Je me décompose à mesure que David raconte son histoire. Il n'y aucune tristesse, aucun regret, ni rien d'autre dans le ton de sa voix. Comme s'il s'en foutait. C'est en total contradiction avec ses paroles. Alors c'est ça. Il n'a jamais eu l'intention de se repentir pas vrai? Ses excuses n'en étaient pas. Il parle de manipulation mais...il nous a bien manipulé également. Et comme ça ne suffisait pas, il se permet de comparé ses méfaits avec ma survie. Comme s'il pouvait comprendre ce que je vis. Il est humain lui, il n'a pas besoin de réfléchir ni de forcé quoi que ce soit. Il n'a pas besoin de prouvé au monde qu'il est un humain. Il n'a pas besoin de démontrer qu'il a le droit de vivre, d'être libre. Que si on le voit comme un monstre, c'est parce qu'il a fait de mauvaise chose, pas parce qu'il est différent.

La fuite de Greg coupe mon attention de David un moment. Je me sens mal. Horriblement mal de lui avoir fait ça. Mais ce n'était pas de ma bouche qu'il devait l'entendre, ni de personne d'autre. Et rester ignorant n'allait rien résoudre. Évidemment qu'il n'oubliera jamais le 1er juin. Mais ne sachant pas toute l'histoire, est-ce vraiment réconfortant? J'ai...j'ai peut-être fais une erreur, ou peut-être pas. J'en sais rien. Pour l'instant, je vais laissé Greg digérer l'information. Je l'appellera demain pour prendre de ses nouvelles, espérant qu'il ira un peu mieux.

Qu'est-ce que je sens sur mon cou? C'est froid et...pointu, très pointu. Calmement, je me retourne pour voir Sirius, un couteau à la main, clairement menaçant et pas seulement dans ses mots.

Je devrais me sentir effrayé, ou même en colère, mais là maintenant...je suis épuisé. Épuisé des cachotteries de tout le monde. Épuisé que le moindre parcelle de vie privée dérange. Épuisé qu'on se lance la balle plutôt qu'assumer nos actes. Oui j'ai un secret, mais en quoi ça le concerne? Il en a aussi qu'il garde précieusement, nous tous avons nos jardins secrets. Et si je dis rien, il va m'égorger? Et voir finalement ce que je suis? Mais surtout, suis-je prêt à mourir pour ça? Dans d'autres circonstances, j'imagine que oui. Mais en ce moment, je n'ai plus la force d'essayer quoi que ce soit. Ma vie n'a plus d'importance. Elle n'a jamais eu de l'importance. Pour moi, mes proches m'importe plus que si on apprend que je suis un androïde ou non. Proches en question qui font de leur mieux pour que ça dérape pas. Je vous adore les filles, et je me sens choyer de voir Aria prête à tout mais je ne veux pas que vous soyez blessés par ma faute.

Je pose ma main sur l'épaule d'Aria et lui fait non de la tête. Il faut en finir. Même si l'envie n'est pas présente. Alors je la repousse doucement sur le côté pour qu'elle ne soit plus sur le chemin de son frère. Et puis sans le brusquer, je retire mon veston, déboutonne une seule manche pour le remonter jusqu'à mon coude. Toujours aussi délicatement, même si ce n'est pas nécessaire vu le rapport de force, je prend la main de Sirius et approche la lame de mon avant-bras. Je prend une grande aspiration, me donnant le courage de poser le geste, puis...ouvre ma peau sur le long.

Ça fait mal. Bon sang que ça fait mal. Mais je ne dois pas le montrer. Pas trop. Je sers donc fort les dents. C'est bien une option que je m'aurais épargné mais je n'aurais pas été sincère sur mon souhait d'être comme tout le monde. De toute manière...je ne le serais jamais complètement. Écarté ma peau rougis par mon faux sang pour faire voir un autre surface, blanche à la base ne fait qu'accentuer ce fait.

Voilà, content maintenant?

La douleur est aiguë à mon bras, comme si un deuxième coeur y avait poussé et qui pompait, m'électrisant tout le corps. L'idée de me couper de toute sensation me traverse l'esprit mais je tiens bon. Une autre idée, elle, me dit que j'ai foutu n'importe quoi. Elle a peut-être raison. Mais sur le coup ça me semblait le meilleur choix au vue de la situation. Et aussi que je ne voulais pas me contenter de retirer ma fausse peau comme tout androïde est capable de faire. J'aurais eu l'impression de continuer de mentir. Parce que ça aurait été le cas. Je ne suis pas seulement une machine, avec une LED en moins et des sentiments qui aurait pu être artificiel. En gros je n'aurais l'air qu'un robot parmi tant d'autres créer pour combler une manque chez mon propriétaire. Ça aurait pu. Mais ce n'est pas le cas. Je suis ''moi''. Mon vrai moi, sans l'aide d'aucune main. Et ce n'est que la surface. Mon intérieur aussi n'est plus le même. C'est ça mon secret, mon vrai secret. Je suis un androïde qui pense par lui-même, qui mange, qui boit, qui saigne rouge, et surtout qui peut avoir mal comme en ce moment.

Mais oui...mon geste est quand même peut-être une mauvaise idée. Sauf que là franchement, j'ai pas envie d'y penser et c'est trop tard de toute manière.

Bref, malgré ma douleur j'affronte le regard de Sirius, qui me prend vraiment pour un idiot fini et je peux pas lui en vouloir de penser ça je sais de quoi j'ai l'air. Mais...je n'ai pas l'impression qu'il ait vraiment regarder jusqu'au bout. Il ne réagit pas comme s'il faisait face à un robot.

Oh merde, j'ai manqué tourné de l'oeil. Qui me sers fort comme ça? David? Qu'est-ce qu'il lui prend? Quoi mon sang?........Ah.....oui....c'est vrai, j'ai oublié qu'il ne savait pas. Comment il pourrait l'être? Ce n'est pas comme on courrait les rues. Bon, au moins c'est dit. Je tourne donc mon regard vers Sirius, espérant qu'il a compris après ce que David a dit.

Ce que je vois dans son regard, me fait tristement soupirer. C'est justement ce que je crains le plus. Voir la peur dans les yeux du monde s'ils apprenaient qu'on existe. Je ne veux pas qu'on me voit comme un monstre. Mais qu'est-ce que je peux faire d'autre. Peut importe ce que je pourrais faire ou dire les Hommes verront en moi une abomination. Une machine dysfonctionnelle qui faut détruire à tout prix. Parce que je n'ai pas le droit d'être comme eux.

Qu'est-ce que je pourrais bien répondre de plus? Mes réponses vont-ils vraiment le calmer ou le rassurer? J'en doute.

-J'ai été libéré...libéré de ma servitude forcé, de mon programme. Et...j'ai souhaité être comme tout le monde. J'ai voulu vivre.

Pour moi, ça fait du sens, mais pour les autres, vont-ils comprendre que je puisse avoir des envies, des rêves?

Ce que je suis fatigué là...ça doit être la perte de sang...ou un mélange de plusieurs choses.