaucoup recevoir des gens chez nous... surtout... »

Je m'arrête un instant, observant Alexander. Putain de Marcus, je bande vraiment à cause de toi ! Ma main se pose sur la joue d'Alex, mon pouce bougeant quelque peu pour le caresser.

« Enfin... bref... Juste ne t'en fait pas. Et je t'ai rien demandé en échange. Je n'ai pas besoin d'argent. Mon compte bancaire est très bien rempli, rassure toi. »

Ma main quitta sa joue, glissant sur son menton, son cou, légèrement sur son torse pour se poser sur son genou.

« Passons juste un bon moment, ensemble. Ok ? »

On finit par arriver chez moi. Je l'aide à descendre, tout en remerciant mon homme de main qui nous avait conduit jusqu'ici. Je tiens Alex contre moi, le guidant jusqu'à l'entrée de ma demeure. J'ai hâte de le présenter à mes hommes, même si... Marcus a commencé à bien me chauffer par SMS et j'ai peur de déraper facilement avec lui.

« Marcus, Skaan, je vous présente Alexander. Alex, je te présente mes hommes chéris, mes maris, Marcus et Skaan. »

Je ne sais pas qu'il ne peut pas les voir, alors j'invite mes hommes à s'approcher pour qu'ils puissent les toucher. C'est, d'ailleurs, surement même, une mauvaise idée...